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Les Questions/Réponses reçus par la CPDP seront consultables sur le site de la Commission et figureront dans les archives du débat

Questions traitées pour le mois : Octobre

Question de benoit jean-christophe-  35700 rennes - le 31/10/2009
Par équivalence avec le sulfure d'hydrogène dégagé par les algues vertes dangereux à partir d'une dose de 1000 ppm (particules par million),
est-il déjà établi des doses de toxicité (en ppm par exemple) pour des nanoparticules ?

Réponse le  13/11/2009

La toxicité des nanoparticules est étudiée en utilisant les tests classiques recommandés par l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour les substances chimiques en général.Ces tests permettent de déterminer des seuils de toxicité.


Il est difficile de savoir si ces tests sont pertinents pour des particules à l'échelle nanométrique dont les propriétés sont différentes du fait de cette échelle. Ceci fait l'objet d'études dans le cadre des travaux internationaux de l'OCDE.

Question de AKILMALI  - le 27/10/2009
Quels sont les risques et les dangers liés aux nanotechnologies pour les consommateurs ?

Réponse le  11/12/2009



 


Les données expérimentales permettent aujourd'hui de suspecter différents effets toxiques pour l'homme et l'environnement. Il existe en effet de très grandes variétés de nanomatériaux et leurs dangers dépendent de leurs caractéristiques (forme, taille, composition chimique, réactivité biologique), de leurs interactions avec les cellules, ainsi que de leur biopersistance.


Concernant les nanoparticules, l'une de leurs propriétés est leur extrême mobilité. Elles peuvent également être persistantes dans les organismes vivants et dans l'environnement. Elles pénètrent dans toutes les parties du corps humain, bien qu'il y ait débat sur leur capacité à franchir la barrière cutanée (directement ou via les follicules pileux). Elles peuvent rester très longtemps en suspension dans l'air; dans l'eau, elles se propagent sans entrave et passent à travers la plupart des filtres; les nanoparticules peuvent aussi se déplacer dans les sols de manière inattendue, voire pénétrer dans les racines des plantes et, ainsi, entrer dans la chaîne alimentaire animale et humaine.


Ingérées, elles peuvent être absorbées au travers des plaques de Peyer, une partie du système immunitaire intestinal. De là, elles peuvent entrer dans le système sanguin (et même pénétrer les cellules sanguines), être transportées dans tout le corps et créer des dommages dans le cœur, la moëlle, les ovaires, les muscles, le cerveau, le foie, la rate et les nodules lymphatiques. Au cours de la grossesse, elles passent probablement la barrière placentaire pour atteindre le fœtus. Il est probable que l'être humain, au cours de son entière évolution, n'a jamais été exposé à une aussi large variété de substances pouvant pénétrer dans le corps humain apparemment sans obstacle. Le cerveau est l'un des organes les mieux protégés. Cependant, des nanoparticules y pénètrent et leurs effets ne sont pas connus. Vont-elles s'accumuler et quels en seront les effets ? Elles peuvent perturber le système endocrinien, causant des réactions allergiques, interférant avec les signaux échangés entre cellules voisines ou perturbant les échanges entre enzymes. Les nanoparticules dans les produits destinés à être jetés se retrouveront finalement dans l'environnement. Elles constituent une classe de polluants entièrement nouvelle sur laquelle peu d'expérience est disponible.


L'une de leurs plus utiles caractéristiques est l'énorme rapport entre leur surface et leur masse: un gramme de nanoparticules couvre mille m² . Cette large surface permet la collecte et le transport de polluants. Cela signifie aussi qu'elles sont hautement réactives chimiquement. La réactivité de surface des nanoparticules est source de radicaux libres (effet d'oxydation) générant inflammations, endommagement des tissus, et cela peut amorcer de sérieux maux, tels que la croissance de tumeurs (cancers) ; mais quelques radicaux libres sont bénéfiques en détruisant les organismes étrangers.


 


Le risque dépend pour sa part de l'exposition, qui sera différente selon l'usage, les mesures de prévention mises en place et les populations concernées (travailleurs, consommateurs).

Question de KRISTENSEN Julien-  67100 STRASBOURG - le 26/10/2009
Comment peut-on caractériser les risques des nanotechnologies lors de leurs utilisations dans la vie courante alors que cette technologie n'est encore qu'à un stade de recherche avancée ?

