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Les Questions/Réponses reçus par la CPDP seront consultables sur le site de la Commission et figureront dans les archives du débat

Questions traitées pour le mois : Février

Question de MARTINEZ Renaud QUIMPER - le 24/02/2010
En matière de toxicité des nanoparticules quelles sont les recherches qui sont faites sur les problèmes de toxicités croisées, c'est-à-dire l’augmentation de la toxicité des matières lorsque plusieurs matières sont absorbées simultanément ou réagissent entre elles ? Est-ce que les caractéristiques des nanoparticules notamment leur plus forte réactivité (effet de surface) augmentent les problèmes de toxicités croisées ?

Réponse le  12/03/2010

De manière générale, il n'y a pour l'instant pas suffisamment de recherches en toxicologie sur les risques liés aux nanoparticules, en particulier sur les risques croisés, en raison d'un manque de moyens et de chercheurs dans ce domaine.



Dès 2004, les ministères concernés ont interpellé les agences de sécurité sanitaires, ainsi que différentes instances d'expertise, sur la prévention des risques liés aux nanotechnologies.Le rapport de l'AFSSET (agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) a mis en évidence un manque de données en termes de caractérisation physique et chimique des nanoparticules et la nécessité d'adapter les tests toxicologiques. La revue de la littérature menée en 2008 par l'AFSSET montre que certaines études font apparaître des dangers potentiels pour certaines nanoparticules; cependant les résultats de ces études sont difficilement interprétables au regard du manque de caractérisation des nanomatéraiux étudiés. Par ailleurs, il est nécessaire de compléter ces études de toxicologie par une évaluation de l'exposition afin de vérifier l'existence d'un risque éventuel.


 


 La France, mais aussi l'Europe et les Etats-Unis, ont pris conscience de ce problème et ont lancé des initiatives qui n'ont pas encore donné tous leurs résultats. Par exemple, des deux côtés de l'Atlantique, on est en train de construire une base de données sur tous les résultats disponibles sur la toxicologie des nanoparticules. De même, la France anime un programme européen Nanogénotox qui est une action conjointe européenne pour caractériser des nanoparticules déjà sur le marché et mettre au point des procédures standardisées d'étude de leur génotoxicité. Ce programme débute en 2010 et réunit quinze pays. Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche vient de lancer un groupe de travail sur ce sujet pour définir rapidement des actions afin d'améliorer le bilan de la France dans ce domaine.

Question de MARTINEZ Renaud QUIMPER - le 24/02/2010
Dans le débat un intervenant a parlé du manque de chercheurs en toxicologie qui empêchait de consacrer d’avantage de crédit à la recherche sur la toxicologie, pourquoi ne pas consacrer d’avantage de budget à engager de nouveaux chercheurs ou à former de nouveaux chercheurs ?
De plus, la recherche en toxicologie compte tenu du manque criant de chercheurs dans les domaines publiques et privés semble être un métier d’avenir.

Réponse le  12/03/2010

La recherche en toxicologie et écotoxicologie nécessite d'être renforcée, en particulier pour ce qui concerne les risques liés aux nanoparticules, ce qui implique des moyens supplémentaires sur le plan des budgets et du nombre de chercheurs dans ce domaine. Actuellement, environ 3 % des sommes investies dans le développeemnt des nanotechnologies et des produits qui en sont issus sont consacrés à l'étude des risques sanitaires et environnementaux des nanomatériaux.


Dès 2004, les ministères concernés ont interpellé les agences de sécurité sanitaire, ainsi que différentes instances d'expertise sur la prévention des risques liés aux nanomatériaux manfacturés. Un rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET) a mis en évidence un manque de données en termes de caractérisation physique et chimique des nanoparticules et la nécessité d'adapter les tests toxicologiques. La revue de la littérature menée en 2008 par l'AFSSET montre que certaines études font apparaître des dangers potentiels pour certaines nanoparticules; cependant, les résultats de ces études sont difficilement interprétables au regard du manque de caractérisation des nanomatéraiux étudiés. Par ailleurs, il est nécessaire de compléter ces études de toxicologie par une évaluation de l'exposition afin de vérifier l'existence d'un risque éventuel.


