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Question n°117

Association des marins pêcheurs de l'île d'Yeu

Ajouté par Anonyme, le
[Origine : Courrier]

Monsieur le Président,

En réponse à Monsieur Taraud Eric, patron pêcheur lors de la réunion publique du 21 juillet 2015 à l'île d'Yeu sur le plan de câblage en quinconce et sur le fait que les marins pêcheurs ne puissent pas travailler dans le futur parc à cause des enrochements au-dessus des câbles, le consortium a répondu:

"C'est une possibilité" "Nous avons fait le choix de mettre les éoliennes en quinconce pour des raisons de productivité" "On a commencé par répondre à une demande du cahier des charges qui était d'optimiser le câblage" "Mais je vous le redis, notre choix, il a d'abord été de répondre au critère du cahier des charges qui demandait d'optimiser le câblage".

Nous sommes surpris de ces déclarations qui sont de notre point de vue mensongères. Certes le grand public, qui n'a pas connaissance du détail du cahier des charges de l'appel d'offres peut se laisser abuser. Ce n'est pas notre cas. En l'occurrence, le cahier des charges auquel vous faites référence est très clair:

La seule condition sur le câblage dans le cahier des charges est à notre connaissance de "minimiser les traversées de câbles entre les lignes d'éoliennes".

Les deux questions auxquelles nous attendons une réponse claire sont simples:

1- Pouvez-vous nous indiquer l'endroit du cahier des charges ou l'Etat demandait au consortium d'optimiser son câblage tel que vous le dites?

2- Nous avons une parfaite connaissance du plan de câblage des autres projets de parcs éoliens offshore en Manche et en Atlantique, via le comité national des pêches maritimes. Nous constatons que tous respectent le principe demandé dans le cahier des charges. Alors pourquoi l'avoir fait ailleurs et pas chez nous? Est-ce que ce sont les autres projets qui ne respectent pas le cahier des charges?

De plus, à la déclaration de Monsieur Eric Taraud, "Quand bien même l'Etat autoriserait le maintien des arts dormants dans le parc, nous ne pourrons pas travailler"

Le consortium a répondu:

"Le sujet du câblage sera examiné avec les pêcheurs professionnels à partir de septembre" "Nous identifierons les impacts, nous essaierons de les réduire" "Si ce n'est pas possible, on les compensera. Il y a d'autres espèces de poissons. Les pêcheurs devront faire évoluer leurs pratiques".

Notre question est simple: quelles sont ces nouvelles espèces de poissons encore inconnues des marins-pêcheurs?

 

En conclusion, nous affirmons que ce n'est pas à nous de nous adapter ou de faire évoluer nos pratiques de pêche. C'est au consortium de s'adapter aux activités existantes. Même si aujourd'hui la fréquentation du site n'est pas aussi importante que par le passé, il ne faut pas occulter le devenir de la pêche dans le futur. Ce parc éolien aura une durée de vie très longue. Si notre préoccupation actuelle est de préserver nos intérêts, notre responsabilité première est de penser aux générations futures de marins-pêcheurs qui devront travailler au sein du parc!

 

Merci.

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Messieurs,

Le cahier des charges attire l’attention du candidat sur certaines caractéristiques de la zone et permet de le guider lors de l’élaboration de son offre. Ajoutées aux autres contraintes du site, le candidat a ainsi pris en compte ces caractéristiques pour l’implantation des éoliennes et du schéma de câblage.

C’est ce qui a été fait pour le projet. Ainsi, le projet d’implantation des éoliennes, à l’intérieur de la zone définie par l’Etat, a été élaboré par le maître d’ouvrage en concertation, entre autres, avec les professionnels de la pêche.

Il prévoit :

  • la réduction du nombre d’éoliennes grâce au choix d’une éolienne de 8 MW ;
  • un espacement entre les éoliennes implantées en quinconce, éloignées de 1 200 à 1800 mètres les unes des autres ;
  • l’absence d’éoliennes à l’ouest du Toran 483 pour tenir compte de la pratique d’art trainant dans cette partie de la zone. Ces arts étant absents du reste de la zone d’implantation ;
  • une disposition des éoliennes en parallèle, le long de « couloirs » de 900 mètres alignés dans le sens du Toran 500.

Ces choix reposent sur la combinaison d’aspects techniques, environnementaux, économiques et de prise en compte des activités préexistantes.

Chaque schéma de câblage d’un parc éolien offshore est différent et dépendant de la conjonction de nombreuses contraintes. Si vous citez le cas des parcs éoliens de la Manche et de l’Atlantique, de nombreux parcs éoliens offshore ont des schémas de câblage avec des éoliennes en quinconce, voire disposées de façon aléatoire (Thanet, London Arrey, Gunfleet Sands en Angleterre). Il en va de même pour les schémas de câblage qui ne sont souvent pas parallèles aux éoliennes.

S’agissant du parc éolien des îles d’Yeu et Noirmoutier, ces principes d’implantation du projet, ainsi que le schéma de câblage envisagé à ce stade, ont été présentés à plusieurs reprises au Comité régional des pêches et élevages marins :

  • Sur l’île de Noirmoutier  le 29 novembre 2013, le 21 avril 2015
  • Sur l’île d’Yeu le 20 mars 2015
  • Lors de réunions des Groupes de Travail Pêche de l’instance de concertation, en particulier lors d’une réunion tenue le 11 septembre 2014 à la Barre de Monts, en présence des représentants des pêcheurs de l’île d’Yeu et de l’Etat.

S’agissant du plan de câblage, la majorité des pêcheurs présents y ont indiqué que ce schéma leur convient (arts dormants, habitudes de travailler dans un secteur enroché etc.).

Le prochain groupe de travail Pêche de l’Instance de Concertation et de suivi à la Barre de Monts, qui se réunira le 25 septembre prochain, portant entre autres sur le schéma de câblage, sera l’occasion pour les professionnels de la mer d’échanger une nouvelle fois avec les représentants de la maîtrise d’ouvrage (équipe technique et développement) sur les solutions techniques possibles à ce jour, notamment en matière de schéma de câblage.

L’ensemble des choix techniques, comprenant le schéma d’implantation, devra ensuite être confirmé par le porteur de projet à la fin de la période dite de « levée des risques », soit en juin 2016 [1], en fonction des résultats des études en cours, notamment de caractérisation de site (sous-sol, vent, données météocéaniques) et de la concertation en cours.

Enfin, si le projet se poursuit, ses effets sur les activités existantes, notamment l’activité de pêche, seront analysés et évalués au sein de l’étude d’impact. Dans ce cadre, sera également étudié l’effet récif possible des fondations.

Comme la réglementation le prévoit, le maître d’ouvrage proposera, si les résultats de l’analyse le justifient, des mesures pour éviter, réduire et compenser les impacts du projet. Ces mesures seront définies en concertation avec les acteurs concernés, notamment pour la pêche.


[1] Conformément au cahier des charges de l’appel d’offres.