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II) Etat initial de l'Environnement



Continuités écologiques aux abords du sujet

Continuités écologiques aux abords du sujet

Contexte
La destruction et la fragmentation des milieux naturels sont reconnues aujourd’hui comme les causes principales de l’érosion de la biodiversité. Au-delà de la réduction des habitats des espèces, l’artificialisation des espaces entre ces habitats conduit à limiter les échanges entre les populations animales et végétales. La théorie de biogéographie insulaire, la notion de métapopulation et l’écologie du paysage appuyées par l’observation in situ des mécanismes d’extinction démontrent la nécessité des continuités écologiques dans la conservation de la biodiversité (Mac Arthur & Wilson, 1967 ; Levins, 1969 ; Burel & Baudry, 1999).
La mise en place d’un réseau écologique national, nommé « Trame verte et bleue », est une mesure phare du Grenelle de l’environnement. La vocation de cette trame est de permettre le maintien et le développement sur l’ensemble du territoire national de « continuités écologiques » et de doter les collectivités d’un nouvel instrument d’aménagement du territoire, afin qu’elles puissent inscrire la conservation de la biodiversité, ordinaire ou remarquable, dans leur projet d’utilisation de l’espace.

Méthodologie employée

Concept et définition
La circulation des espèces dépend de la qualité des paysages, et plus exactement de leur perméabilité liée principalement à leur structuration. Chaque espèce ayant des exigences écologiques et des capacités de dispersion propres, il existe en théorie autant de réseaux que d’espèces. Cependant, par commodité, il est légitime de regrouper dans un même cortège les espèces ayant des exigences proches.
De manière simplifiée, un réseau écologique est constitué de deux composantes principales :
Les cœurs de nature sont des espaces naturels ou semi-naturels continus, dont la taille varie selon l’espèce cible retenue et la trame étudiée, et qui constituent des noyaux de biodiversité. Ces zones sont susceptibles de concentrer la plupart des espèces animales et végétales remarquables de l’aire d’étude et assurent le rôle de « réservoirs » pour la conservation des populations et pour la dispersion des individus vers les autres habitats.
Les corridors écologiques sont des liaisons fonctionnelles permettant le déplacement des espèces entre cœurs de nature.

A ces deux éléments s’ajoutent des habitats favorables qui sont des ensembles naturels de moindre qualité que les cœurs de nature mais qui contribuent au maillage écologique. Les continuums (ou continuités écologiques) représentent l’ensemble des éléments du paysage accessible à la faune. Ils sont constitués d’un ou plusieurs cœurs de nature, de zones relais et de corridors.
L’assemblage des continuités écologiques forme le réseau écologique. Le reste de l’espace, à priori peu favorable aux espèces, constitue la matrice.


Occupation du sol / Ecologie du paysage
De part l’importance de la zone concernée par le futur projet de métro automatique, il est probable que les conséquences de cette infrastructure sur l’aménagement du territoire par exemple dépassent le fuseau d’étude. Aussi, une attention particulière a été portée à l’étude des continuités écologiques dans un périmètre de 7 kilomètres autour du fuseau d’étude. Cette distance a été choisie afin de permettre la prise en compte de certains éléments importants du paysage tels que les grandes zones boisées à proximité (forêt de Rambouillet, de Saint-Germain-en-Laye…), qu’ils convenaient d’intégrer dans l’analyse du tramage écologique.

La méthodologie employée est basée sur un croisement des données issues des couches d’occupation du sol produites par l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme d’Ile de France (IAU-Île-de-France) :
le MOS, qui est la cartographie détaillée du mode d’occupation des sols, notamment axée sur l’urbanisation (version réactualisée en 2003) ;
l’ECOMOS qui correspond à la cartographie des milieux naturels. Elle est basée sur la réinterprétation des postes « naturels » du MOS, de façon à créer une couche compatible avec ce dernier (version unique de 2000).
Ces deux couches, bien que complémentaires, n’utilisent pas le même niveau de détails pour certaines zones en commun. Aussi, un regroupement des libellés disponibles a été effectué, pour permettre la combinaison de ces deux couches. Des précisions ont été apportées, notamment pour que les canaux (canal de Saint-Denis, canal de l’Ourcq) ne soient pas classés en plan mais en « Berges de cours d’eau ». Le tableau ci-après présente les regroupements effectués.

En complément de ce travail, une analyse de l’occupation du sol dans le tampon de 7 kilomètres a été effectuée, afin de regrouper les milieux sous-représentés dans l’aire d’étude avec des milieux proches ou sous un libellé plus général. Ceci permet une adaptation des données vis-à-vis de l’échelle de travail, en évitant notamment des précisions qui complexifieraient le travail d’identification des corridors.
Les éléments fragmentant le paysage ont également été pris en compte. Ils constituent des points de rupture dans la continuité écologique du territoire d’étude.

