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I) Enjeux et objectifs du projet



Développement économique : stratégie générale et perspectives

Développement économique : stratégie générale et perspectives

L’économie de la connaissance et de l’innovation

L’Ile-de-France possède l’un des plus forts potentiels d’innovation scientifique, universitaire et industriel des régions françaises, mais ne parvient pas à l’exploiter pleinement faute de mises en relation suffisantes des acteurs et des dynamiques à l’oeuvre.

La stratégie économique développée s’appuie ainsi sur le développement et la mise en réseau de pôles d’excellence ou clusters à vocation mondiale, spécialisés dans des activités d’avenir liées à l’innovation dans l’industrie et les services (cf. encadré page suivante).

La compétition mondiale est marquée par l’innovation et la connaissance. La compétitivité de la Région Capitale, comme celle de toute la France, repose sur la capacité à transmettre les savoirs et à susciter les innovations.

Ces deux exigences ne se décrètent pas. Elles procèdent de la mise en relation, sur un territoire donné, d’un marché et des différents acteurs : recherche, industrie, services…

Le projet du Grand Paris crée ces liens et cet environnement dans les « territoires de projet » afin de faire du Grand Paris un territoire organisé vers l’ambition d’un développement économique moderne, durable et créateur d’emplois. Le Grand Paris réunit déjà beaucoup des atouts qui, organisés, doivent lui permettre de libérer ses potentiels. Notamment, la région concentre près de 40% de la R&D française, publique et privée.

Mais ce potentiel souffre d’une sous-valorisation économique, ce qui freine la croissance de la Région Capitale depuis près de deux décennies (si l’on exclut le dynamisme lié aux NTIC à la fin des années 1990), et l’émergence de champions mondiaux. Conséquence : un marché du travail peu dynamique, associé à des difficultés croissantes en matière de logements et de transports, entraîne une désaffection de plus en plus marquée de la population active.

Le développement et la croissance économique passent par une attractivité et une compétitivité renforcées, sur des espaces propices à la création et à l’innovation.


Les territoires : levier crucial de l’économie de la connaissance et de l’innovation, pivots d’une organisation économique et spatiale en parfaite intégration

La Région Capitale réunit de nombreuses polarités économiques déterminantes pour son positionnement et son rayonnement internationaux qui sont présentés au chapitre 1.

Certains territoires accueillent ou vont accueillir des infrastructures de dimension internationale engageant la compétitivité de la France sans disposer pour autant soit de la stratégie adaptée à cette visibilité internationale, soit des moyens d’enclencher davantage de bénéfices sur le plan territorial.

C’est pourquoi le projet du Grand Paris propose de définir des stratégies pour les territoires qui porteront les vocations économiques, scientifiques et culturelles indispensables au développement de la Région Capitale comme « ville-monde », en parfaite cohérence avec une stratégie économique globale sur les plans régional et national.

Ces orientations stratégiques générales, qui déclinées sur chaque territoire, en partenariat étroit avec les collectivités locales, créeront des identités fortes, permettront de piloter l’approche spatiale du développement et de l’aménagement de la Région Capitale en renforçant les performances économiques, environnementales, sociales et en termes de déplacement.

Indispensable taille critique

Pour rester l’un des principaux moteurs économiques et technologiques sur le plan mondial, il faut construire cette « ville-monde » à l’échelle adaptée.

Ainsi, chacun des pôles de développement doit acquérir une visibilité internationale et faire référence parmi les grands compétiteurs mondiaux. La concentration économique et le potentiel d’innovation permettront d’atteindre cette taille critique sur le plan international.


Les clusters :moteurs de la croissance économique

Le savoir, la création et l’innovation scientifique sont aujourd’hui les principaux moteurs de la croissance. Des théoriciens et des économistes tels que Michael Porter, spécialiste de stratégie d’entreprise à l’université de Harvard, se sont appuyés sur ce constat pour définir un modèle de développement qui place le concept de
« cluster » au coeur de la performance économique des territoires.

Un « cluster » se définit comme « un groupe d’entreprises et d’institutions partageant un même domaine de compétences, proches géographiquement, reliées entre elles et complémentaires » (1). Il constitue avant tout un « environnement des possibles », un écosystème favorable à l’innovation grâce à la proximité géographique sur un même territoire d’un tissu d’entreprises, de clients, de fournisseurs et d’investisseurs qui coopèrent autour de projets partagés.