 


La France, mais aussi l'Europe et les Etats-Unis, ont pris conscience de ce problème et ont lancé des initiatives qui n'ont pas encore donné tous leurs résultats. Par exemple, des deux côtés de l'Atlantique, on est en train de construire une base de données sur tous les résultats disponibles sur la toxicologie des nanoparticules. De même, la France anime un programme européen, Nanogénotox, une action conjointe européenne pour caractériser des nanoparticules déjà sur le marché et mettre au point des procédures standardisées d'étude de leur génotoxicité. Ce programme débutant en 2010 réunit quinze pays. Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche vient de lancer un groupe de travail sur ce sujet pour définir rapidement des actions afin d'améliorer le bilan de la France dans ce domaine.


En outre, l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) travaille sur la question depuis 2006.


 

Question de Martinez Renaud QUIMPER - le 24/02/2010
Le débat a fait apparaître un manque criant de ressources pour la recherche en toxicologie sur les nanoparticules, 3% du budget de recherche global sur les nanotechnologies. Ces données étaient connues avant le débat. Pourquoi rien n’a été fait en France dans les années qui ont précédé le débat pour corriger ce manque alors que l’on connaissait déjà le potentiel toxique de certaines particules ?

Réponse le  12/03/2010

Dès 2004, les ministères concernés ont interpellé les agences de sécurité sanitaires ainsi que différentes instances d'expertise sur la prévention des risques liés aux nanomatériaux. Un rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET) a mis en évidence un manque de données en termes de caractérisation physique et chimique des nanoparticules et la nécessité d'adapter les tests toxicologiques. La revue de la littérature menée en 2008 par l'AFSSET montre que certaines études font apparaître des dangers potentiels pour certaines nanoparticules, cependant les résultats de ces études sont difficilement interprétables au regard du manque de caractérisation des nanomatéraiux étudiés. Par ailleurs il est nécessaire de compléter ces études de toxicologie par une évaluation de l'exposition afin de vérifier l'existence d'un risque éventuel.


La France, mais aussi l'Europe et les Etats-Unis, ont pris conscience de ce problème et ont lancé des initiatives qui n'ont pas encore donné tous leurs résultats. Par exemple des deux côtés de l'Atlantique on est en train de construire une base de données sur tous les résultats disponibles sur la toxicologie des nanoparticules. De même, la France anime un programme européen, Nanogénotox, une action conjointe européenne pour caractériser des nanoparticules déjà sur le marché et mettre au point des procédures standardisées d'étude de leur génotoxicité. Ce programmeset de la recherche vient de lancer un groupe de travail sur ce sujet pour définir rapidement des actions afin d'améliorer le bilan de la France dans ce domaine.


En outre, l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) travaille sur ce sujet depuis 2006.

Question de benoit jean-christophe-  35700 rennes - le 22/02/2010
est-il possible d'envisager de la nourriture synthétique avec les NPMs ?

est-il possible de reconstituer, par exemple; de la viande de synthèse (non issue d'animaux) : à savoir (si je me souviens bien) qu'une association de protection des animaux offre une récompense à qui arriverait à produire de la viande non issue d'animaux

Réponse le  26/02/2010

 


L'idée d'une mise au point de viande de synthèse à partir de cultures de cellules musculaires n'est pas nouvelle et plusieurs équipes de recherche y travaillent dans le monde. Les expérimentations en cours ne semblent cependant pas faire appel a priori aux nanotechnologies dont les développements envisageables à court terme dans le domaine alimentaire visent par exemple à obtenir une dispersion dans l'eau de substances insolubles, protéger de façon ciblée des molécules sensibles dans les procédés de transformation ou libérer des composés intervenant dans la flaveur ou la formation de couleurs.


Les développements qui apparaissent en Europe (au stade de la recherche-développement) et ailleurs dans le monde (parfois déjà au stade de la commercialisation) concernent essentiellement les compléments alimentaires (vitamines ou oméga 3 nanoencapsulés, par exemple) ou les aliments fonctionnels. Ces aliments contiennent des composés biologiquement actifs présentés comme améliorant la santé ou réduisant le risque de maladies (comme l'huile de colza enrichie aux phytostérols nanoencapsulés commercialisée avec l'allégation d'une réduction optimisée du taux de cholestérol).


 

Question de DEKER gilles BIARRITZ - le 17/02/2010
bonjour

si certain français refusent la nanotechnologie les autres pays eux
continuerons les recherches ,seul!
questions : le danger ne risque t'il pas d'être plus grand encore , car nous aurons à leurs opposer que notre ignorance!

