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Les avis reçus par la CPDP seront consultables sur le site de la Commission et figureront dans les archives du débat

Thème séléctionné : L’hydrologie

Avis n°22 de : DUBOIS Jacques-  76310 SAINTE ADRESSE - le 07/01/2010

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Avis n°26 de : MALVAUD Frédéric - le 14/01/2010

Un projet du Grand Port Maritime du Havre (GPMH) de prolongement du grand canal maritime fait l’objet en ce moment d’une procédure de débat public.


Je tiens à vous exprimer mon avis défavorable. En effet, le Conseil scientifique a mis l’accent, lors de la procédure d’élaboration du nouveau plan de gestion, sur la dégradation  de l’estuaire comme milieu naturel.


Nous avons ainsi insisté sur la continentalisation de l’estuaire et l’artificialisation en cours et ses conséquences graves sur la biodiversité, mais aussi sur les fonctionnalités écologiques qui caractérisent les habitats estuariens. Notre avis a largement été repris par les Conseils Scientifiques Régionaux du Patrimoine Naturel (CSRPN de Haute et Basse Normandie) ainsi que par le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN).


Le projet en discussion de prolongement du grand canal et d’extension des infrastructures portuaires menace, quel que soit le tracé proposé, la zone de la « Mare plate », par destruction directe ou par modification incontrôlable de son fonctionnement hydraulique. 


Il est remarquable de constater que le GPMH envisage comme mesure « compensatoire » au prolongement du canal un projet de « contre-canal » qui aurait comme conséquence première (s’il n’est pas totalement inefficace) une artificialisation supplémentaire du fonctionnement biologique de l’estuaire.


L’impact du projet sur la biodiversité sera encore accentué par les incertitudes mises en évidence dans une étude hydraulique dont les données de base (conduites sur quelques mois) ne permettent pas d’appréhender la réalité. En outre, nous n’avons même pas de topographie précise de l’estuaire et le niveau d’incertitude sur les conséquences hydrauliques du projet (plusieurs dizaines de centimètres de hauteur) est exactement celui de la lame d’eau de surface qui permet l’expression de la biodiversité. Le prolongement du canal va aussi complètement modifier la circulation des espèces sans que l’on puisse encore une fois maîtriser les conséquences. Plus généralement l’estuaire de la Seine multiplie les exemples de mesures compensatoires (Pont de Normandie, Port 2000, réfection des digues par le GPMR) qui se soldent par des échecs dès lors qu’il s’agit de préserver les habitats aquatiques et leur rôles écologiques avérés. Non seulement les mesures compensatoires ne compensent aucunement la situation initiale, mais elles ne sont pas pérennes ni sur le plan hydrologique, ni sur le plan écologique.


Cette zone de la « Mare plate » aurait dû depuis longtemps être inscrite dans le périmètre de la ZPS et de la Réserve naturelle. Sa richesse est exceptionnelle et interfère évidemment avec les zones classées, tant en terme de populations d’espèces (faune et flore) que de fonctionnalité biologique.


Son altération aura des incidences importantes sur la Réserve naturelle et sur la ZPS.


Avant qu’une décision soit prise, il est nécessaire de disposer d’études (inexistantes à ce jour) sur des projets alternatifs :


-          Au prolongement du canal (aménagement du canal de Tancarville).


-          Au projet d’extension des infrastructures portuaires (sites alternatifs).


L’écosystème estuarien n’a pas besoin d’autres infrastructures (après le Pont de Normandie et Port 2000), mais bien au contraire d’un plan de restauration.