Déroulement des réunions

Comptes-rendus et synthèses des réunions publiques

Les comptes-rendus des réunions publiques font état de l’intégralité des propos échangés par l’ensemble des acteurs du débat. Un compte-rendu synthétique des réunions publiques sera, lui aussi, accessible au fur et à mesure du débat.

Note de synthèse de la réunion publique de Lille

Première séquence : les nanotechnologies dans le Nord : les applications textiles

Panélistes : Alain Cappy (directeur de l’Institut d’Électronique, de microélectronique et de nanotechnologies de Lille), Franck Duhamel (vice-président de l’Union des industries textiles Nord-Pas-de-Calais), Bernard Sohet (sec.gén. de l’UD FO 59-Nord), Éric Devaux (ENSAIT)
Animateur : Galiène Cohu, membre de la CPDP

Après un long moment de sifflets, de cris et d’applaudissements, alors que le climat semble s’apaiser, Galiène Cohu tente d’introduire la première séquence. Les cris fusent aussitôt.

Cette première séquence a pour but de présenter les activités de la région en liaison avec cette nouvelle échelle de la matière, les défis qui pourraient être relevés dans le domaine du textile, de la médecine et de l’énergie entre autre et les problèmes corollaires que cela soulève. La parole est donc  donnée  aux intervenants, leurs interventions étant réduites au minimum du fait de la quasi impossibilité de se faire entendre.

Bernard Sohet, syndicaliste, et également responsable de l’association FO-consommateurs  , aborde les enjeux des nanotechnologies en matière d’emploi,  sur les possibilités qu’elles offrent pour l’industrie du textile et les conditions de travail dans le milieu industriel régional. Il rappelle que la région Nord-Pas-de-Calais a payé un lourd tribut à l’amiante   7 professionnels sur 10 en sont victimes. La région ne peut donc pas faire l’impasse sur ce type de débat. Il fait aussi état des inquiétudes des associations de consommateurs face aux nanotechnologies.

En réponse aux huées des contestataires refusant le débat et l’empêchant de s’exprimer, il tente de mettre l’accent sur la volonté d’y participer des organisations de consommateurs et regrette, de plus, que les protestataires ne prennent pas la juste mesure économique des nanotechnologies face à l’emploi dans la région et de l’utilité de la recherche pour le développement industriel, dans des conditions de sécurité pour les travailleurs.

Franck Duhamel, au nom de l’Union des industries textiles Nord-Pas-de-Calais, met en relief les opportunités que représentent les nanotechnologies dans l’industrie textile notamment du coton, très consommateur d’eau et de pesticides   un tiers des pesticides mondiaux.

Dans la salle, en dépit de l’ambiance agitée et du bruit, Olivier Gibaru, en tant que professeur des Arts et Métiers, tient à parler de son expérience des regroupements d’instituts de recherche dans la région et de l’intérêt des nanotechnologies dans le domaine de la science et de la connaissance du vivant. Partant d’un programme sur le diabète auquel il participe, il souligne l’importance de pouvoir étudier précisément les virus qui sont à l’échelle du nanomètre et de développer les outils de recherche. Les nanotechnologies annoncent une révolution technologique, mais, face à beaucoup d’inconnues, il comprend les craintes légitimes qu’elles suscitent. Face à celles-ci, il soulève la nécessité de débattre.

Une des applications des nanotechnologies particulièrement intéressantes concerne l’énergie. Ainsi, Alain Cappy, au nom de l’Institut de microélectronique et de nanotechnologies de Lille, évoque leur utilité dans le domaine de la récupération de l’énergie, spécifiant que 160 doctorants y travaillent dans son laboratoire. Il révèle que les échelles de dimension utiles pour la récupération d’énergie sont toutes de l’ordre du nanomètre et fait état du caractère fondamental pour l’humanité de l’étude scientifique des mécanismes de transformation de l’énergie. Cela permettrait, dans un futur très proche, d’avoir des cellules photovoltaïques de qualité et de récupérer l’énergie thermique dissipée dans les instruments et l’énergie des vibrations. Il souligne également le mauvais rendement des cellules photovoltaïques actuelles dans la récupération de l’énergie solaire et signale que la France prend un retard préjudiciable dans ce domaine.

Cette intervention suscite la réaction véhémente d’une jeune contestataire, qui assimile l’étude des vibrations aux ondes électromagnétiques, qu’elle accuse d’attaquer directement le système nerveux, et reproche aux chercheurs de ne pas faire assez d’études de dépistage sur l’accumulation de métaux lourds dans l’organisme, tandis que, parallèlement, une banderole est déployée : « Débat pipeau, nano pas rigolo ».

 

Deuxième séquence : Puces RFID

Panélistes : Alex Türk, (président de la CNIL), Alain Pruvot (président de la fédération du Pas-de-Calais de la Ligue des Droits de l’homme), Chekib Charbi (directeur général EuraRFID), David Simplot-Ryl (responsable de l’équipe projet "POPS" - INRIA),
Animateur : Jean-Pierre Chaussade, membre de la CPDP

 

Le débat étant noyé dans le tumulte, Galiène Cohu annonce la deuxième séquence, consacrée aux puces RFID.

Le professeur David Simplot-Ryl de l’INRIA parvient difficilement, dans le vacarme ambiant, à dénoncer les risques présentés par le développement de la RFID, censée assurer la sécurité des citoyens. Cette technique moins coûteuse est destinée à remplacer les codes-barres des enseignes commerciales, mais elle pose le problème du respect de la vie privée. Le principe de la RFID est de récupérer, en la faisant passer devant un lecteur, l’identifiant contenu dans une puce et, si l’on arrive à recouper cet identifiant avec la personne qui la porte dans son vêtement, par exemple, on peut reconstituer tout son parcours. Contrairement aux puces contenues dans la carte bancaire et le téléphone portable, qui offrent une technologie sécurisée mais coûteuse, il n’est pas envisageable d’inclure de tels dispositifs dans la RFID, dont l’intérêt est précisément d’être bon marché. Il convient donc de trouver le bon équilibre.

Dans le chahut, l’invitation de Jean-Pierre Chaussade à poser ses questions tourne court.

Il donne alors la parole à Chekib Charbi, directeur général de EuraRFID. Il tente tout d’abord, sans succès, de dialoguer avec les protestataires, et finit par railler leur caractère moutonnier et les accuser d’être des enfants gâtés. Il fait valoir l’exception du cadre règlementaire français dans le domaine de la protection des libertés et le fait que la France est le pays qui protège le plus les libertés individuelles. Parmi les claquements de mains, les cris et le lancement de boulettes de papier, il tente, sans arriver au bout du raisonnement, d’expliquer les différences entre les nanotechnologies et les RFID. Face à l’impossibilité de s’exprimer, il se contente de souligner que les cartes contiennent une identité qui permet d’offrir du service tout en garantissant la protection des codes individuels et conclut sur le fait que la CNIL offre un cadre de protection règlementaire et un recours en cas de violation.

Conclusion

Dans le tohu-bohu généralisé, Jean-Pierre Chaussade remercie tous les intervenants qui ont eu le courage de s’exprimer dans ce bruit assourdissant et permanent. Il précise que ceux qui n’ont pas pu s’exprimer pourront déposer leur contribution sur internet. Par ailleurs, il sera donné une suite par internet à toutes les questions qui n’ont pas pu être posées dans la salle. Il remercie ceux qui sont venus et qui croient à la liberté de débattre d’être restés jusqu’au bout, clôturant ainsi, au bout d’une heure trente, le débat.