Isabelle Jarry, membre de la commission particulière du débat public
ouvre le débat en rappelant qu’il a été organisé pour répondre à la
demande des associations, à l’issue du Grenelle de l’environnement, sur
le développement et la régulation des nanotechnologies. Le ministère de
l’Ecologie, auquel se sont associés 7 autres ministères, en est le
maître d’ouvrage. Les 17 réunions organisées doivent permettre de
recueillir questions et avis. De nombreux cahiers d’acteurs, apportant
contributions et positions, ont été transmis.
La commission du débat public, indépendante, ne prend pas parti. Elle
facilite le dialogue entre public et maître d’ouvrage. A l’issue des 17
réunions, elle rendra un rapport sur lequel le maître d’ouvrage se
prononcera dans un délai de trois mois.
Ce débat sur les nanotechnologies est très spécifique : il n’intervient
pas en amont puisque les nanotechnologies font déjà partie de notre
vie, il est conduit sur le territoire national et touche de nombreuses
disciplines.
Le thème de ce jour est l’alimentation. Les invités ont tous une
compétence particulière dans ce domaine : ils représentent l’AFSSA, les
industriels de l’agroalimentaire (ANIA), l’Institut National de la
consommation (INC), l’association des Amis de la Terre qui a développé
à l’échelon européen une expertise sur les nanotechnologies, notamment
sur l’alimentation et enfin les scientifiques et chercheurs.
Le public est invité à s’exprimer.
Pour un jeune opposant au débat, participer, c’est entériner des
décisions déjà prises, aucune marche arrière n’étant possible. Il
interpelle la Commission, mettant en doute son indépendance, sa volonté
réelle d’un large débat, tant la publicité sur cette réunion a été
faible. Il s’interroge également sur le traitement qui sera réservé aux
questions imprévues. Enfin, il dénonce un filtrage à l’entrée de la
salle.
Il déplore qu’au fil des réunions et face aux oppositions grandissantes
la CPDP n’ait pas revu ses modalités, préférant renforcer le dispositif
de sécurité à l’extérieur, réunissant intervenants et public dans deux
salles séparées, bref faisant de ce débat une farce démocratique.
Une partie de la salle manifeste bruyamment son adhésion à ces propos,
criant, sifflant, tentant d’empêcher par le chahut la poursuite du
débat.
Isabelle Jarry assure que les membres de la Commission sont
indépendants. Ils ne sont pas fonctionnaires et ne sont pas rémunérés.
Elle exhorte au calme et demande que l’on ne confisque pas la parole
aux participants qui souhaitent aussi s’exprimer. Personne n’a été
interdit d’entrée. Elle souhaite que tous les arguments soient
entendus, y compris ceux des opposants à ce débat, afin qu’ils puissent
être pris en compte dans le rapport. Enfin, toutes les questions posées
recevront une réponse.
Lucie Lebrun, des Amis de la Terre, partage les arguments des
opposants. Elle a cependant choisi de les exprimer dans le débat. Pour
elle, la seule solution raisonnable est le moratoire sur la recherche
appliquée et sur la commercialisation.
Dans un chahut généralisé, participants venus dans le but de s’informer
et opposants au débat s’affrontent, les premiers invitant à faire part
des arguments contre, les seconds étant déterminés à empêcher par le
bruit un débat qui, selon eux, ne sert qu’à justifier des décisions
prises. Ils rejoignent les Amis de la Terre dans la demande d’un
moratoire.
Isabelle Jarry réaffirme que rien n’est décidé, rappelant l’intitulé «
développement et régulation ». La France est le seul pays d’Europe à
organiser un débat public sur le sujet, que beaucoup d’industriels
souhaiteraient ne pas voir.
Denis Morineau insiste sur la différence d’objectifs entre recherche
publique et recherche privée. La connaissance est essentielle pour se
mettre à l’abri des excès. Une société éclairée est beaucoup plus
stable.
Arila Pochet, du ministère de la Santé, se dit persuadée de la
nécessité de ce débat qui permet de poser les bonnes questions afin de
rejeter des produits non contrôlés qui viendraient d’autres pays, en
mettant des produits sécurisés sur le marché.
Un participant, convaincu que les nanotechnologies sont encore plus
dangereuses que les OGM, ne voit pas le progrès que constituerait
l’introduction des nano dans l’alimentation.
Isabelle Jarry regrette l’empêchement du débat. Elle donne rendez-vous
au public sur Internet pour le poursuivre sereinement. La représentante
des Amis de la Terre refuse de débattre hors de la présence du public.
(après 20 minutes d’interromption, le débat reprend, dans une autre
salle, retransmis en direct sur Internet, avec le public en ligne)
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