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Question 61 - Incidence du niveau de péage sur le trafic
Posée par Jean MURARD [DÉPLACEMENTS CITOYENS], (LYON 4), le 12/12/2012

1. Les développements figurant à la question 60 sur la crédibilité du trafic ont pris pour hypothèse que le péage au km serait équivalent sur le TOP à celui en vigueur sur TEO en 2011.

Rappelons que les recettes TEO de 2011 ont été de 32 millions pour 17,59 millions de véhicules en 2001 sur sa partie payante, soit un péage moyen de 1,82 euros (Source : rapport du délégataire pour le Boulevard Périphérique Nord présenté à la CCSPL du Grd Lyon le 27 sep 2012). Ce niveau de péage moyen étant la résultante d’un péage de 2 euros pour les non abonnés et d’un péage inférieur pour les abonnés. Remarquons au passage que la circulation sur les parties non payantes aux deux extrémités de l’ouvrage est beaucoup plus élevée que les 48 200 véhicules par jour constatés en moyenne sur sa partie payante.

2. Or, le niveau de péage n’est pas neutre selon qu’on se situe à un niveau de 0,18 au km comme celui de TEO (les 1,82 de péage moyen divisé par les 10 km de l’ouvrage) ou que l’on prenne d’autres hypothèses :

A l'occasion de la question 60 nous avons avancé qu’à péage équivalent TEO, l’utilisation du TOP, serait, compte tenu de son utilité intrinsèquement moins grande, beaucoup plus faible que celle de TEO. Au moins d’un tiers avons-nous avancé. Si l’on s’en tient à cette estimation, cela nous conduirait à un trafic des deux tiers de 48 200, soit d’environ 32 000 personnes en moyenne sur la totalité des 15 km.

A. Si l’utilisation de l’autoroute était gratuite pour l’usager (c’est-à-dire en totalité à la charge du contribuable), le succès du TOP serait alors supérieur à celui de TEO , toutes choses étant égales par ailleurs. Et peut-être pourrait-on se rapprocher des 48 000 passagers de TEO. Mais l’on serait dans une logique, impensable aujourd’hui, de dégradation de la dette publique (cf. données financières Déplacements Citoyens pour atelier du 5 décembre 2012), de gaspillages d’énergie d’origine fossile, de pollution croissante, de progression des émissions de CO2.

B. Si le coût de l’autoroute était totalement à la charge de son utilisateur, le couple péage/fréquentation serait totalement insoutenable. Même en prenant l’hypothèse irréaliste d’un trafic de 32 000 personnes/jour, soit environ 11,7 millions de passages par an, et compte tenu d’un déboursé annuel par les collectivités locales de l’ordre de 164 millions par an (cf. données financières Déplacements Citoyens pour atelier du 5 décembre 2012), cela conduirait à un péage moyen d’environ 14 euros pour les 15 km ! (164 millions d’euros divisé par 11,7 millions de passages). Dans ce scénario, l’ouvrage aurait toutes les chances d’être quasiment déserté, et il ne resterait plus au maître d’ouvrage que les annuités d’emprunts à rembourser et les yeux des contribuables pour pleurer.

C. Si le choix était de ne faire prendre par l’utilisateur que la moitié des déboursés, et par les contribuables l’autre moitié, et que l’on garde encore l’hypothèse optimiste d’un trafic de 32 000 personnes par an, le déboursé annuel par les collectivités locales serait de l’ordre de 82 millions par an au lieu de 164 millions et le péage moyen de 7 euros au lieu de 14, soit 0,46 pour chacun des 15 km à franchir (au lieu de 0,18 par km pour TEO). Un tel tarif resterait dissuasif pour une grande partie des utilisateurs potentiels, et ce scénario ne serait pas davantage viable.

Question au maître d’ouvrage :

Pourquoi le dossier du maître d’ouvrage est-il quasiment muet sur ces questions essentielles de fréquentation, en fonction de la politique de péage retenue ? (peu importe à cet égard que l’ouvrage soit concédé ou non)

Quel est le contenu des études qu’il a réalisées à cet égard ?

