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QUESTION 746 - et après ?
Posée par françoise THOREL [L'organisme que vous représentez (option)], (ROUEN), le 14/12/2013

comment se comporteront ces déchets ultra dangereux dans des centaines d'années ? comment laisser la trace pour les générations à venir, comment feront les populations locales quand les nappes phréatiques seront contaminées?

Réponse du 16/01/2014,

Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :

Comment laisser la trace pour les générations à venir ?
L’objectif fondamental de Cigéo est de protéger l’homme et l’environnement des déchets radioactifs sur de très longues échelles de temps. La sûreté à long terme du stockage doit être assurée de manière passive, sans dépendre d’actions humaines. Cela repose notamment sur le choix du milieu géologique et sur la conception du stockage. C’est une des raisons qui a conduit, en 2006, le Parlement à retenir la solution du stockage profond. En effet, cette solution reste sûre à long terme, même en cas d’oubli, contrairement à l’entreposage. En cas de perte complète de la mémoire du stockage, une intrusion inopinée à 500 mètres sous terre apparaît peu plausible, du moins sans un minimum d’investigations préalables. L’Andra évalue cependant par précaution dans son analyse de sûreté les conséquences d’un forage à travers le stockage pour vérifier que le stockage resterait sûr.

Malgré cette robustesse du stockage même en cas d’oubli, l’Andra conçoit Cigéo avec l’objectif d’en conserver la mémoire et de la transmettre aux générations futures le plus longtemps possible. Des solutions d’archivage de long terme existent pour les centres de stockage de surface exploités par l’Andra et font l’objet de revues périodiques. Le retour d’expérience montre que ces solutions paraissent robustes pour au moins les 500 premières années. Ainsi, pour Cigéo, l’Andra prévoit qu’un centre de la mémoire perdurera sur le site. Il pourra accueillir le public et comprendra notamment les archives du Centre. De manière générale, le maintien de la mémoire doit aussi impliquer les acteurs locaux, qui peuvent prendre le relai en cas de défaillance de l’Andra ou de l’État. L’Andra veille d’ores et déjà à les informer sur les enjeux associés à la mémoire et étudie avec des anthropologues, des philosophes ou encore des artistes les facteurs qui peuvent favoriser la transmission de la mémoire. La surveillance du site contribuera également au maintien de la mémoire du stockage, aussi longtemps que les générations futures décideront de la poursuivre.

En tout état de cause, comme il est impossible de garantir notre capacité à communiquer avec des êtres vivant dans plusieurs milliers d’années, c’est chaque génération qui aura la responsabilité de contribuer à transmettre cette mémoire aux générations suivantes.

Comment se comporteront ces déchets ultra dangereux dans des centaines d'années ? comment feront les populations locales quand les nappes phréatiques seront contaminées?
On trouve plusieurs nappes d’eau souterraines dans le sous-sol du site retenu pour Cigéo, à différentes profondeurs. La plus en surface est la nappe phréatique présente dans les calcaires du Barrois, reposant sur une couche de roche imperméable située seulement à quelques dizaines de mètres sous le sol. D’autres nappes sont présentes dans des formations calcaires plus profondes. Moins accessibles, offrant des caractéristiques moins intéressantes, elles ne sont pas exploitées localement. Mais en termes de sûreté, l’Andra y accorde la même attention que pour la nappe phréatique (car elles sont exploitées ailleurs dans le bassin parisien, à plusieurs kilomètres ou dizaines de kilomètres de là).

Outre le confinement de la radioactivité assuré par la couche d’argilite, l’Andra a prévu des dispositions spécifiquement destinées à protéger ces nappes d’eau souterraines, notamment :

  • En surface, les installations nucléaires de Cigéo seront implantées bien au-dessus du niveau de la nappe phréatique en cas d’une éventuelle remontée exceptionnelle du niveau de celle-ci. Les installations seront protégées (rabattement des eaux, étanchéité des bâtiments…) conformément à la réglementation.
  • Au niveau des infrastructures reliant l’installation souterraine à la surface (descenderies, puits), il est prévu de mettre en place un dispositif d’étanchéité au niveau des ouvrages qui traverseront les nappes phréatiques souterraines de manière à bien isoler physiquement celles-ci de l’installation.
  • Le génie civil intègre aussi dans sa conception la mise en place d’un drainage permettant d’assurer une collecte et un suivi des eaux collectées dans un réseau prévu à cet effet, faisant l’objet d’entretien et de mesures périodiques. La collecte s'effectue par des goulottes intégrées et déployées sur tout l'ouvrage souterrain.

Ce ne sont que quelques-unes des dispositions visant à confiner la radioactivité des déchets.

Après la fermeture du stockage, au-delà de la durée de vie des ouvrages industriels, la couche d’argile très peu perméable, de plus de 130 mètres d’épaisseur, dans laquelle sera installé le stockage souterrain, servira de barrière naturelle pour retenir les radionucléides contenus dans les déchets et freiner leur déplacement. Le stockage permet ainsi de garantir leur confinement sur de très longues échelles de temps. Seuls quelques-uns de ces radionucléides, les plus mobiles et dont la durée de vie est longue, pourront migrer de manière très étalée dans le temps. Ils ne sortiraient pas de cette couche avant 100 000 ans et atteindraient en quantités extrêmement faibles la surface et les nappes phréatiques. Leur impact radiologique serait alors plusieurs dizaines de fois inférieur à la radioactivité naturelle (qui est de 2,4 mSv par an en moyenne en France).

Dans une démarche prudente, l’Andra dans son évaluation d’impact sur l’homme et l’environnement à long terme suppose que les eaux de ces couches pourraient être captées par forage et utilisées pour des usages du type de ceux qui peuvent être pratiqués aujourd’hui (jardin, boisson, abreuvement des animaux). Les études montrent que, même dans ce cas, l’impact du stockage reste inférieur aux normes réglementaires imposées par l’Autorité de sûreté nucléaire et ne présente pas de risque pour la santé.

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