Les cahiers d'acteurs du débat public sont des contributions écrites d'acteurs du débat public, institutionnels ou associatifs, édités par la CPDP au cours du débat. Ils permettent d'éclairer le public, sur des questions touchant les nanotechnologies.
Vers un quotidien plus prometteur pour l’homme
Dioxyde
de titane protégeant des rayons UV, nanotubes de carbone permettant
d’alléger et renforcer des articles de sport, nanoparticules d’argent
aux propriétés antibactériennes : les nanomatériaux permettent
d’améliorer les qualités et l’efficacité des objets de notre quotidien.
Ils contribuent également à réduire l’empreinte environnementale des
activités : pneus à basse consommation, véhicules moins gourmands en
énergie, habitations mieux isolées, téléphones cellulaires et
ordinateurs plus autonomes et moins énergivores.
Vers un premier niveau de solutions pour faire face au changement climatique
Le
développement de technologies en faveur de l’environnement est
aujourd’hui un enjeu majeur. Les nanotechnologies y contribuent,
notamment dans la dépollution des sols et des eaux, le stockage du CO2,
ou encore la production et le stockage d’énergies renouvelables. Au
niveau industriel, elles permettent de fabriquer des produits
manufacturés en consommant moins d’énergie et de matières premières.
Vers une réponse aux défis économiques auxquels l’ensemble des pays et des entreprises sont confrontés
Les
nanotechnologies sont porteuses d’innovations industrielles dont
bénéficieront l’ensemble des secteurs économiques et commerciaux. Une
compétition mondiale forte est déjà engagée dans le développement de
ces technologies qui représentent un enjeu majeur pour les industries
françaises et européennes.
Pour l’industrie
chimique, les nanomatériaux et nanoparticules s’inscrivent dans la
continuité des travaux innovants menés pour développer des produits
performants sur les plans technique et énergétique.
Doit-on craindre l’utilisation des nanoparticules et nanomatériaux ?
A
ce jour, le champ des nanomatériaux est marqué par l’incertitude
scientifique. La connaissance des risques est encore limitée et ne
permet pas de se déterminer avec certitude sur la toxicité de certaines
nanoparticules.
Des premières études
expérimentales sur l’animal ont montré que certains nanomatériaux
pouvaient induire des effets par inhalation, ingestion et/ou contact
cutané et, dans certaines conditions, pouvaient franchir les barrières
biologiques et se propager dans l’organisme. Si ces études n’ont pas
été confirmées chez l’homme, elles sont un signe d’alerte à prendre en
compte, notamment dans les mesures de prévention, de protection et
d’ingénierie à adopter sur les sites industriels et elles doivent
conduire à stimuler la recherche.
Tous les nanomatériaux sont-ils dangereux ?
Si
les inquiétudes sont légitimes, l’appréciation des dangers et des
risques doit se faire au cas par cas. En effet, le risque varie en
fonction du danger intrinsèque de la substance (toxicité, dimension,
forme, degré d’agglomération, composition, solubilité, etc.) et du mode
d’exposition (par inhalation, voie digestive ou contact cutané). Des
études poussées ont pu être réalisées pour évaluer les impacts
sanitaires et environnementaux de certains nanomatériaux utilisés à
l’échelle industrielle depuis plusieurs dizaines d’années. Elles n’ont
pas fait apparaître de danger avéré pour l’homme.
Il
reste indispensable d’approfondir les recherches et les connaissances
sur les nanoparticules et nanomatériaux utilisés à l’échelle
industrielle. Les industriels de la chimie sont mobilisés dans
l’évaluation des risques liés à ces substances.
Les
industriels de la chimie résolument engagés à mettre en œuvre les
moyens nécessaires, tant sur le plan de la recherche, que celui des
études, du partage des connaissances, de la sécurité, d’un cadre
réglementaire évolutif et d’une politique d’information, le tout en
faveur d’une gouvernance renforcée
L’homme avant tout : sécurité au travail, prévention et protection des salariés
Afin
de gérer de façon responsable ces situations d’incertitudes liées au
manque de caractérisation des dangers toxicologiques des
nanoparticules, les industriels de la chimie ont développé des
programmes de maîtrise des risques afin de prévenir l’exposition des
chercheurs et des opérateurs et de neutraliser tout risque de
dissémination dans l’environnement. Selon les situations rencontrées,
de tels programmes peuvent conduire à la mise en œuvre de mesures
visant à atteindre des niveaux de précaution et protection
particulièrement élevés telles :
|
|
|
> le
confinement des produits, pouvant aller jusqu’à la conception d’unités
de production et de transformation dédiées, le transport dans des
conteneurs sécurisés, le stockage surveillé par détecteurs de fuite, la
collecte et le traitement des déchets par destruction thermique,
>
la protection collective en agissant sur l’ergonomie et l’équipement
des postes de travail (capteurs, filtres et extracteurs), en
définissant des mesures organisationnelles (limitation de l’accès aux
locaux, sas d’entrée et de sortie), en mettant en place des formations
et un suivi médical adapté de chaque salarié,
>
la protection individuelle des salariés, si cela s’avère nécessaire,
dans certaines conditions de manipulation : équipements individuels de
type combinaisons et gants jetables, équipements de protection
respiratoire, lunettes.