Espèces cibles et trames écologiques
A partir de ce travail, différentes « trames » écologiques ont été étudiées. Elles sont au nombre de trois et prennent en compte le type d’espace naturel dominant : trame forestière, trame des milieux ouverts et trame des milieux humides.
En se basant sur des données bibliographiques et sur avis d’experts naturalistes et cartographes, des espèces cibles, choisies pour leur répartition large, et des critères liés à leurs exigences biologiques ont été pris en compte.

En partant de ces espèces cibles identifiées pour chaque type de trame, il a été établi les typologies constituant les cœurs de nature (C) et les habitats favorables à la dispersion (D). Les habitats qui ne sont ni des cœurs de nature ni des habitats favorables à la dispersion sont classés comme « Autres habitats »

Il est important de noter que tous les milieux constituant un cœur de nature pour l’espèce cible sélectionnée pour chaque trame ne répondent pas au critère de superficie du domaine vital de l’espèce considérée. Aussi, les entités inférieures aux domaines vitaux des espèces cibles sont classées comme éléments relais. Dans une moindre mesure, les habitats favorables à la dispersion se rapprochent des éléments relais, avec néanmoins une valeur écologique inférieure (qualité de milieu inférieur…).
Chaque cœur de nature identifié est pourvu d’une zone tampon, dont la taille correspond à la capacité de dispersion de l’espèce. Elle matérialise la distance maximale à laquelle une espèce peut s’éloigner de son habitat de vie pour s’alimenter ou se reproduire, en fonction de ces exigences écologiques. Elle nous permet également de distinguer les habitats connectés (dans la zone tampon), qui pourront être utilisés par l’espèce cible, des habitats non connectés, localisé hors de la zone tampon et donc non utilisable par l’espèce cible.
A ce travail, s’est ajouté la matérialisation des corridors, c’est-à-dire les voies de déplacement potentiellement utilisées ou utilisables par l’espèce cible. Ceci consiste en une étude de l’emplacement des cœurs de nature et des zones relais, dans les zones connectées entre elles (dans l’aire de dispersion de l’espèce
cible). S’en suit une déduction des corridors potentiellement utilisés par les espèces cibles, dans les différentes trames. Ces hypothèses ne sont pas vérifiées par une phase de terrain.

Note : Cette étude des continuités écologiques n’a pas vocation à concurrencer les études de trame verte et bleue réalisées par ailleurs et utilise une méthodologie simplifiée, adaptée aux besoins de la présente évaluation environnementale.

Axes de déplacements de l’avifaune
Que ce soit en période de reproduction, de migration ou d’hivernage, les oiseaux se déplacent (zone de gagnage, de repos…). Les déplacements des oiseaux sont une réponse à des besoins variés : déplacements quotidiens, déplacements saisonniers (oiseaux migrateurs), déplacements exceptionnels (provoqués par des événements), déplacements non réguliers (vagues de froid par exemple).

Migration pré- et post-nuptiale

En France, on distingue deux phases migratoires des oiseaux : la migration prénuptiale au printemps (avant la période de nidification) et la migration postnuptiale à l’automne (après la période de nidification).
Au printemps, les déplacements migratoires sont axés principalement vers le nord de notre hémisphère. Inversement, lors de la migration d’automne, les déplacements observés s’orientent exclusivement vers le sud.
Chaque espèce a un calendrier migratoire bien distinct, selon leur régime alimentaire, la distance qu'elles ont à parcourir et leur capacité de vol. Ce calendrier peut également varier au sein d’une même espèce selon la population, le sexe et l’âge de l’individu.

Calendrier de la migration

La migration post-nuptiale débute dès la fin du mois de juillet avec les limicoles, les fauvettes paludicoles (rousserolles, phragmites...), les petits turdidés (rougequeues, tariers, Traquet motteux...), les rapaces, le Martinet noir... qui quittent leurs zones de nidification du nord de l'Europe pour rejoindre les sites d'hivernage du sud de l'Europe (sud de la France, péninsule ibérique), ou d'Afrique. En septembre et octobre, la migration se poursuit avec les canards, les fauvettes forestières, les hirondelles, les rapaces, les colombidés, les pipits, les bergeronnettes, les laridés... En octobre et novembre, la migration concerne les alouettes, les grands turdidés, les corvidés, les cormorans, les oies, les grues, les fringilles et les bruants…
La migration pré-nuptiale débute dès la fin du mois de février avec les Grands cormorans, les oies, les anatidés, quelques limicoles (notamment le Vanneau huppé), les alouettes, les turdidés et les corvidés... qui quittent leurs zones d’hivernage du sud de l'Europe pour rejoindre les sites de nidification du nord de l'Europe. En mars-avril, la migration se poursuit avec la plupart des rapaces diurnes, des laridés et des colombidés (Pigeon ramier…). Les hirondelles, les pipits, les bergeronnettes, les fauvettes forestières ainsi que la majorité des fringilles.

