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Les Questions/Réponses reçus par la CPDP seront consultables sur le site de la Commission et figureront dans les archives du débat

Questions traitées pour le mois : Février

Question de MARTINEZ Renaud QUIMPER - le 24/02/2010
En matière de toxicologie et d’écotoxicologie le temps d’exposition semble être un facteur déterminant dans la toxicité des produits, sur quelle durée doit être estimée la toxicité des produits sachant que les fibres d’amiantes mettent parfois trente ans à déclencher des cancers chez les individus exposés ? Comment peut on avoir des connaissances sur les effets à long terme des produits ?

Réponse le  15/03/2010

Concernant la question d'un potentiel cancérogène pour une substance ou un produit chimique, il faut considérer essentiellement deux propriétés. Soit la substance agit directement sur le matériel génétique en l'altérant de manière irréversible (effet initiateur) et elle est alors génotoxique ou mutagène; soit, en cas de co-exposition avec un agent génotoxique, elle provoque l'initiation de tumeurs (effet promoteur).

Ce sont ces deux phases successives, initiation et promotion, qui aboutissent au développement d'un cancer dans l'organe cible.
Il faut donc en fait répondre aux deux questions suivantes:
- la substance est-elle génotoxique (effet initiateur) ?
- la substance est-elle capable de provoquer l'apparition de cancer lorsqu'elle
est associée à un génotoxique (effet promoteur) ?

Le potentiel génotoxique peut être étudié à l'aide d'études expérimentales
réalisées in vitro (sur bactéries ou cultures cellulaires) ou in vivo (sur
modèle animal, souris le plus souvent). Ces études sont relativement courtes et permettent d'avoir une réponse assez rapide à la question du potentiel génotoxique. Cependant, la question se pose de savoir si ces études (standardisées selon des lignes directrices établies par l'organisation de coopération et de développement économiques -OCDE-) sont adaptées au cas des nanomatériaux. C'est pourquoi (entre autres), une étude européenne (nanogénotox) pilotée par la France et impliquant quatorze Etats membres de l'Union européenne est actuellement en cours.

Ces études de génotoxicité donnent des réponses sur le potentiel génotoxique et  mutagène d'une substance mais ne permettent pas de répondre définitivement à la question de la cancérogénèse. Dans le cas où elles sont positives, cette observation doit être vérifiée par des études in vivo de long terme (deux ans). 

La question de la promotion est plus compliquée en ce qu'elle demande quasi obligatoirement le passage par des études long terme (deux ans) sur l'animal.

En ce qui concerne la possibilité d'apparition d'effets à long terme (toxicité pour l'homme et écotoxicité), cette question fait également l'objet de nombreux travaux, en particulier à l'OCDE. Depuis 2006, un groupe de travail évalue la capacité des protocoles d'études actuellement disponibles à répondre à ces questions et, si nécessaire, recherche les nouveaux moyens à mettre en œuvre pour y répondre effectivement. En se fondant sur les connaissances acquises dans le domaine des effets des fibres comme les fibres d'amiante et particules, on sait que certains paramètres physicochimiques (forme, taille, diamètre, surface et composition) et biologiques (durabilité, biopersistance, réactivité biologique, capacité à se déplacer dans l'organisme et à provoquer des réponses inflammatoires et/ou fibrosantes?..) sont essentiels dans l'existence d'un potentiel dangereux. Après avoir identifié quatorze familles de nanomatériaux différents, les efforts de recherche portent donc sur ces points particuliers.


Contrairement à ce qui s'est passé pour les effets de l'utilisation de l'amiante, les recherches sur les risques liés aux nanoparticules se situent bien amont des données sur la santé.

Question de KINDER Thierry-    PARIS 12 - le 24/02/2010
Bonsoir,
On connaît depuis longtemps l'impact bénéfique des oligoéléments ou nocif de certains métaux absorbés en quantités infinétésimales. La capacité d'oxydation du corps humain est toujours surprenante. Ces risques ont ils été mesurés lors de l'inoculation de nanoparticules ?
De même, la structure moléculaire de certains composant probiotique est extrêment sensible à des facteurs exogènes (chaleur, acidité...). A-t-on mesure l'effet catalyseur (cataclysmique ?) de cette mise en contacts ?
Merci pour vos réponses.