La valeur d’un cluster réside ainsi prioritairement dans son ancrage territorial, à travers les synergies qui se créent entre les différents acteurs. Dans tous les domaines d’activités, la proximité physique et la transversalité sont un élément fondamental de l’innovation, de l’émulation économique et de la créativité, suscitées par la circulation des hommes et les rencontres qui véhiculent la connaissance.

Malgré sa spécificité « locale », un cluster ne vit pas en autarcie :
- pour atteindre une taille critique sur un territoire donné et bénéficier d’une visibilité suffisante au plan national et international, il est nécessaire de disposer d’infrastructures permettant des échanges rapides et efficaces favorisant la mise en réseau des pôles et leur meilleure accessibilité ;
- d’autre part, l’efficacité d’un cluster repose aussi sur une bonne articulation avec un ensemble de fonctions supports et de ressources (habitat, financement, formation, commerce…), qui peuvent être localisées sur des territoires voisins et relèvent d’une logique d’équipement à l’échelle régionale.

« Dans ce monde de la connaissance, le territoire n’est pas le cadre de l’économie, il est son moteur. » (2)

Malgré l’essor des nouvelles technologies et d’Internet, qui favorisent les échanges à distance, l’intérêt économique des clusters demeure une réalité, prouvée empiriquement par la réussite économique de nombreux pôles internationaux en Europe (des pays nordiques à la Finlande, de la Catalogne à la Bavière, la finance à Londres, les nanotechnologies à Grenoble) et dans le monde (les biotechnologies à Boston, les technologies de l’information dans la Silicon Valley…).

(1) Michael Porter, On competition, 1999
(2) Christian Blanc, au Sénat à propos du Grand Paris


Cependant, les spécialisations visibles à l’international qu’afficheront ces territoires ne seront en rien exclusives du développement d’autres activités et du nécessaire équilibre en termes de développement local porté par les collectivités locales. Les projets de territoires réussis, fondés sur les valeurs économiques et sociales des territoires, seront ceux qui apparaîtront en capacité de provoquer des effets d’entraînement sur des périmètres géographique et socio-économique larges, au bénéfice d’une population qui aujourd’hui reste trop souvent à l’écart des grandes évolutions de la métropole. Les effets directs d’un surcroît d’activité en termes d’emploi, des formations en plus grand nombre et étroitement corrélées aux stratégies de développement des territoires, seront les leviers puissants d’une nouvelle cohésion sociale.

Faire ville

La « ville-monde » que sera le Grand Paris doit remplir un objectif déterminant à l’égard de la population qu’elle accueille, celui d’une qualité de vie élevée.

Cet enjeu est d’autant plus crucial que la Région Capitale attirera une population en plus grand nombre demain grâce à son dynamisme et pour répondre aux besoins de son marché du travail. La valorisation du cadre de vie se fera par un urbanisme et un aménagement renouvelés, avec l’émergence et l’affirmation de nouvelles identités urbaines permettant enfin de rompre avec l’opposition entre banlieue et ville-centre, redéfinissant un nouvel espace de vie sociale, économique et culturelle pour la Région Capitale.

À titre illustratif, sur le territoire aggloméré autour de Paris, la population présente équivaut à celle des 14 premières villes françaises : ainsi, le potentiel existe pour créer autour de Paris plusieurs « centralités urbaines » qui auront chacune leur identité avec tous les attributs qui s’y attachent, un certain art de vivre, une architecture identifiable, des lieux de vie et de rencontres…

La mixité sociale et fonctionnelle doit être considérée comme un fil conducteur des différents projets de territoires: la forte ambition en matière d’urbanisme,intégrant des actions déterminantes de régénération urbaine voire de reconstruction radicale de certaines centralités urbaines, permettra d’ouvrir au plus grand nombre les bénéfices de la nouvelle dynamique du Grand Paris, en termes de logement et de qualité de vie.

Le réseau de transport : le système nerveux du Grand Paris

La réalisation du projet de réseau de transport du Grand Paris est déterminante dans la mise en oeuvre du projet économique, urbain et social du Grand Paris.

Ce réseau vise à structurer l’aménagement des territoires desservis, à les relier, les mettre en réseau et à les raccorder au cœur même de l’agglomération et aux « portes » de la « ville-monde » (aéroports et les gares TGV périphériques).

Il doit favoriser la structuration du territoire et la fluidité des déplacements quotidiens de la population de la région.

Il doit permettre de connecter les territoires et de désenclaver ceux qui actuellement n’évoluent pas au rythme de la métropole.

Il répond à la vocation d’internationaliser encore davantage la Région Capitale en articulant les territoires aux aéroports (Roissy-CDG, Orly, Le Bourget) et aux TGV, permettant aussi une meilleure articulation des échanges avec l’ensemble du territoire national.

