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III) Définitions et analyses des impacts



Paysage naturel

Paysage naturel

Définition des types d’impacts potentiels du projet
La Convention Européenne du paysage a pour objectif de prendre en compte les projets auxquels sont confrontés les paysages y compris ceux du quotidien, et non pas uniquement les paysages reconnus et/ou protégés. L’intégration paysagère des infrastructures de transport relève quant à elle de la législation en matière d’études d’incidence (directive européenne 85/337/CEE). En matière de paysage, l’analyse des effets d’un projet consiste donc en l’analyse de ses effets visuels.

- Les incidences paysagères précises du métro automatique du Grand Paris s’avèrent difficile à évaluer à ce stade de définition du projet (scénario non défini).
- Cette analyse aborde les effets visuels dans leur généralité. Une entrée par secteurs à enjeux paysagers permet d’ajouter un degré de détails. Il va de soit que les effets visuels seront inégalement répartis.

- Phase travaux / Phase exploitation

Les effets visuels sont essentiellement développés en phase exploitation, phase offrant une vision à plus long terme. Cet état n’est toutefois pas figé puisque le paysage est en constante évolution, il participera cependant au futur cadre de vie.

Les effets en phase travaux ne sont cependant pas négligeables. Bien qu’éphémère, la phase travaux est un élément perturbateur fort du paysage du quotidien parce qu’elle apporte une modification physique et sociale brutale. En phase exploitation, les habitants s’accoutumeront probablement progressivement à leur nouvel espace. L’effet de gêne s’amenuisera avec le temps et le renouvellement des générations.


Analyse des impacts du projet
- Impacts globaux
- Effets visuels

Le projet peut avoir des répercussions sur la structure paysagère notamment lorsqu’il nécessite la suppression d’un boisement participant à l’identité d’un territoire. Si ce boisement est replanté, l’effet est temporaire. Sinon, l’effet est permanent et là, on assistera à une réelle mutation paysagère.

Sans modifier profondément la structure paysagère, le projet peut également avoir des effets sur les perceptions, lorsque l’observateur est amené à traverser l’ouvrage sans qu’il ait un impact visuel fort à grande échelle, par exemple.

- Des effets récurrents en phase travaux
Quelque soit le scénario choisi, les impacts visuels en phase travaux seront ceux des plateformes de stockage des matériaux extraits et de construction, des outils et des machines. Outre les effets sonores, les circulations liées au chantier peuvent avoir des répercussions sur les perceptions paysagères (effet de gêne).

D’autre part, les phases travaux pourront nécessiter :
- Des défrichements plus ou moins conséquents. A terme, les impacts paysagers définitifs seront fonction de la remise en état du boisement, du moins des mesures mises en place :
• Sur un coteau, on aura un effet de trouée comme on peut l’avoir actuellement avec les lignes haute tension. On brisera la continuité paysagère qu’exercent les coteaux boisés notamment ceux des vallées de la Bièvre et de l’Yvette ou encore des coteaux de Seine.
• Sur un plateau, on privera le paysage d’une composante importante des plaines agricoles (points de repère).
• En grands espaces forestiers, telles les massifs domaniaux, on générera des coupures franches ou des trouées dans le manteau boisé. On altérera également la fonction sociale (effet de gêne) que joue ce type de boisement ;

- L’occupation d’espaces agricoles. Dans ce cas, le projet modifiera localement une des composantes essentielles de la structure paysagère ;

- La mise en place de voies de circulation temporaires et/ou de déviation. En plus des impacts visuels, on génère de nouvelles infrastructures qui auront un impact indirect en matière d’urbanisation si elles sont maintenues.

- Les impacts en phase travaux sont difficiles à appréhender à ce stade de définition du projet. L’étude d’impact apportera une vision plus précise à une échelle de projet plus réduite.

- Passage au niveau terrestre (sol) en phase travaux
La mise en place progressive de la coupure relative à cette infrastructure linéaire générera les prémices des effets visuels en phase exploitation à savoir l’impact de la coupure engendrée mais également les boisements supprimés, les ouvrages de franchissement, les remblais/déblais, etc. S’y ajouteront les impacts liés au chantier décrits ci-avant.

Les impacts visuels seront conséquents dans le temps et progresseront géographiquement avec l’évolution du chantier. Ils impacteront l’ensemble des habitants concernés par le tracé .

- Passage au niveau terrestre (sol) en phase exploitation
L’ouvrage linéaire instaurera une coupure physique du territoire. Les effets visuels seront indéniables mais limités par le fait que l’ouvrage sera solidaire de son socle terrestre comme « posé » sur le sol :
- La vision sera rasante : Les poteaux et lignes électriques auront davantage d’effet que les dispositifs aux sols (voies) ;
- Les passages sur les reliefs exposeront davantage l’ouvrage que s’il est strictement associé à un plateau régulièrement plan ;
- Les composantes paysagères tels les boisements ou les maisons exerceront efficacement un effet masque.

En réalité, tout dépendra des modalités d’ouverture du paysage qu’il s’agisse de la composante végétale, bâtie ou encore topographique :
- En paysage fermé, notamment en fond de vallée ou en espace urbain dense, l’ouvrage sera perçu depuis ses abords immédiats notamment les franchissements.
- En paysage ouvert, l’ouvrage générera une nouvelle ligne de force d’origine anthropique et aura une plus forte émergence visuelle.

D’autre part, l’effet barrière/fragmentation du territoire sera augmenté par la mise en place de tronçons en remblais qui en augmenteront l’émergence.

