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Les Questions/Réponses reçus par la CPDP seront consultables sur le site de la Commission et figureront dans les archives du débat

Questions traitées pour le mois : Décembre

Question de LANQUETUIT Danielle - le 18/12/2009
Usages ciblés ou usages limités : peut-on concevoir dans un Agenda 21 d'un territoire, une expérience de mutualisation des statistiques de vente des entreprises pour faire halte à un flux d'usage excessif, que ce soit pour les nanos ou pour autres choses ? Intégrer dans la RSE des entreprises cette mutualisation de statisitiques de vente comme outil de vigilance ?

Réponse le  06/01/2010

Votre question constitue davantage une proposition de solutions qu'une question proprement dite. A ce stade du débat, il est prématuré de se positionner sur des solutions, comme celles-ci, solutions d'ailleurs lourdes de conséquences pour les territoires et les entreprises et qui ne peuvent être décidées que dans un contexte de large concertation.

Question de QUESTION INTERNET - RÉUNION METZ  - le 18/12/2009
Habitat high tech avec des frigo bactéricides au nanoargent à l'insue de notre plein gré : la généralisation des usages bactéricides est un sujet non régulé, avec un circuit mondial ?

Réponse le  18/01/2010

Le déploiement commercial des nanotechnologies est un phénomène récent que l'on peut dater au début des années 2000, avec une montée en puissance à partir de 2005. C'est dans ce contexte qu'il faut se placer pour porter un jugement sur l'état de la réglementation.


Jamais un secteur industriel n'aura été aussi rapidement sous le feu du questionnement de la société civile que les nanotechnologies, avec comme corollaire la mise en oeuvre très rapide (dans le contexte rappelé ci-dessus)de réponses réglementaires spécifiques par l'autorité publique.


En France, l'élément déclenchant est le Grenelle de l'Environnement dont la première loi de mise en oeuvre a été votée en 2009. Pour les nanotechnologies, elle fixe l'objectif d'une obligation à toute personne élaborant, mettant sur le marché ou important des substances à l'état nanoparticulaire, de les déclarer à l'autorité compétente et de produire toute information sur l'innocuité de ces substances.


Au niveau européen, il a été décidé que les nanoparticules feraient l'objet d'un enregistrement spécifique dès la révision du réglement REACH en 2012.


Ainsi, la commercialisation des produits contenant des nanomatériaux n'est pas laissée à la libre appréciation des producteurs, mais fait l'objet d'un encadrement réglementaire contraignant à brèves échéances. Cette orientation va se confirmer dans les années à venir pour éviter d'hypothétiques catastrophes sanitaires.


S'agissant du nano argent, celui-ci fait actuellement l'objet d'une évaluation d'efficacité et de risque dans le cadre du réglement biocides, en vue d'une inscription comme substance active.La France portera un regard attentif sur ce point qui sera rapporté par la Suède et pour lequel l'AFFSET donnera un avis.


Par ailleurs, le réglement européen sur les biocides est en cours de modification pour intégrer notamment les articles contenant des substances biocides. Ainsi, il devrait être possible à terme d'encadrer des articles "high tech" comme ceux que vous citez, contenant du nano-argent, qui feront alors l'objet d'une autorisation préalable à leur mise sur le marché.

Question de BRETECHER Thierry - le 17/12/2009
« Habitat et Energie : demain avec les nano – Habitat et Isolation : hier avec l’amiante. Pour ne pas reproduire un risque de santé publique, l’Observatoire des PMI Innovantes propose de mettre en place un pool d’assurance visant à encadrer la commercialisation des produits innovants ». Seriez-vous favorable à une telle mesure ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?

Réponse le  04/02/2010













 



Les assurances peuvent être un moyen de couvrir et compenser les risques technologiques associés par les entreprises aux nanotechnologies.


Les assureurs estiment qu'ils n'ont pas assez d'éléments pour couvrir actuellement l'ensemble des secteurs industriels.


Ainsi, aux Etats-Unis, un assureur a effectivement choisi d'exclure des contrats d'assurance la couverture des risques associés aux produits incluant des nanotubes.


La non-assurabilité potentielle des nanotechnologies peut représenter un frein au développement des nanotechnologies.


Le secteur des assurances est conscient des difficultés que cela peut poser aux entreprises.


C’est pourquoi, toute initiative permettant de remédier à cette situation ne peut être qu’encouragée.


Question de PARTICIPANT REUNION CAEN  - le 15/12/2009
Quid de la mondialisation, importation, règles mondiales ?
Financement ? Procédure de visa (autorisation) avant mise sur le marché ?