Réponse le  08/11/2009

Une expertise est en cours au niveau de l'agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET) afin d'évaluer les risques tout au long de vie d'un produit contenant des nanomatériaux. Elle s'appuiera sur les données disponibles et fera le cas échéant des recommandations sur les besoins de connaissance et sur les mesures à prendre pour protéger la population. En particulier, afin de caractériser ces risques, il faut mettre au point ou adapter les protocoles et méthodes d'évaluation toxicologique et écotoxicologique, ainsi que des systèmes de surveillance de l'état de santé du personnel et des populations exposés. Une plate-forme d'ecotoxicologie est en voie construction à Grenoble. La recherche sur la sécurité des nanoparticules a été renforcée dès 2009 de 2,5 M€ au titre du plan de relance (recherche et mise en place d'instrumentations de contrôle ad hoc) et un budget de 1 M€ a été consacré à l'étude des bénéfices et des risques des nanoparticules.


 


Question de Toussaint nicole-  54710 FLEVILLE devant NANCY - le 23/10/2009
J'ai fait l'acquisition d'un surmatelas " body impressions night thérapie "avec un traitement NANO SILVER dit : anti microbiens et anti acariens naturels, depuis environ 18 mois.
Pouvez vous me dire si je risque des soucis de santé à plus ou moins long terme ?
(J'ai souvent des vertiges depuis quelques temps, peuvent-ils venir de cette nouvelle technologie. Nous cherchons les causes, justement, avec mes médecins, de ces vertiges).
Merci de me répondre.

Réponse le  13/11/2009

Il est difficile de se prononcer sur un éventuel lien de causalité entre les symptomes que vous décrivez et la présence de nano-argent. Seul votre médecin pourra conduire les explorations nécessaires pour determiner l'origine de vos symptômes. Par ailleurs, une évaluation des risques du nano-argent est en cours au niveau européen.

Question de DESVAUX Céline-  31000 Toulouse - le 23/10/2009
Comment adapter les tests pharmacologiques et médicamentaux sur les risques sur la santé lorsque ces risques même sont méconnus/nouveaux ?

Réponse le  02/11/2009

Les risques probables dépendent du devenir des nanomatériaux dans l’organisme. Des travaux sont conduits aux niveaux international par l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et européen, notamment avec le programme Nanogenotox piloté par la France, afin de faire évoluer les protocoles de tests toxicologiques actuels et les adapter aux spécificités des nanomatériaux : l’accent est mis sur la cinétique dans l’organisme et les organes cibles des nanomatériaux, les effets immunologiques, et le risque génotoxique qui peut conduire à des risques  de toxicité sur la reproduction ou à des effets cancérogènes. L'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) a produit en juillet 2008 une recommandation sur ce sujet pour le cas des médicaments.


Il est à souligner que, contrairement à ce qui s’est passé dans le cas des produits chimiques avant 1981, et bien que des nanomatériaux manufacturés sient déjà sur le marché, les efforts menés actuellement tendent à faire en sorte que l’évaluation des risques soit menée conjointement au développement des applications de ces nouvelles technologies, du moins le plus en amont possible.



L'effort de recherche, l'amélioration des connaissances et de la métrologie, devraient permettre de progresser beaucoup dans ces domaines très prochainement.

Question de LAMBEAUX Olivier-  31170 Tournefeuille - le 23/10/2009
La recherche en toxicité et écotoxicité est un grand défi. La collectivité est-elle prête à créer les postes de chercheurs formés et autonomes ?

Réponse le  08/11/2009

L'évaluation des risques posés par les nanoparticules ainsi que par les substances chimiques demande de lancer des projets de recherche en toxicologie et écotoxicologie. Il faut disposer des protocoles, des procédures, des installations adaptés ainsi que du personnel qualifié. Aujourd'hui, le nombre d'équipes spécialisées dans ce type de recherche est encore insuffisant et c'est un véritable défi de former le personnel compétent.


Si, pour l'ensemble des substances et préparations chimiques,  le réglement européen REACH (enRegistrement, Evaluation, Autorisation et restriction des substances et préparations CHimiques) est un progrès, il n'en souffre pas moins de limites qui s'imposent également aux nanomatériaux. Parmi celles-ci, le caractère réducteur de l'évaluation scientifique des risques, car basée sur l'expérimentation qui ne considère pas, en particulier, les interactions avec les autres substances : à titre d'illustration, la combinaison 3 à 3 des 100.000 substances chimiques présentes sur le marché donne 166.000 milliards de possibilités.