Enfin, le passage en boisement nécessitera des défrichements conséquents et la réorganisation des cheminements piétons. On pense par exemple à la forêt de Bondy. Les boisements ont un rôle paysager prépondérant dans les paysages d’Ile-de-France en structurant les coteaux, en jouant le rôle d’élément repère dans les plaines agricoles mais également patrimoniaux (naturel, culturel et paysager).

- Passage en aérien (surélevé) en phase travaux
Les impacts visuels sont ceux liés à la mise en place des dispositifs d’élévation de type viaducs, ponts, remblais, qui suscitent des travaux de grande ampleur et qui confèrent au projet une tout autre envergure.

- Passage en aérien (surélevé) en phase d’exploitation
Un tracé aérien est sans nul doute celui qui aura le plus d’effets visuels, sans forcément y associer un caractère négatif.
Le passage en aérien peut apporter une nouvelle ligne de force dans le paysage, avec des ouvrages spectaculaires d’un point de vue technique et architectural. On pense notamment aux franchissements des vallées par les grandes infrastructures auxquels l’observateur est habitué ou aux métros aériens sur viaducs au dessus de la ville, répondant à une logique très urbaine, mais qui pourrait avoir un impact visuel fort d’un point de vue dans certains secteurs.

A l’inverse, le passage en aérien peut générer des effets de surplomb d’un espace de vie (effet oppressant et assombrissant).

En réalité, l’aire d’influence visuelle d’un tracé en aérien sera dépendante :
- Des caractéristiques techniques de l’ouvrage : la hauteur du viaduc, les rapports d’échelle avec les éléments du paysage locaux, les matériaux utilisés, la nature et l’étendue des ombres portées, etc., sont autant de paramètres à prendre en compte pour déterminer l’aire d’influence visuelle du tracé ;

- Des modalités actuelles de perception du paysage : l’ouvrage aura une aire d’influence visuelle large en paysage agricole type openfield. On pense ici au plateau de Saclay. En revanche, il aura une aire d’influence morcelée en paysage urbain où les perceptions sont rythmées par les volumes des bâtiments.

On étudiera donc particulièrement les secteurs fortement exposés :
o Plateau de Saclay ;
o Plaine de France (aéroport Roissy Charles de Gaulle) ;
o Plateau d’Orly ;
o Franchissement des reliefs : vallées et buttes témoins.


- Passage en souterrain en phase travaux
En plus des impacts définis précédemment, les impacts varieront en fonction des modalités de forage du tunnel.
Si le forage s’effectue par tronçons avec des zones de creusement aux extrémités suivies d’une progression en interne, les effets visuels seront concentrés aux zones émergentes de chantier.

- Passage en souterrain en phase exploitation
Les impacts visuels sont nuls hormis ceux des émergences terrestres liées à l’exploitation (gares, aération, accès sécurité, etc.).

- Impacts potentiels au niveau des secteurs à enjeux

- L’analyse des impacts porte sur les secteurs à enjeux définis dans le cadre de l’état initial du paysage.

Effets indirects

Lorsqu’on parle d’effets visuels, on pense avant tout à l’ouvrage. Pourtant le projet de métro automatique du Grand Paris aura des répercussions paysagères indirectes importantes.
Il va en effet jouer sur la mobilité et catalyser l’aménagement du territoire (urbanisation, développement économique). On pense surtout aux secteurs périurbains qui disposent encore d’une trame agricole et naturelle. Il s’agit là de prévoir les formes urbaines à venir, notamment au sein des documents d’urbanisme, afin de ne pas avoir à considérer les effets du projet comme une résultante involontaire et non maîtrisable.

L’accès au paysage est également un effet indirect du projet. En agissant sur la mobilité, on rend accessible des sites naturels auparavant difficiles d’accès. Le projet de métro automatique du Grand Paris permettra la découverte de nouveaux paysages comme notamment les Coteaux de l’Aulnoye qui sont actuellement très mal desservis. Les enjeux de pressions sur les milieux naturels iront de pair avec cette nouvelle accessibilité.

Enfin, le projet aura également des répercussions sur les représentations sociales des paysages (habitants locaux, habitants franciliens non concernés par le tracé, etc.), à savoir la modification de tout un ensemble paysager outrepassant la nature « physique » des effets visuels du projet.


Propositions de mesures d’évitement et de réduction

Les objectifs de ces mesures sont :
- S’intégrer au mieux dans le territoire afin que l’ouvrage ne soit pas perçu uniquement comme une pièce rapportée ;
- Prendre en considération le fait que l’infrastructure façonne le paysage qu’elle traverse et non pas uniquement les points qu’elle relie.

- Scénario aérien (sol et surélevé)

Proposition de mesures de compensation
Si les impacts potentiels du projet ne peuvent être réduits, même après la mise en place de mesures d’évitement et/ou de réduction, des mesures de compensation sont à prévoir.
La liste ci-après donne quelques pistes et demande à être complétée lors de la précision du projet :
- Soutenir la mise en place d’une trame verte et bleue au sein des communes, qui prenne en compte l’ouvrage si possible ;
- Accompagner les communes et collectivités exposées aux effets indirects d’urbanisation ;
- Travailler sur les espaces publics pour augmenter la qualité du cadre de vie ;
- Intégrer les parkings liés à l’ouvrage ;
- Proposer une requalification paysagère des sites voisins du tracé et une résorption de points noirs paysagers (toujours dans l’idée d’augmenter la qualité paysagère du cadre de vie des générations actuelles et futures).



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