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Document : Dossier du Maître d'ouvrage - Partie 4


Rubrique : Les excès redoutes de la convergence des technologies : augmentation des performances humaines et disparition de la frontière entre humain et non humain

La convergence des nanotechnologies avec la biotechnologie, l’infotechnologie, et les sciences cognitives soulève des interrogations et des inquiétudes : cette combinaison de disciplines pourrait aboutir à une convergence entre le vivant, le non vivant et l’artificiel qui permettrait notamment d’améliorer les performances humaines, voire de créer des briques de vie synthétiques ou de la vie artificielle. D’où le surnom de petit BANG (Bits, Atoms, Neurons, Genes) que d’aucuns lui ont donné.
La convergence NI (nanotechnologies + matériel d’acquisition et de traitement de l’information) est déjà largement une réalité ; les convergences NB (nano + biologie) et NC (nano + sciences cognitives) sont en cours d’exploration.
Un certain nombre de travaux s’appuient notamment sur la biologie synthétique. Leurs retombées pourraient aider le corps humain à ralentir le vieillissement ou à se doter ou récupérer des fonctions qui lui manquent (la vue pour les non-voyants, par exemple). Mais dans les versions les plus futuristes, elles intègrent les connaissances sur le génome et sur le fonctionnement du cerveau pour reproduire artificiellement la vie. C’est ce que tend à promouvoir le courant transhumaniste en invoquant diverses possibilités d’augmenter les capacités de l’homme : en modifiant son génome, à l’instar de ce qui est fait pour les plantes, afin de rendre l’homme plus fort, plus intelligent… ; en l’assistant par des machines (capteurs optiques implantés dans les yeux pour voir la nuit, bras renforcés, voire implant crânien pour interagir avec le cerveau…) ; en le dopant avec des traitements chimiques et, enfin, en créant une vie artificielle plus robuste où il pourrait transférer ce qu’il est.
Si ces perspectives sont très lointaines, il n’existe pas actuellement d’obstacles théoriques absolus à leur réalisation. C’est pourquoi elles suscitent des inquiétudes et soulèvent des questions éthiques. C’est en effet la propre nature de l’homme qui est interrogée et les seuils de transformation que l’humanité est prête à accepter sur elle-même.
Selon Jean-Pierre Dupuy, « avec l’ingénierie inverse (bottom up, autoassemblage), ce n’est plus seulement en faisant des expériences sur la nature, ce n’est plus seulement en la modélisant, que les hommes connaîtront cette nature. C’est littéralement en la refaisant. Mais, du coup, ce n’est plus la nature qu’ils connaîtront, mais ce qu’ils auront fait. C’est l’idée même de nature, donc de donnée extérieure à soi, qui apparaîtra comme dépassée. La distinction même entre connaître et faire tendra à perdre son sens, de même que celle qui sépare encore aujourd’hui le savant de l’ingénieur. »
Enfin, la perspective de cette vie artificielle évoque la disparition, ou du moins le brouillage, des distinctions fondamentales entre le vivant et le non-vivant, le naturel et l’artificiel…

Le maître d'ouvrage