En France, plusieurs axes majeurs de migration ont été identifiés : les voies méditerranéo-rhodanienne et atlantique. Bien entendu, les migrateurs survolent l’ensemble du territoire.

En Ile-de-France, aucune synthèse avifaunistique ne met en exergue une voie importante de migration sur la région. Les observations faites durant cette période mettent néanmoins en évidence un front diffus de migration sur la région avec notamment le passage occasionnel de Cigogne blanche et de Grue cendrée au sud-ouest de l’Ile de France.
Déplacements réguliers
A l’échelle locale, les déplacements d’espèces sont courants (recherche de nourriture, de partenaires…). Il participe indirectement au brassage génétique des populations d’oiseaux.

La capacité de déplacement des oiseaux sur de courtes distances va néanmoins dépendre de leur capacité ou de leur inhibition à traverser différents types d’habitats inhospitaliers, sans doute au regard des risques de prédation. Une étude en 2001, sur trois espèces d’oiseaux forestiers, a montré que le temps de retour au site de nidification, après délocalisation sur de courte distance, et d’autant plus important que le pourcentage de recouvrement forestier est faible à l’échelle du paysage. La capacité ou l’incapacité à traverser un habitat inhospitalier ou une lisière varient selon les espèces en fonction de leurs traits biologiques (espèce ubiquiste/spécialiste), mais aussi du degré de différence entre les habitats concernés. Les espèces spécialistes sont plus inhibées à traverser un habitat inhospitalier que les espèces ubiquistes.
Pour limiter les effets néfastes de l’isolement engendrés par la fragmentation des habitats, il est important de créer des corridors écologiques afin d’augmenter la connectivité entre les fragments. Ils permettront ainsi de faciliter le déplacement des oiseaux entre habitats fragmentés.

Méthode

Les déplacements de l’avifaune ne sont pas pris en compte par la méthode mise en place précédemment. Une analyse complémentaire effectuée par un ornithologue, basée sur l’occupation du sol et la connaissance de l’écologie des espèces a été effectuée afin d’évaluer les incidences que pourraient avoir le projet de métro automatique du Grand Paris sur les déplacements de l’avifaune.
A cette fin, les sites désignés au titre de la Directive « Oiseaux » localisés dans ou à proximité du fuseau d’étude ont été sélectionnés, afin de prendre en compte l’avifaune d’intérêt communautaire ayant permis la désignation des sites Natura 2000. Quatre zones de protection spéciale (ZPS) sont concernées : la ZPS « Sites de Seine-Saint-Denis », la ZPS « Boucles de la Marne », la ZPS « Massif de Rambouillet et zones humides proches » et la ZPS « Etang de Saint-Quentin ».
Pour chaque site, seules les espèces de l’Annexe I de la Directive Oiseaux citées dans le Formulaire Standard de Données (FSD) seront considérées dans cette analyse.
D’après la liste des espèces citées dans les FSD de ces sites, trois principaux cortèges d’oiseaux s’en dégagent :
• • Les espèces typiques des zones humides (étangs, roselières, rivières, fleuves…) ;
• • Les espèces typiques des zones boisées (bois, bosquets, buissons…) ;
• • Les espèces typiques des zones ouvertes (cultures, friches…).

Ce regroupement d’espèces va permettre à la fois de synthétiser et de schématiser les différents déplacements des oiseaux sur le fuseau d’étude du projet de métro automatique du « Grand Paris ».

Cette analyse est également applicable à des espèces plus communes que les espèces listées en Annexe I. Il ne s’agit pas d’une analyse fine des déplacements des oiseaux, qui nécessiteraient probablement des suivis de terrain, mais d’un cadrage général sur les secteurs utilisés par l’avifaune pour ses déplacements.

Evaluation de la fonctionnalité du territoire d’étude
Pour la construction de la carte synthétisant les zones à enjeux, la somme des notes obtenues d’une zone pour les différentes trames écologiques étudiées (ouvert, forestier et humide) a été effectuée. Ainsi, un cœur de nature forestier, qui est à la fois cœur de nature dans la trame humide et dans la trame des milieux ouverts obtiendra la note de 4+4+4=12. Un élément fragmentant dans les trois trames obtiendra la note de -1x3=-3…
Afin de faciliter la lecture, des regroupements ont été effectués dans la note finale. La carte de synthèse des enjeux relatifs à la fonctionnalité du territoire a été construite comme suit :
• note de 0 à 3 : Enjeu très faible ;
• note de 3 à 6 : Enjeu faible ;
• note de 6 à 8 : Enjeu moyen ;
• note de 8 à maximum : Enjeu fort.


STRATEC - BURGEAP - BIOTOPE - ATELIER SERAJI