Réponse le 03/11/2009
Nous entendons ici par nano-éléments l’ensemble des particules de la taille du nanomètre formées à partir des éléments chimiques. Cela exclut les protéines, les assemblages lipidiques naturels (micelles), les structures issues de l’association entre protéines, lipides et polyosides, qui sont les composantes essentielles de l’aliment.
L’évaluation des effets à long terme des nano-éléments présents dans l’alimentation constitue une question de recherche complexe. A ce jour, seules quelques études ont abordé la toxicité des nanoparticules après ingestion orale. Elles sont recensées dans des avis rendus par des agences d’évaluation des risques, notamment :
- le rapport de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) relatif aux nanotechnologies et nanoparticules dans l’alimentation humaine et animale publié en mars 2009 [http://www.afssa.fr/Documents/RCCP-Ra-NanoAlimentation.pdf] ;
- le rapport de l’Autorité Européenne de Sécurite des Aliments (EFSA) relatif aux risques potentiels de la nanoscience et des nanotechnologies pour la sécurité de l’alimentation humaine et animale adopté en février 2009 [http://www.efsa.europa.eu/EFSA/efsa_locale-1178620753816_1211902361968.htm] ;
- le rapport de la Food and Drug Administration américaine publié en 2007 [http://www.fda.gov/downloads/ScienceResearch/SpecialTopics/Nanotechnology/ucm110856.pdf
Ces différents avis ont pointé la difficulté de mener à bien cette évaluation des effets toxiques à long terme, du fait : i) de l’absence de méthode de détection, de quantification, ou de caractérisation de ces particules applicable en routine, ii) de l’absence de modèles standardisés d’évaluation des effets néfastes à long terme.
Pour répondre à ces besoins de recherche, des programmes de recherche publique en toxicologie des nanoparticules se mettent en place en France et à l’étranger. Sans être exhaustif, il faut notamment souligner l’existence de projets :
- internationaux : programme Nanogenotox ; programme de parrainage OCDE ; initiative européenne Joint Research Centre Nanobiotechnology Research [http://ec.europa.eu/dgs/jrc/downloads/jrc_aaas_2009_04_stamm_nanofood.pdf] ;
- nationaux, avec notamment :
· la constitution de réseaux thématiques de recherche (Initiative C'nano ; réseau ECCOREV) ;
· un programme de recherche dédié aux questions de santé liées à l’environnement et au travail piloté par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail (AFSSET). Ce programme finance actuellement des travaux de recherche sur l’évaluation des effets toxiques des nanoparticules présentes dans l’environnement, dont les conclusions, notamment en terme de développement méthodologique, pourront être étendues aux nano-éléments alimentaires ;
· des programmes financés par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), mais qui concernent le plus souvent le devenir et la toxicité des nanoparticules dans l’environnement ou l’effet de l’inhalation des particules nanométriques sur l’homme (par exemple : programme NANOBIOTOX étudiant les conséquences toxicologiques de l’exposition pulmonaire aux nanoparticules biodégradables).
En ce qui concerne spécifiquement le devenir des nanoparticules dans l'organisme après ingestion, les projets en cours sont peu nombreux. Ceux-ci débutent, notamment à l’institut national de la recherche agronomique (INRA), afin de suivre la transformation des nano-éléments dans le tube digestif. L’enjeu in fine sera de trouver un ou des paramètres facilement mesurables in vitro pour servir de marqueurs de toxicité pour les cellules. Cela permettrait ainsi d’élaborer des diagnostics fiables qui n’impliquent pas une expérimentation animale lourde. Les recherches se poursuivent, les initiatives et les échanges d’information se font au niveau mondial. |