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AVIS
GDF-Suez et ses actionaires
par Etienne ROBERT-DEHAULT (ST DIZIER (52))
Au cours de ce débat, beaucoup de participants se sont inquiétés de voir le patrimoine du Tréport et de sa région, ainsi que ses activités, sacrifiés sur l'autel de l'actionnariat de GDF-SUEZ. On reproche à cette société de détruire la pêche, de s'accaparer les espaces maritimes, d'anéantir le tourisme et le patrimoine immobilier dans le but d'engranger des profits 'mirifiques' (les superlatifs ne manquent pas) au profit de ses actionnaires. On les imagine riches, malfaisants, cupides, en bref, la parfaite illustration du capitaliste pour le NPA. Mais en fait, qui sont-ils?

Le premier de ces actionnaires est... l'État. Il détient 35% des parts, plus une part non négligeable de 1,7% détenue par la caisse des dépôts et consignations. On trouve aussi les salariés, qui détiennent 2,8% des parts, et un très grand nombre de petits porteurs qui détiennent... PLUS DE LA MOITIE des parts ! Ces petits actionnaires ne se présentant jamais aux AG, c'est donc l'État qui a la haute main sur le conseil d'administration.

Voici donc les bénéficiaires des profits 'mirifiques' (en fait des dividendes) de cette société de droit privé : l'État (et à travers lui, la collectivité) et le grand public, des gens ordinaires qui ont placé leurs économies en actions plutôt que dans un livret A. Les grands investisseurs institutionnels (banques, assurances...) ne détiennent que 10% du capital !

Contrôlée par l'État, détenue par le grand public... c'est précisément la solution que préconisent certains participants pour le développement du parc éolien. Je me permets d'ajouter que tout le monde peut être actionnaire, il suffit d'avoir quelques sous de côté, alors qu'il est beaucoup plus difficile d'investir dans l'immobilier au Tréport. Qui sont donc les capitalistes rapaces ?

Un mot sur les accapareurs : les pêcheurs s'opposent au projet, arguant que le parc, une fois construit, les empêcherait de travailler. Pourtant, celui-ci n'occupera qu'une petite partie des territoires de pêche. Qui s'accapare les espaces ? Ceux qui n'en demandent qu'une petite partie, ou ceux qui refusent d'en céder la moindre parcelle ? J'ajoute que si l'on considère une durée de vie du parc de 20 ou 30 ans, il sera encore en service au moment où le fuel sera si cher et le poisson si rare que le moindre merlan sauvage sera devenu un luxe inaccessible.

Pour conclure, il est bien évident que toutes les précautions doivent être prises pour minimiser l'impact du parc sur les activités existantes. Nous avons, en Europe, une certaine expérience des parcs off-shore. Le retour de ces expériences ne laisse entrevoir aucune catastrophe comme celle que certains nous prédisent. Il n'y a donc aucune raison sérieuse de l'empêcher d'être construit. La collectivité bénéficiera des emplois, des revenus de l'activité ainsi que, bien entendu, de l'électricité produite.