Réponse le  26/02/2010

Ce sont les examens histopathologiques des organes cibles lors des études de toxicité à long terme (en doses répétées) chez l'animal qui permettent d'étudier l'activité inflammatoire générée par la capacité d'oxydation d'une substance et notamment d'une nanoparticule. Par ailleurs, le dosage chez l'être humain de marqueurs comme la protéine C réactive permet aussi la mise en évidence des deux phénomènes que vous décrivez, responsables tous deux d'inflammation ( oxydation et catalyse). Ce critère de jugement est pris en compte dans les essais cliniques chez l'homme pour le développement de médicaments.

Question de benoit jean-christophe-  35700 rennes - le 22/02/2010
a t il été effectué des essais de toxicité des NPMs sur des animaux,
lesquels (animaux et NPMs) et combien (animaux) ?
quels ont été les résultats de ces essais et etrapolation à l'homme ?
si oui, peut-on alors parler de technologie respectueuse du vivant

Réponse le  15/03/2010

La question posée est générale et les nanomatériaux, très diversifiés, nécessitent des études et des tests spécifiques. Ceux-ci s'appliquent au cas par cas, selon les méthodes traditionnellement employées, dont les tests sur les animaux.


Quelques exemples peuvent être cités: des tests ont été pratiqués sur des rats en leur injectant des tubes de carbone à des doses létales; des études récentes sur des souris et des porcs ont montré une pénétration faible et lente du dioxyde de titane contenu à l'état nanoparticulaire dans des crèmes solaires. Mais ceci est à prendre avec beaucoup de circonspection en raison des conditions de l'expérience et des résultats recherchés, des doses, de l'exposition, du manque d'éléments de comparaison pour l'instant...


En l'état actuel des connaissances, il n'est pas possible au maître d'ouvrage de répondre de manière plus documentée, en particulier de donner des chiffres ou de se prononcer sur la validité des expériences ainsi conduites pour l'homme. Quant à la question du respect du vivant, s'agissant des tests sur animaux, elle se situe en dehors du débat relatif aux nanotechnologies.

Question de benoit jean-christophe-  35700 rennes - le 22/02/2010
a t -il été déterminé, comme pour les produits chimiques toxiques : type béryllium, acide fluoridrique, pour les NPMs, les doses létales aigues : la DL 50, les doses de toxicité chroniques soit en quantité (ex mg/Mcube) ou en nbre de NPMs par Metre cube ?

Réponse le  26/02/2010

La toxicité aigüe reste pour toutes les substances l'objet d'une des études de base à réaliser. La question de l'unité de dose est très pertinente. En général, la valeur toxicologique est exprimée en masse par unité de kg ou par mètre cube d'air. Dans le cas des nanoparticules, le débat scientifique européen ( comité scientifique transversal pour les nouveaux risques emergents ou SCENHIR) et  international notamment au sein de l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et des instances de normalisation (ISO TC 229) porte aussi sur ce sujet. Il est recommandé d'exprimer  l'unité de dose en nombre de particules ou de surface spécifique, plutôt en faveur ce dernier cas qui semble a priori plus approprié aux nanomatériaux.

Question de BEHAGHEL Romaric ANGERS - le 17/02/2010
En médecine, quels sont les risques majeurs que vont engendrer et qu'engendrent les nanotechnologies?

Réponse le  15/03/2010

L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) a publié sur son site en juillet 2008 des recommandations relatives aux études à mener pour les demandes d'autorisation de mise sur le marché de médicaments contenant des nanoparticules. Les risques des nanoparticules sur la santé humaine sont peu connus et font l'objet d'études. Les risques envisageables sont l'immunotoxicité et les effets à long terme. Une étude de collecte de données de sécurité est en cours au niveau de l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur un échantillon représentatif de nanomatériaux mis sur le marché. Des travaux de recherche sont menés aux niveaux international, européen et national pour adapter les études classiques de toxicité aux nanomatériaux afin de mieux les caractériser, les détecter spécifiquement et les doser précisément, et éviter ainsi des erreurs d'interprétation et d'extrapolation pour la santé humaine.