D'importantes ressources sont mobilisées pour combler ce manque.et  une plate-forme est en cours de déploiement à Grenoble dans le cadre de l'initiative Nano-Innov (plan lancé le 5 mai 2009 par le Gouvernement et qui vise à mettre en place une stratégie d'innovation dans les nanotechnologies).

Question de Ceccaldi Patricia-  20167 Appietto - le 22/10/2009
L'utilisation actuelle des nanotechnologies dans l'industrie, sans que les consommateurs en soient avertis, me dérange. Dans les produits que j'achète au quotidien, rien n'indique s'ils contiennent ce type d'ingrédients. Il est, à mon avis, malhonnête en tant que patron d'une entreprise de modifier le contenu d'un produit sans que le consommateur en soit avisé.

Il me semble que ce type de comportement est assez récurent dans l'industrie, à croire qu'ils n'ont pas pris conscience que c'est grâce à ces mêmes consommateurs que leur commerce fonctionne. En effet, respecter ses consommateurs, c'est aussi respecter sa société.

Nous devons changer notre vision, car tout ce qui peut affecter la santé des autres affecte aussi la mienne, y compris celle de ma famille. Les industriels auraient-ils oubliés ce principe simple de bon sens? De plus, une étude parallèle quant à l'impact que ces substances pourraient avoir sur notre santé a-t-elle été engagée?

Réponse le  13/11/2009

Les nanomatériaux sont pour la plupart des substances chimiques connues, répertoriées, voire même pour certaines d’emploi autorisé (par exemple les additifs alimentaires). Cependant, la production de ces mêmes substances peut être modifiée pour obtenir des particules de tailles plus petites, à l'échelle nanomètrique, dans un souci d’amélioration des performances : plus de légèreté et de résistance à la fois, pouvoir colorant renforcé, moins de produit pour une même efficacité…


Par ailleurs, la directive européenne sur la sécurité générale des produits confie au responsable de la mise sur le marché la responsabilité de s’assurer de la sécurité de son produit. Les organisations représentatives des différentes branches industrielles ont pris conscience que tous les outils qu’ils utilisaient pour assurer la sécurité de leurs produits devaient être adaptés à cette nouvelle échelle ( caractérisation, métrologie, études toxicologiques). Ils travaillent dans ce sens avec les autorités et les experts au niveau international Des fonds publics nationaux et européens sont par ailleurs dévolus aux études toxicologiques ( par exemple pour le projet Nanogenotox 2010-2013).


En France, d'ores et déjà, l'article 42 de la loi de programmation relative à la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement du 3 août 2009 prévoit d'ici août 2011 une obligation de déclaration à l'autorité administrative et une information du public et des consommateurs pour la mise sur le marché de substances à l'état nanoparticulaire et les matériaux destinés à rejeter de telles substances. 

Question de SANTALLIER Mary-  63110 BEAUMONT - le 21/10/2009
Les nanoparticules sont-elles vraiment nocives ?

Réponse le  23/10/2009

Il existe un grand nombre de nanoparticules qui pour une même substance peuvent avoir des tailles, des formes et des états de surface différents, ce qui induit des caractéristiques de dangers différentes. Par exemple, pour le carbone, les atomes peuvent s’agencer en tube, en feuillet et leurs propriétés changent en fonction de cette organisation.


Les connaissances issues des études toxicologiques en général et pas seulement pour les nanoparticules,  montrent que plus une particule présente des critères de biopersistance longue, plus elle risque d’avoir des effets nocifs sur le vivant. La nocivité dépend également de la capacité d’une particule à réagir avec les différents constituants de l’organisme comme la membrane cellulaire. L’accumulation de produits biopersistants, insolubles dans l’organisme, peut entraîner des réactions immunitaires (engorgement des macrophages, cellules normalement  chargées de « nettoyer » l’organisme de débris de cellules mortes ou d’agents pathogènes).


Les études toxicologiques montrent que certaines nanoparticules ont un potentiel de nocivité important mais que d’autres ne présentent pas de danger. Le potentiel de toxicité est spécifique à chaque nano-objet et doit être étudié pour chacun d’eux.