Quelles observations a-t-il à formuler sur les développements qui précèdent ?

Voir aussi Avis 99



Associé à Coût et financement; Péages
La réponse du maître d'ouvrage, le 01/02/2013

Monsieur,

Le dossier du maitre d’ouvrage est un dossier à destination du grand public. Les études détaillées, notamment sur la thématique de la tarification, sont consultables dans les locaux de la CPDP.

Les études de tarification et de sensibilité au péage pour le projet Anneau des Sciences sont basées sur les tarifs appliqués sur le périphérique Nord de Lyon.

En 2010, le coût unitaire du passage était de 1.8€ et la recette perçue par usager de 1.5€, soit un abattement de 20% pour tenir compte des abonnements. Le BPNL a une longueur totale d’environ 10km dont uniquement la moitié est payante. Rapporté à la longueur totale de l’infrastructure (de Valvert à Croix-Luizet), le coût kilométrique moyen (abonnements inclus) est donc de 0.15€/km. En revanche, le prix étant forfaitaire, un usager réalisant un trajet entre porte de Vaise et porte de St-Clair payera aussi 1.5€ pour réaliser 6km, soit un coût moyen de 0.25€/km. De même un usager réalisant un trajet entre porte de Rochecardon et porte de St-Claire payera aussi 1.5€ pour réaliser 4km, soit un coût moyen de 0.38€/km.

Pour le projet Anneau des Sciences, le coût kilométrique a été calculé sur la base du coût kilométrique moyen par passage sur le BPNL en 2010. Ce coût a été rapporté à la longueur totale de l’infrastructure BPNL (de la porte du Valvert à la porte de Croix-Luizet), et non pas à la seule section payante. Il intègre un abattement lié aux abonnements.

Ce coût kilométrique, pour l’Anneau des Sciences (abonnements inclus), est ainsi d’environ 0.2€/km, soit un peu plus de 2€ pour parcourir la totalité de la nouvelle liaison.

Des tests de sensibilité ont ensuite été réalisés pour obtenir le tarif optimal. La page 121 du dossier du maitre d’ouvrage met en lumière ces éléments :

- Plus le péage est élévé, moins il y a d’usagers sur l’infrastructure.
- Entre 0.20 €/km et 0.40 €/km le trafic ne baisse que de 10 à 15%.
- Entre 0.4 €/km et 0.5 €/km la baisse du nombre d’usagers est tout juste compensée par l’augmentation du tarif.
- Au-delà de 0.5 €/km la baisse du nombre d’utilsateurs est plus forte que l’augmentation du prix et les recettes globales baissent.

Ce raisonnement corroborent bien vos propos.

En réponse à votre demande d’observations sur les développements que vous avez formulés, il convient d’apporter les précisions suivantes :

- Le calcul que vous réalisez multiplie les chiffres de trafic par 365 jours, alors que les chiffres du Maitre d’ouvrage, correspondent à une moyenne des jours ouvrés (les vacances scolaires, les jours féries et les we ne sont pas inclus).
- Seuls 10km de l’Anneau des Sciences sont à péage sur les 15 kms. En effet, les sections Porte de valvert - Porte des 3 renards et Porte de la Saulaie - porte de saint Fons serontt gratuites.
- Le raisonnement qui consiste à diviser le montant à la charges des collectivités par le nombre de passages pour aboutir à un coût de 14 euros ne correspond pas à la charge de péage souhaitable. En effet, à de tels niveaux de tarif, le trafic chuterait encore et il ne serait donc pas possible de lever 164 millions d’euros, comme le montre le graphique de la page 121. Il n’est donc pas possible de réaliser le projet uniquement à la charge des usagers de l’infrastructure.

En conclusion, il ressort de cette étude de tarification que le tarif du péage optimal pour l’Anneau des Sciences se situe autour de 0.4 euros/km. Bien sûr, ces calculs ne se subsituent pas à une décision politique de répartition de coût entre  les contribuables et les usagers mais les éclairent.