Réponse le  03/02/2010

Concernant les nanotechnologies, l’échelle nationale n’est en effet pas suffisante pour permettre une gestion efficace des risques car tous les pays développés se sont engagés dans le développement des nanotechnologies et la mondialisation des activités de recherche et de production se traduit par une mondialisation des risques.


Il apparaît de ce fait indispensable que les réflexions et actions soient menées dans le cadre international.


Plusieurs instances intergouvernementales se sont progressivement impliquées (OCDE, UNESCO, ONU, ou encore ISO) et la question a été posée des outils de régulation.


Dans ce domaine, l’International Risk Governance Council (IRGC) est l’organisation internationale qui a, à l’heure actuelle, abordé la question de la manière la plus approfondie. Cette organisation a mis en place un groupe de travail sur les nanotechnologies et a souligné la nécessité de la mise en place d’une instance internationale de gouvernance.


La réflexion se poursuit dans cette voie.


Sur le plan de la réglementation, il existe déjà dans l'Union européenne et en France un cadre législatif et réglementaire régissant l'ensemble des substances destinées à être introduites dans les produits, qui s’applique donc notamment aux nanomatériaux. Cette réglementation est basée sur un dispositif de mise sur le marché après évaluation scientifique.


 Concernant les nanomatériaux en tant que substances introduites dans les produits :


L’autorisation préalable à la mise sur le marché d’une substance après évaluation scientifique est un principe qui existe depuis de nombreuses années dans certains secteurs (nouvel aliment, additif alimentaire, certains composants des matériaux en matières plastiques destinés au contact des aliments, certains ingrédients des produits cosmétiques, produits phytopharmaceutiques).


Dans ce contexte, l’évaluation de nouvelles substances ou de substances déjà évaluées mais qui sont mises sur le marché sous une nouvelle forme (par exemple possédant une caractéristique nanométrique) doit être réalisée.


Des règlements européens récemment adoptés (relatif aux additifs alimentaires) ou en cours d’adoption ( relatif aux nouveaux aliments) rappellent explicitement cette obligation.


Dans l’industrie chimique, les nanomatériaux sont des substances chimiques et sont à ce titre couvertes par le Règlement européen relatif à l’enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des produits chimiques (REACH) qui oblige les industriels à fournir la preuve que leurs produits ne présentent pas de risque pour la santé. La réglementation REACH doit néanmoins être adaptée car elle ne répond pas spécifiquement à la problématique des nanomatériaux.


 Concernant les produits dans lesquels sont incorporés des nanomatériaux :


Une autorisation de mise sur le marché pour tous les produits ne paraît pas adaptée, dès lors que les substances font déjà l’objet d’une évaluation.


En revanche, une évaluation au cas par cas, en tenant compte de la nature du produit et de son usage, est nécessaire.


·                                Dans le secteur médical, le cadre général mis en place dans le secteur du médicament et des produits de santé reste pertinent pour les nanomatériaux. Ce cadre réglementaire évalue le rapport bénéfice/risque. Il est basé sur un système d’autorisation préalable de mise sur le marché et de suivi des produits tout au long de leur vie. Il existe donc, dans le secteur des produits de santé, un dispositif permettant un contrôle à toutes les étapes. Mais le cadre spécifique aux procédures de mise sur le marché de produits médicaux semble difficile à transposer pour les produits de consommation courante.


·                                Dans le secteur agroalimentaire. le secteur est couvert au niveau de la réglementation par le règlement européen Nouvel Aliment CE n°258/97. L’usage de toute nouvelle substance à destination de l’alimentation humaine est réglementé et contrôlé. L’aspect « nanotechnologique » de l’aliment ou de l’ingrédient est un élément particulier du dossier scientifique déposé en vue de l’autorisation. L’usage de nanotechnologies ne pourrait donc se faire sans évaluation et autorisation préalable.


·                                Dans le secteur des produits cosmétiques


En mars 2009, le Parlement européen a adopté un nouveau règlement où la sécurité des produits dans le secteur des cosmétiques est renforcée. Tout fabricant souhaitant incorporer des nanomatériaux dans l’un de ses produits devra, six mois avant la mise sur le marché, en informer la Commission européenne. Le règlement prévoit également un étiquetage des ingrédients nanométriques. Ainsi, le fabricant devra indiquer la présence d’éventuels nanomatériaux dans la liste des ingrédients qui figure déjà obligatoirement sur tous les produits.


