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Avis n°154

Garantir des espaces pour les activités portées par des créateurs du territoire, et des emplois

Ajouté par Almamy KANOUTé (Fresnes), le
[Origine : E-mail]

Europacity fait penser à un projet faramineux qui ne s'adresse pas vraiment aux couches populaires du 93 et du 95. Ce sera un lieu d'attraction pour qu'une certaine classe sociale consomme à outrance, avec aucune cohésion sociale, aucun souci de vivre-ensemble.

Il y aura certainement d'une manière ou d'une autre un flicage à l'entrée, un peu comme à l'entrée des boites de nuit, et d'une manière ou d'une autre, il y aura de la discrimination dans l'accès au site.

Pour ce qui concerne la culture à Europacity, j'ai bien peur que ça s'apparente à ce qu'on connait déjà : les « colons culturels ». Comme par exemple au 104 à Paris, où les danseurs hip-hop ont fini par être virés.
Ici c'est du privé, donc peut-être que ça peut marcher mieux que dans le public, mais je ne'y crois pas trop car c'est surtout du marketing, il n'y a pas de souci de la convivialité et du vivre-ensemble, il n'y a pas de volonté là dessus.

Pour donner un exemple dans une ville du 94 en 2005, il y avait un projet « citoyenneté » avec la mise en place d'un débat public organisé par la ville. Une grande soirée de clôture a été organisée avec les élus de la ville, plusieurs idées ont émergé, la municipalité a récupéré deux idées : la création d'un site internet et surtout la création d'un service jeunesse. Le service jeunesse n'a duré que 3 ans : ce n'était de la part de la municipalité qu'électoraliste.
Sur ce projet, on a certainement la même démarche : on demande l'avis des gens, mais c'est comme pour une campagne électorale, on veut juste faire rêver les gens mais il n'y a que désillusions qui les attendent. Comme les élus, ce genre d'entreprises sont dans le calcul perpétuel quand ils demandent l'avis des gens, ils n'agissent pas du tout dans l'intérêt général, ils veulent juste une adhésion la plus large possible à un moment donné pour se placer ou placer leur projet, et puis basta. On n'est pas dupes. A force, on n'est plus dupes.

Si je devais poser une condition à ce projet ce serait l'obligation d'une convention avec les associations et les entrepreneurs sur le territoire pour garantir des espaces pour les activités portées par des créateurs du territoire, et des emplois. Conventions avec des garanties contraignantes. Il n'est pas trop tard pour associer étroitement les associations et les acteurs de terrain.
Pour ce qui concerne ce qu'il faudrait mettre en place en termes de formation, attention à ne pas privilégier les formations sur un emploi précis, il faut des formations à la polyvalence, apprendre aux gens, aux jeunes en particulier, la diversité, l'adaptabilité, l'ouverture.
Après c'est le travail des élus, le rapport de force qu'ils se doivent d'imposer au porteur du projet Europacity : par exemple imposer au recruteur un pourcentage de chômeurs à recruter sur telle ou telle ville. C'est une question de volonté de la part des élus. Et c'est pour ça que je n'y crois pas trop, car ça fait longtemps que les élus en place ne font plus preuve de volonté face aux promoteurs et aux grandes entreprises quand il s'agit du bien commun et de l'intérêt général.

Pour ce qui concerne les pistes de ski, on n'a pas les moyens d'être écolos, nous on a des gamins qui ne peuvent pas aller au ski donc ce serait super pour eux. Mais attention à ne pas reproduire les tarifs de l'Aquaboulevard qui sont excessivement élevés.

 

Almamy Kanouté, membre fondateur de Rezus (« Réseau des zones urbaines sensibles »)