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AVIS 421 / Des vérités qui dérangent
Ajouté par Charles RAUX, LABORATOIRE D'ECONOMIE DES TRANSPORTS (LYON), 04/04/2013
Ce débat public a été d’une grande tenue, grâce notamment à la commission, et l’on peut apprécier la diversité des points de vue qui ont pu s’exprimer. On ne peut que regretter a contrario, au vu du discours final du maître d’ouvrage, que ce dernier n’ait pas varié dans son projet.

Cette position est soutenue par des croyances tenaces (ou du moins on fait semblant d’y croire).

On fait croire aux entreprises et aux pauvres automobilistes que le nouveau périphérique ouest va permettre de retrouver une fluidité de la circulation automobile, l’âge d’or mythique des années 70-80. C’est ignorer trois décennies d’accumulation de connaissances sur les comportements de mobilité quotidienne.

On fait croire que la nouvelle route à l’ouest va apporter comme par magie le développement économique, postulat battu en brèche par les résultats de recherches datant de près de quarante ans sur ce supposé lien de cause à effet.

On fait croire que ce nouveau tunnel, fluidifié du fait des impératifs de sécurité, ne va pas induire de trafic supplémentaire ni un étalement en tâche d’huile. C’est sciemment ignorer les cartes produites par le LET (cf. présentation en réunion thématique du 18 décembre 2012) qui démontrent de manière éclatante le risque d’un étalement incontrôlé, grâce à la capillarité du réseau routier et aux gains d'accessibilité spatiale aux emplois, lesquels opèrent jusqu'au delà de 50 km à l’ouest de l'agglomération.

On fait croire que le SCOT et le plan local d’urbanisme du Grand Lyon suffiront à contenir cette pression supplémentaire à l’étalement, alors que ce dernier se produira au-delà de ce territoire. Aujourd’hui, en France, plus de la moitié des logements nouvellement construits sont réalisés en individuel pur, diffus, en dehors de tout aménagement planifié.

On fait croire que les rues des communes de l’ouest lyonnais vont se retrouver allégées de leur trafic automobile, comme par enchantement. C’est bien connu, les voitures qui circulent dans ces communes viennent d’ailleurs, ce ne sont pas celles de leurs habitants !

On fait croire que l’on aura à la fois la nouvelle autoroute et un métro (!) aux Hôpitaux Sud. L’amélioration radicale offerte à la voiture dans l’ouest lyonnais plombera durablement toute velléité de développement des transports collectifs dans ce secteur.

Enfin, à l’heure où se fait plus pressante la nécessité d’une transition énergétique et écologique, comment peut-on soutenir un projet qui se contente de ne pas rajouter d’émission de carbone supplémentaire à l’horizon 2030 ? Le « Facteur 4 » est-il passé aux oubliettes ou alors le secteur des transports n’est pas concerné ?

La solution à la nécessaire requalification de l’axe autoroutier A6/A7 et au développement de l’écoquartier de la Confluence n’est pas simple. Elle mérite certainement autre chose qu’un projet dont on ne sait pas quelle richesse nette il apporte à la collectivité, néfaste pour l’environnement et coûteux pour le contribuable lyonnais.


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Le débat s'est terminé le 05 avril 2013, cette fonctionnalité n'est plus active














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Commentaires

Merci Monsieur Raux
Ajouté par Georges CHICH, CADO (OULLINS), le 05/04/2013

Ton intervention est tout à fait juste et souligne l'incapacité du Président du Grand Lyon à moduler en conclusion son discours d'ouverture du débat. Je suis d'accord avec toi pour remarquer que le débat a été bien tenu et je regrette seulement que dès que les avis autorisés, les tiens, ceux de TTK, divergeaient de la position du maître d'ouvrage, ils étaient relativement ignorés, voire mis en doute par toute une série d'intervenants, élus ou techniciens, dont le dernier est le directeur du SEPAL.
Un débat de cette qualité laissera cependant trace de l'intérêt porté par une grande diversité de personnes, quelle que soit la décision qui sera prise in fine.
D'accord avec toi pour regretter que l'occasion d'avancer de façon exemplaire devant les générations qui montent ne puissent être prise par ceux qui détiennent le pouvoir. Serait-ce une fatalité ? Ou doit-on penser le pouvoir désormais d'une autre façon ?
La ville progresse si lentement, hélas !


Ce sont effectivement les croyances qui nous gouvernent !
Ajouté par Fabien BAGNON (SAINT-GENIS-LAVAL), le 06/04/2013

Monsieur Raux,

Je partage pleinement votre analyse.
Le parti pris du Grand Lyon et ses justifications du projet routier, reposent essentiellement sur des croyances collectives bien encrées, bien éloignées de la rationalité et le pragmatisme dont nos élites se réclament sans cesse.
Ces croyances sont constitutives de nos sociétés même modernes : elles sont la partie consciente de la masse des habitudes qui nous animent.
Réévaluer ses croyances est un travail salvateur mais ardu pour le citoyen comme pour l'expert . Il passe par un accès à la ''connaissance directe'', différente des témoignages médiatisées plus ou moins accessibles. Cette démarche nécessite d'enquêter autant que possible, de croiser les sources pour contrecarrer l'usage souvent fallacieux des statistiques.

C'est tâche de longue haleine est favorisée par toutes les tentatives de démocratie participative telles que les débats publics ou autres conseils de développements.
Le siècle des Lumières nous a laissé de belles marges d'améliorations. Si l'on accepte de considérer lucidement l'urgence climatique et environnementale, il devient indéniable que l'humanité doit maintenant presser le pas dans son évolution.

Sincères salutations citoyennes,
Fabien Bagnon