·                                Concernant les autres produits de consommation, des réflexions sont engagées sur le dispositif qui pourrait être mis en place afin de garantir la mise sur le marché de produits ne présentant pas de risque pour le consommateur et afin de prévoir une information adéquate de celui-ci.


Dans tous les cas, les financements des études et des tests obligatoires sont à la charge des producteurs responsables de laz fabrication et mise en marché des produits.


En France, la loi de programmation relative à la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement du 3 août 2009 (loi Grenelle 1) a d'ores et déjà fixé un objectif de déclaration obligatoire pour la fabrication, l'importation ou la mise sur le marché de substances à l'état nanoparticulaire ou de matériaux qui en contiennent. Le projet de loi Grenelle 2 actuellement en cours d'examen au Parlement comporte des précisions sur ce sujet, qui permettront, notamment, de disposer d’un inventaire des nanomatériaux arrivant sur le marché, et de fournir toute information nécessaire concernant l'innocuité sanitaire et environnementale des produits.

Question de PARTICIPANT REUNION CAEN  - le 14/12/2009
Etudes toxicologiques réalisées réalisées par qui ?
Indépendance ?

Réponse le  12/03/2010

Les études de toxicité des produits mis sur le marché sont réalisées par les industriels.


En fonction du statut réglementaire des produits,  certains d'entre eux bénéficient du régime de l'autorisation de mise sur le marché (cosmétiques, nouveaux aliments, médicaments), délivrée après évaluation de ces études par des agences de sécurité sanitaires.


Les experts de ces agences doivent déclarer leurs intérêts et l'agence vérifie ces données avant de leur attribuer un dossier pour expertise.


Pour les autres, le contenu des études est mis à disposition des autorités de contrôle compétentes qui les expertisent ou confient cette expertise à des experts dont l'indépendance a été vérifiée.

Question de Briens Antoine-  44100 Saint-Nazaire - le 10/12/2009
Bonjour,
ma(mes) question(s) concerne(nt) les autorisations qui vont être données à la production et à la commercialisation des nanotechnologies autres que médicinales:
Quelles précautions nécessaires vont-être prises pour interdire ou suspendre la production ou la commercialisation de produits "à risque" ?
Quel sera l'organe d'approbation/accréditation des produits?
Je préconise une Agence européenne sur le modèle de l’Agence Européenne pour l’évaluation des médicaments (EMEA):
En effet, tout le monde veut éviter un nouveau scandale (type amiante) avec une technologie dont les impacts et les risques sont encore peu connus et maîtrisés!
Actuellement, seuls les médicaments font l'objet de véritables études préalables en toxicologie et ADME. Il est indispensable qu'il en soit de même avec d'autres produits pouvant franchir les barrières des membranes cellulaires !
Merci de votre(vos) réponse(s).

Réponse le  01/02/2010

Une réglementation, applicable aux nanoparticules, existe déjà dans certains secteurs, qui permet de disposer d'une traçabilité de ces produits et de s’assurer que leur mise sur le marché s’opère dans des conditions acceptables du point de vue de la santé et de l’environnement.


Concernant les nanomatériaux en tant que substances introduites dans les produits :


Le principe de la liste positive (autorisation préalable à la mise sur le marché d’une substance après évaluation scientifique) existe depuis de nombreuses années dans certains secteurs (nouvel aliment, additif alimentaire, certains composants des matériaux en matières plastiques destinés au contact des aliments, certains ingrédients des produits cosmétiques, produits phytopharmaceutiques).


Dans ce contexte, l’évaluation de nouvelles substances ou de substances déjà évaluées mais qui sont mises sur le marché sous une nouvelle forme (par exemple possédant une caractéristique nanométrique) doit être réalisée.


Des règlements récemment adoptés (règlement européen relatif aux additifs alimentaires) ou en cours de révision (règlement européen "Nouvel aliment") rappellent explicitement cette obligation.


Dans l’industrie chimique, les nanomatériaux sont des substances chimiques couvertes à ce titre  par le Règlement européen d’enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques (REACH) du 18 décembre 2006 qui oblige les industriels à fournir à la Commission européenne la preuve que leurs produits ne présentent pas de risque pour la santé.


C’est sur la base d’une instruction conduite par les instances de l’agence européenne des produits chimiques (AEPC ou ECHA selon l’acronyme anglais) qu’est prise la décision d’accorder l’autorisation.