Question de cadiou henri-  83220 le pradet - le 17/10/2009
Si l'on inhale des nanoparticules, est-ce que ça ne risque pas d'infecter les voies pulmonaires, à l'instar des particules d'amiante ?

Réponse le  23/10/2009

L'éventuel danger d'une particule dépend de plusieurs de ses caractéristiques physiques et chimiques : taille, forme, composition, réactivités biologiques, biopersistance …


Ainsi, le pouvoir cancérogène des fibres d'amiante est très relié à des caractéristiques de forme (fibre) et de taille (diamètre, longueur et biopersistance) qui ne sont pas communes à de nombreuses nanoparticules, à l'exception de certains nanotubes de carbone.


Concernant ce sujet, des mesures de gestion de risque pour les nanotubes de carbone ont été proposées par le Haut conseil en santé publique en janvier 2009, après saisine du ministère de la santé, suite à la publication de deux études suggérant l'existence d'un effet cancérogène de ces nanotubes. Cet avis a été rendu public et transmis aux niveaux européen et international. La situation est donc très différente de celle qui a prévalu dans le cas de l’amiante puisque des mesures de prévention ont ainsi déjà été édictées, sans attendre la mise en évidence d’impacts sanitaires.


 


Quant aux particules ultrafines  issues de la combustion du diésel, dont  les risques pour la santé sont connus, elles se présentent en général sous forme d’agglomérats dont les propriétés de pénétration dans l’arbre respiratoire sont spécifiques. Leur structure et leur composition font qu’elles présentent des caractéristiques de danger spécifiques.


Il n'est donc pas possible d'assimiler les caractéristiques de danger d'une particule à une autre uniquement sur la base d'une ressemblance de taille. Cependant, on peut orienter les recherches de certains effets toxiques en fonction de certaines formes (fibre) et de la composition des nano-objets.



Question de Baudrier Etienne Strasbourg - le 15/10/2009
Alors que les médicaments sont testés sur plusieurs années, les nanoparticules, peuvent pénétrer dans les organismes vivants et leurs impact n'est pas connu sur un échelle de temps du cancer par exemple (20ans). Les avantages (pour la société) sont-ils à la hauteur des risques potentiels encourus ?

Réponse le  16/10/2009

Compte tenu du caractère récent de l'utilisation des nanotechnologies et des nanoparticules, notamment dans le domaine de la santé, il n'y a effectivement pas d'appréciation qui puisse porter sur plusieurs décennies. Cependant, comme pour tout nouveau moyen d'agir, il est nécessaire, en l'état des connaissances disponibles, de mesurer préalablement à leur mise en oeuvre la part respective de bénéfices et de risques. Les études et mesures appropriées sont indispensables.



Pour ce qui concerne les médicaments, les études de cancérogenèse déployées sont effectuées pendant deux ans chez le rat, ce qui correspond à une exposition vie entière pour un rat. Ces modèles n’apparaissent pas forcément adaptés aux nanoparticules et des protocoles sont en cours d’étude pour appréhender le potentiel cancérogène des nanoparticules.




Les experts de l’agence française de sécurité des produits de santé (AFSSAPS) travaillent sur ce sujet.     Dans le cas d’un médicament,  c'est l’analyse préalable bénéfices/risques pour le patient  qui conduit à la décision d’utilisation.


 


Pour les autres produits mis sur le marché, le débat actuellement engagé avec la société pourra conduire à des propositions sur ce qui est acceptable pour elle en fonction des connaissances actuelles sur les bénéfices et les risques. 


 


Dans le cas, par exemple, des crèmes solaires comportant des nanoparticules, celles-ci  protègent des cancers de la peau lors de l'exposition au soleil. La notion de bénéfices/risques s'applique donc dans cet exemple. Mais le consommateur peut aussi choisir de  limiter son exposition au soleil (ce qui est conseillé) et d'éviter l'utilisation de ces crèmes.


 


Par ailleurs, il existe des sources abondantes de nanoparticules naturelles ou artificielles non issues des nanotechnologies. On estime par exemple qu'en Europe la grande majorité des nanoparticules présentes dans l'air en hiver provient de la combustion du bois. De même les grille-pains domestiques sont des sources de nanoparticules, sans oublier les moteurs à explosion, etc...