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Avis n°28

Sur notre avenir énergétique et les raisons pour lesquelles je suis favorable au projet

Ajouté par Romain BAUDEIX (Le Mans), le
[Origine : Site internet]

Bonjour,

Pour commencer, un petit topo sur la situation énergétique (plutôt électrique) en France : 58 réacteurs nucléaires construits dans les années 70.

Leur durée de vie a été fixée entre 35 et 40 ans (celle-ci est basée sur les microfissures de la cuve du réacteur qui se forment inévitablement par les radiations nucléaires). Il faudrait donc les remplacer très vite, car on va d’ici 5 ans dépasser toutes les durées de vie prévues.

Pour cela, il était prévu de lancer l’EPR (générateur de génération 3) en 2010 : il aurait tourné pendant 5 ans durant lesquels les chercheurs auraient pu étudier les problèmes et faire des optimisations. Au bout de ces 5 ans d’expérimentation (donc en 2015), il était prévu de lancer massivement le remplacement des réacteurs en France par des EPR si l’expérimentation s’avérait concluante, et donc en 2020-30 on aurait un parc nucléaire tout neuf et opérationnel pour 40 ans.

Manque de bol, on est déjà en 2015 et l’EPR est très loin d’être mis en marche (surtout que sa cuve, qui je le rappelle définit la durée de vie de la centrale, a un défaut de conception) et niveau bilan financier ce n’est pas glorieux.

Les solutions (au choix) :

- On prolonge la durée de vie des réacteurs actuellement en fonctionnement (en misant sur le fait que s’ils n’ont pas pété dans leur 40 premières années, il n’y a pas de raison qu’ils nous lâchent maintenant) et on lancera les EPR quand on le pourra (et on démantèlera jamais les anciennes vu que les anciens d’EDF qui ont construits les centrales seront tous partis)

- On fait comme nos potes allemands et chinois, on remplace avec du charbon. Sauf que le charbon on en a plus et ça émet plein de cochonneries comme le CO2. Note : La conférence climat à Paris à la fin de l’année doit absolument faire grimper le prix des quotas d’émission de CO2 si on veut limiter le désastre. Du coup les centrales à charbon vont couter cher (le gaz aussi).

- On fait tout au renouvelable, on déploie du solaire, de l’éolien, de l’hydrolien, de la biomasse... Ça impose d’en mettre partout (notamment en mer), de repenser la gestion des réseaux (bonne chance pour faire accepter ça à EDF…), et de trouver un mode de stockage à grande échelle. D’après l’ADEME c’est théoriquement faisable en 2050 d’atteindre 100% renouvelable.

- On diminue la consommation en France. On rénove tous les logements (ça coûte cher), on promeut les équipements peu énergivores, et on change nos habitudes de consommation (que personne n’est prêt à faire).

- On ne fait rien. On s’en fout. Ce n’est pas notre problème, on laisse les décideurs choisir parmi les choix précédents).

Ce qu’on peut réellement faire : un mix des différentes solutions. On déploie les renouvelables, on adapte le réseau électrique, on diminue les consommations, on tente aussi de lancer la filière EPR pour garder un approvisionnement de base, on s’interconnecte encore plus avec nos potes européens pour gérer les pics et les creux de consommation et de production, et on utilise nos barrages pour gérer l’intermittence.

POUR LE PROJET DU TREPORT :

Tout dépend de comment on se place. Soit on se place du côté des pêcheurs qui risquent de perdre de l’activité, soit on se met du côté des riverains qui trouvent que c’est moche (très subjectif, de plus quels équipements électriques ne sont pas « moches » ? Les cheminées, les tours de refroidissement, les barrages, les pylônes, les postes de transmission ?), soit on se met du côté des gens qui s’en foutent du moment qu’ils ont de l’électricité et du poisson à volonté…

Ou alors on prend conscience des enjeux énergétiques cités plus haut et de la problématique nationale pour la transition énergétique et on dit ok au projet, non pas pour sa seule contribution pour l’approvisionnement électrique national qui est certes modeste, mais pour sa valeur symbolique : c’est un projet pionnier parmi de nombreux qui sont appelés à voir le jour dans les années à venir et qui marquent la prise de conscience de notre génération pour la pérennité de ceux qui nous succèderont. La diminution des activités de pêche dans cette zone est malheureusement le prix à payer… Cependant, d’après les retours d’exploitation des parcs offshore à l’étranger, les zones dans lesquelles se trouvent les éoliennes permettent le développement des populations de poissons qui y sont à l’abri des pêcheurs, lesquels se placent alors en périphérie du parc pour les y attendre.

CONCLUSION :

Dans 30 ans, que répondrez-vous à vos enfants quand ils vous demanderont : « pourquoi je n’ai pas eu le droit à la même qualité de vie que vous ? Et toi tu as fait quoi pour que ça n’arrive pas ?»

2 réponses au choix :

« J’ai dit non à un projet durable qui n’émettait ni CO2, ni déchet radioactif, et qui ne présentait pas de risque technologique majeur. Tout ça parce que je le trouvais moche et qu’il embêtait des gens qui pensent avoir le monopole de l’utilisation des ressources de la mer ».

Ou

« J’ai fait un acte citoyen : j’ai donné mon accord personnel pour un projet national qui avait été durement contesté par une minorité mais qui a abouti et a contribué modestement mais certainement à une démarche mondiale et solidaire afin que tu aies une chance de vivre dans les meilleures conditions possibles ».

Commentaires

Je suis tout à fait du même avis que vous.

Je vous rejoins sur votre analyse. Il est grand temps de changer de comportement et de pouvoir donner à nos enfants une bonne qualité de vie. Arrêtons d’être rétrogrades et allons de l'avant !

Pour vous, pour nous, pour nos enfants !