Néanmoins, la réglementation REACH ne répond pas totalement à la problématique des nanomatériaux, du fait d’un problème d’identification des structures à l’état nanoparticulaire. Une extension ou une adaptation de REACH est donc nécessaire.


Concernant les produits, autres que les médicaments, dans lesquels sont incorporés des nanomatériaux :


Dans le secteur agroalimentaire, une nouvelle réglementation spécifique à l’agroalimentaire sur les nanotechnologies n’est pas nécessaire. Le secteur est en effet déjà couvert au niveau de la réglementation par le règlement européen Nouvel Aliment CE n°258/97.


 


L’usage de toute nouvelle substance à destination de l’alimentation humaine est réglementé et contrôlé. L’aspect « nanotechnologique » de l’aliment ou de l’ingrédient est un élément particulier du dossier scientifique transmis par les autorités compétentes françaises à de l’agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) qui en réalise l’évaluation scientifique et la mise sur le marché du produit ne peut s’effectuer qu’après autorisation préalable délivrée sur décision de la Commission européenne assistée des Etats membres. L’usage de nanotechnologies ne pourrait donc se faire sans évaluation ni autorisation préalable.  



Dans le secteur des produits cosmétiques, le Parlement européen a adopté en mars 2009 un nouveau règlement qui renforce la sécurité des produits. Tout fabricant souhaitant incorporer des nanomatériaux dans l’un de ses produits devra, six mois avant la mise sur le marché, en informer la Commission européenne. La Commission européenne pourra solliciter des informations complémentaires et engager elle-même une évaluation du produit si nécessaire. En l’absence de demandes complémentaires à l’issue du délai octroyé, le produit pourra être mis sur le marché.

 


 


Le règlement prévoit également un étiquetage des ingrédients nanométriques. Ainsi, le fabricant devra indiquer la présence d’éventuels nanomatériaux dans la liste des ingrédients qui figure déjà obligatoirement sur tous les produits. 


Concernant les autres produits de consommation, une réflexion est en cours afin de déterminer la meilleure façon de garantir leur sécurité sanitaire et environnementale, leur traçabilité, et de fournir une information adaptée aux consommateurs.


Les contrôles du respect de la réglementation sont effectués par les autorités chargées de la surveillance du marché. Plusieurs d'entre elles interviennent en France pour assurer cette surveillance, notamment :


-la direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI), qui assure la surveillance des flux internationaux de marchandises. Elle intervient à l’importation, rarement à l’exportation, mais également en tout point du territoire pour certaines catégories de produits particulièrement sensibles;


 


-la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), chargée de contrôler la sécurité et la conformité des produits commercialisés sur le territoire national et destinés aux consommateurs ;        


 -l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), chargée d’assurer la sécurité des produits à finalité sanitaire destinés à l’homme et des produits cosmétiques ;


 


-la direction générale du travail (DGT) au titre de la sécurité des machines vendues aussi bien aux consommateurs qu’aux professionnels.


Les contrôles sont effectués par sondage, à tous les stades, de la production à la distribution. Ils comportent des vérifications documentaires et des prélèvements d’échantillons de produits ensuite analysés par des laboratoires d’Etat ou des laboratoires agréés.


Lorsque des infractions sont constatées, des sanctions sont appliquées. En cas de danger grave ou immédiat, la suspension de la commercialisation, le retrait, le rappel, voire la destruction des produits peuvent être ordonnés.


 


 

Question de HANIN Didier GRENOBLE - le 02/12/2009
Un comité d'éthique amont et aval, d'évaluation des programmes, indépendant des organismes de recherche et indépendants des industriels concernés. Comment voyez-vous le fonctionnement de ce comité d'éthique ?

Réponse le  10/12/2009

 


Il existe déjà des comités d'éthique. Il est en effet souhaitable que les grands organismes de recherche disposent de comités d'éthique afin de sensibiliser les scientifiques à ces problèmes et que les autorités gouvernementales disposent d'un comité indépendant auquel elles peuvent adresser des questions.


Les grands organismes de recherche comme le CNRS, l'INSERM, l'INRA, disposent chacun d'un comité d'étique. Au niveau national, il existe également un Comité Consultatif National d'Étique (CCNE) dont le rôle est de donner des avis pour les instances gouvernementales, sur les problèmes éthiques et les questions de société soulevées par les progrès de la connaissance dans les domaiones de la biologie, de la médecine et de la santé. En l'espèce, en 2006, le CCNE a donné un avis sur les enjeux liés à la recherche et à l'usage des nanotechnologies.