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DEBAT AVEC LA SALLE

Question de la salle 1

Thématiques : amélioration de l’existant

 

Thomas AMBLARD, usager : usager quotidien du Transilien R, des métros 14 et 8, pour aller dans le 15e arrondissement de Paris. Je suis originaire de Dammarie-les-Lys, juste à côté d’ici. Moi, ma question va être très simple. Mais j’ai juste trois points à développer avant de poser ma question.

Le premier est qu’il y a une constatation qui est faite par tous, que nous soyons de Mantes-la-Jolie, de Chelles, de Maisons-Alfort, peu importe. L’usager a de moins en moins envie d’être considéré comme du bétail. Plus cela avance au fil du temps, plus l’usager est considéré comme du bétail. Je ne fais aucune distinction entre la SNCF, la RATP ou Optile. Il y a un point très important, qu’il ne faut pas négliger : quel que soit le projet que nous ferons, il y a de l’existant. Qu’est-ce que l’existant ? C’est le RER, le Transilien, le Métro, les lignes de bus. Tant que les liaisons existantes ne seront pas améliorées, et quand je dis « améliorées », il y a énormément de travail, et quand je dis « énormément de travail », il y a énormément d’argent à mettre derrière, cela se compte en milliards, nous serons incapables de rendre attractif un projet tel que vous le proposez. Les rénovations qui sont faites actuellement, et les schémas directeurs proposés actuellement sont totalement insuffisants, tant en qualité qu’en quantité et qu’en somme d’argent proposée.

Deuxième point, assez important : les liaisons qu’il faut privilégier, quand nous habitons en grande couronne, ne sont pas du tout les liaisons telles que vous les proposez, c’est-à-dire les liaisons entre les petites couronnes. Un habitant de Melun ou de Mantes-la-Jolie, ce qu’il veut, c’est en particulier aller à Paris ou La Défense. Ce sont prioritairement les deux pôles qu’il faut privilégier : Paris pour sa puissance, je dirais, culturelle, administrative, étudiante et La Défense pour sa puissance financière, et je ne sais pas si cela se dit, bureaucratique.

Troisième point : tout l’argent que va nécessiter le projet de que vous proposez, c’est-à-dire plus de 20 milliards d’euros, c’est une somme considérable. Pour moi qui suis étudiant, je n’arrive même pas à m’imaginer ce que cela représente concrètement. Mais ce que je sais, c’est que, pour les schémas directeurs de toutes les lignes de RER confondues, ainsi que toutes les lignes de Transilien, ainsi que tous les plans d’amélioration, sans aucune exception — j’ai pris ma calculatrice et j’ai fait mon petit calcul : le budget que proposent la Région, l’État, les départements et les communes représentent exactement 4 milliards d’euros — on nous propose 4 milliards d’euros pour améliorer l’existant. J’ai fait un autre petit calcul. Que faudrait-il pour véritablement améliorer les conditions de transport telles qu’elles sont actuellement, il faudrait, comme par hasard, 20 milliards d’euros, à peu de choses près. Donc 20 milliards d’euros, nous les avons.

François LEBLOND, Président de la Commission particulière du débat public sur le projet de réseau de transport public du Grand Paris : je vais vous demander de résumer un peu, parce que vous êtes arrivé à vos trois minutes. Et comme vous vouliez poser une question, je préférerais que maintenant vous la posiez.

Thomas AMBLARD, usager : d’accord. Je vais la poser directement. Quel est l’intérêt de ce projet alors qu’actuellement les conditions de transport sont déplorables pour tout Francilien habitant en Ile-de-France ? Tout simplement, voilà.

François LEBLOND, Président de la Commission particulière du débat public sur le projet de réseau de transport public du Grand Paris : Monsieur VERON, je crois que c’est à vous de répondre.

Marc VERON, Président du directoire de la Société du Grand Paris : je crois que notre ami vient de mettre l’accent sur un point qui nous réunira tous. C’est le fantastique retard en matière d’infrastructures de transport. C’est un fait aujourd’hui. La question qui nous est posée est au fond double. C’est là la difficulté dans laquelle, État, Région, tout le monde se trouve. C’est à la fois de résorber un passé, et donc un retard lourd, et de préparer l’avenir. Parce que si nous ne faisons pas les deux, alors dans 5 ans, dans 10 ans, dans 15 ans, nous continuerons à courir après notre retard. Donc à la fois traiter le passé, le présent et l’avenir. Effectivement, vous avez tout à fait raison, cela représente une boule financière tout à fait significative. Je voudrais simplement vous dire la chose suivante. Sur le présent, je ne sais pas d’où vous tirez vos chiffres, j’ai là, sous les yeux, une liste de 30 projets qui réunissent l’État et la Région, c’est-à-dire projets auxquels l’un et l’autre contribuent financièrement. Il y en sur la période à venir pour 11 685 000 000 €. Dans ces projets, nous trouvons à la fois les schémas directeurs de RER, le prolongement d’un certain nombre de lignes de métro, les tramways, un certain nombre de transports en commun en site propre, et ÉOLE. Tout cela, je ne vais pas vous en donner le détail, sauf si vous le souhaitez sur tel ou tel point, représente 11 685 000 000 €. Ce sont des projets qui sont répertoriés, actés, sur lesquels soit des travaux ont commencé, soit, à tout le moins, des études ont commencé. Autrement dit, nous voyons bien que, pour tous les acteurs, derrière le jeu de scène qui consiste à se renvoyer la responsabilité — entre nous soit dit, aucun intérêt, la question est de savoir si oui ou non nous traitons les questions posées — je dis et je maintiens qu’il faut à la fois traiter cette boule qui représente un fantastique retard d’investissement, qui remonte assez loin dans le temps, et en même temps préparer l’avenir. L’avenir ne se prépare pas en 2020, cela se prépare maintenant.

 

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