Pour accompagner les
industriels de la chimie dans cette approche responsable, l’Union des
Industries Chimiques (UIC) a créé avec la Fédération Française pour les
Sciences de la Chimie (FFC) une plate-forme interactive
« nanomatériaux, nanoparticules et HSE » qui met à disposition des
industriels une large documentation et organise régulièrement des
séminaires pour faciliter les partages d’expertises et de connaissances.
Dans
la suite des engagements du Responsible Care®, l’UIC a également
réalisé un Guide de bonnes pratiques Nanomatériaux et HSE, qui
répertorie les procédures à mettre en place pour évaluer et gérer les
risques liés aux nanomatériaux. Ce guide, qui constitue une première
pierre à l’édifice de la prévention, est disponible sur Internet. Il
participe de la volonté de mettre en place des procédures exigeantes et
partagées visant à maîtriser l’impact potentiel sur la santé et
l’environnement des nanomatériaux.
La
normalisation visant les nanoparticules et nanomatériaux est un
préalable essentiel à tous travaux réglementaires. En 2008, une
première définition officielle a été adoptée au niveau international
par l’ISO (International Standard Organisation). Elle définit les
nanoparticules comme des particules dont l’une des dimensions est au
moins inférieure à 100 nanomètres, ainsi que les particules de
dimension supérieure à 100 nanomètres, dans le cas où l’on observe des
changements « non linéaires » de leurs propriétés physiques
ou chimiques.
Des travaux sont aujourd’hui en cours, tant
au niveau international qu’européen, pour enrichir et affiner cette
définition, travaux auxquels participent des industriels membres de
l’UIC.
|
Réglementation
et normalisation : un cadre réglementaire fort mais aussi réactif et
évolutif pour concilier responsabilité et innovation
A
ce jour, si les nanoparticules et les nanomatériaux ne font pas l’objet
d’une réglementation spécifique, ils sont cependant encadrés par des
dispositifs relatifs à la gestion des produits chimiques et à la
sécurité au travail (décret Risque Chimique, directive cadre Déchets)
et les principaux nanomatériaux sont également concernés par la
réglementation européenne REACH. D’autre part, les Lois ou projet de
Lois Grenelle 1 et 2 prévoient la mise en place d’un système de
déclaration des nanomatériaux par les entreprises les produisant, les
important ou les utilisant, ainsi que d’une méthodologie d’évaluation
des risques et bénéfices.
A l’aune des
retours d’expériences sur la réglementation actuelle, de l’évolution
des connaissances sur les nanoparticules et leurs applications, mais
aussi d’une concertation de l’ensemble des parties prenantes, les
industriels de la chimie sont favorables à une évaluation de la
réglementation européenne afin de mesurer, point par point, les
éventuels compléments à apporter pour prendre en compte la spécificité
des nanomatériaux, tout en favorisant l’harmonisation internationale et
l’innovation.
Réacteur pilote pour la production des nanotubes de carbone à Lacq.
|
Maîtrise des risques : renforcer les partages d’informations sur la chaîne de fabrication et de transformation du produit
Comme
ils le font pour toute innovation, les industriels de la chimie ont
adopté une démarche responsable vis-à-vis de leurs industries clientes,
afin de viser le même niveau de prévention et de protection qu’au sein
de leurs propres unités de production.
Ainsi,
les nanoparticules ne sont généralement pas livrées aux industriels
aval à l’état « libre », mais sont dispersées dans des formulations
liquides ou solides, ce qui neutralise le risque de dissémination ou de
contact.
Il est également essentiel de
renforcer la communication sur les produits délivrés contenant des
nanomatériaux. L’UIC recommande ainsi aux industriels d’adapter les
Fiches de Données de Sécurité (FDS) à la spécificité des nanomatériaux,
de manière à faire mention de leur présence et des recommandations de
sécurité adaptées à leur manipulation.
|
Développement des connaissances : pour un partage d’informations issues d’initiatives collectives
Les
industriels de la chimie se sont engagés à développer les connaissances
sur la caractérisation des nanoparticules et nanomatériaux, leurs
effets potentiels au long de leur cycle de vie et la gestion de la fin
de vie des produits en contenant.
Ils
participent ainsi aux travaux de l’OCDE sur la sécurité liée aux
nanomatériaux manufacturés, et développent, en partenariat avec des
laboratoires universitaires et publics (CNRS, INSERM, CEA, INRS,
INERIS), des études sur les effets des nanomatériaux dans l’organisme
ou l’environnement ou encore sur la sécurité industrielle et la santé
au travail.
Enfin, ils soutiennent l’idée
émise lors du Grenelle de l’Environnement et menée par l’InVS de
développer les outils et recueillir les données nécessaires pour mener
a posteriori des études épidémiologiques sur les nanomatériaux mis sur
le marché.