Enfin, il permet l’articulation économique, fonctionnelle et spatiale des territoires de développement économique de la région, ce qui aura un effet systémique multiplicateur. La complémentarité de leurs objectifs, avec des spécialisations économiques et technologiques tournées vers l’avenir, renforcera la résistance de l’économie de la métropole aux chocs conjoncturels et structurels.

Scénario de développement économique

Cette nouvelle stratégie de développement de la Région Capitale intègre un scénario économique avec des rythmes d’évolution en rupture avec les tendances observées sur les 15 dernières années (1990-2005). Néanmoins, durant la période 1995-2000, l’Ile-de-France a réussi à dépasser voire doubler ses niveaux de croissance et d’emploi.

Une croissance fortement stimulée

Trois facteurs interviendront de manière décisive dans la formation du taux de croissance.

L’innovation
Les clusters, dont le propre est de stimuler l’innovation et d’en accélérer la diffusion, permettent de tirer un meilleur parti des potentiels de création de chaque territoire.

L’entrepreneuriat
Il se mesure au pourcentage de création d’entreprises et d’emplois non salariés. Le niveau d’entrepreneuriat de la région Ile-de-France est beaucoup plus faible que celui des autres métropoles mondiales (1). Pour inverser cette tendance, le rôle des PME et des mécanismes en accompagnement de leur développement est central.

La marge de progression est considérable, ainsi que le suggèrent les quelques chiffres suivants :

- Le chiffre de 100 star-up de haute technologie pour 10 000 chercheurs aux États-Unis est huit fois plus élevé que celui de l’Ile-de-France.
- Si on restreint la comparaison à deux sites français, quand il se crée 10 star-up pour 16 000 chercheurs sur le plateau de Saclay, il en naît 30 pour 10 000 chercheurs à Grenoble.

Le capital humain
Pour augmenter les forces productives, les différentes sources en apport de main-d’œuvre seront sollicitées: augmentation des taux d’activité, accentuation de l’attractivité des territoires en contre point des évasions de talents, apport d’une population venue de l’étranger, etc…

Mais l’accent ne sera jamais assez mis sur le niveau de qualification des ressources humaines de la région parisienne. S’il soutient la comparaison européenne, il souffre encore d’un retard par rapport aux plus dynamiques des régions américaines (1).

Ce scénario de développement démographique et économique, appuyé par les implantations d’entreprises étrangères, doit permettre d’atteindre un rythme de croissance tendanciel de l’économie de la Région Capitale compris entre 3,5 % et 4 % du PIB à terme.

La croissance de l’emploi qui accompagnera cette évolution se situera au-dessus d’un rythme annuel de 1 %, le double de celle enregistrée sur les années 1990-2005 en tendance, mais inférieure aux évolutions constatées sur la période de croissance la plus forte, entre 1995 et 2000.

Une population active plus importante

La croissance des emplois générés implique une évolution de la population active, en rupture également avec les tendances constatées.
Pour permettre la création de 1 million d’emplois à l’horizon 2030, il faudra utiliser un ensemble de leviers :

– taux d’activité supérieurs, et notamment pour les seniors (55-65 ans) ;
– moindre dégradation du solde migratoire inter-régional, rendue possible par l’amélioration des conditions de logement et de transport induite par le projet du Grand Paris ;
– attractivité et flux internationaux de population:l’attractivité de la «ville-monde» suppose un volant de migrations internationales supérieur à ce qui est constaté aujourd’hui.

À titre d’exemple, Londres accueille 78 000 étrangers par an sur la période récente, contre 38 000 en Ile-de-France. Pour 1 million d’emplois créés à l’horizon 2030 l’augmentation de la population totale est de 1,5 million, possible en utilisant les leviers permettant l’augmentation du taux d’activité de la population.

Ces hypothèses sont en cohérence avec la construction de 70 000 logements par an, inscrite comme objectif dans l’article 1 de la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris.

Hypothèses de répartition territoriale

Les hypothèses de croissance de l’emploi sont essentiellement réparties sur les pôles territoriaux majeurs, qui devraient passer de 2 millions aujourd’hui à 2,9 millions d’emplois en 2030,soit 45 % de l’emploi total de l’Ile-de-France. Sur la base d’une hypothèse de stabilisation de l’emploi à Paris, la croissance prévue sur ces pôles est de 48 % en moyenne à cet horizon, quand celle projetée sur la région dans son ensemble est de près de 20 %.

(1) Source: Jean-Claude Prager: op.cit.

La Société du Grand Paris (SGP)