Réponse le  12/03/2010

Suspendre la recherche en nanotechnologies dans l'objectif d'éviter les risques potentiels associés au développement de cette nouvelle technologie priverait la société des ses retombées positives : ordinateurs plus performants, moyens de communication plus rapides, traitements médicaux plus efficaces, environnement plus propre,  cadre de vie plus agréable.


C'est en pesant les bénéfices et les risques que la société peut décider de la poursuite ou de l'abandon d'une voie de recherche et développement. Par un accord international, l'ensemble des pays pourrait décider de suspendre la recherche en nanotechnologies. Cette voie de développement technologique et économique serait alors fermée, et la société en chercherait vraisemblablement d'autres.


Si une telle décision était prise unilatéralement par la France, elle risquerait d'avoir des effets catastrophiques : décrochage technologique, perte de compétitivité, fuite de cerveaux, délocalisation industrielle et par conséquent perte d'emplois, ralentissement du développement économique.

Question de DE MAYO claude BOIS-COLOMBES - le 17/02/2010
Bonjour,
Ne serait -il pas possible de limiter le nombre de nano en développement en fonction par exemple des potentialités ou des catégories d'utilisation de façon à concentrer les recherches sur les risques, les réflexions sur l'éthique, les investissements, etc ?
Merci

Réponse le  15/03/2010

Etablir des priorités et faire des choix est nécessaire et se pratique en réalité de manière courante, principalement au regard de l'utilité et des coûts. Le développement de nanoproduits, en particulier, est coûteux en temps de développement et en termes de fabrication et de test. Ne sont développés que ceux estimés utiles, sous forme d'abord de quelques échantillons, ou en vue d'une application industrielle bien définie. De manière générale, pour l'industrie, fabriquer un nouveau nanoproduit nécessite des investissements considérables.


Les laboratoires intégrent aujourd'hui assez largement l'éthique dans les programmes de recherche qu'ils conduisent. En outre il est manifeste, à ce stade de développement des nanotechnologies, qu'il convient de renforcer les études portant sur la toxicologie et l'éco-toxicologie.


Les suggestions exprimées sur ces aspects  durant le débat seront examinées par les pouvoirs publics qui proposeront les mesures adaptées.

Question de ROUX Marc - le 10/02/2010
- Comment parler de la convergence technologique, induite par les Nanos, dans laquelle risque d’être plongés mes élèves dans les décennies à venir ? Quel enseignement proposer afin de les y préparer ? Comment enseigner tôt la complexité ?

- Je ne suis pas professeur de science « dure », je suis historien. Puis-je continuer à enseigner l’Histoire, des civilisations anciennes jusqu’à nos jours, sans jamais la mettre en perspective de manière explicite ? Autrement dit, ne faudrait-il pas consacrer un temps spécifique à l’appréhension de notre futur ?

- La convergence des nanotechnologies avec les autres technologies NBIC mettent en question la frontière entre vivant et inerte, humain et non humain. Ne faut-il pas envisager de mettre en évidence quelque chose de plus essentiel encore que le vivant ou que l’humain, par exemple de sacraliser la Conscience en lieu et place de la Vie ?
Or un tel déplacement aurait sans doute des conséquences très grandes sur nos mœurs, donc sur notre éthique, donc sur notre manière de gouverner.

Réponse le  13/03/2010

Pour ce qui concerne les NBIC, la crainte de voir mise en question la frontière entre le vivant et l'inerte n'est pas qu'un fantasme encouragé par des écrivains qui en ont fait un sujet de science-fiction. Les nanosciences et nanotechnologies ont pour objet l'étude et la manipulation de la matière à l'échèle moléculaire, voire atomique. A cette échelle, il n'y a  donc plus de différence entre le vivant et le non-vivant. Les Nanotechnologies permettent ainsi la convergence avec les Biotechnologies, les technologies de l'Information et les sciences Cognitives (convergence NBIC), qui peut se dire également BANG : Bits, Atomes, Neurones et Gènes : la convergence de ces diverses technologies est basée sur leur unité matérielle à l'échelle nanométrique et sur leur intégration technologique depuis cette échelle.


La convergence Nano-Info est une réalité depuis longtemps. Les nanotechnologies l'amplifient considérablement en produisant des moyens d'acquisition de données de plus en plus petits et en très très grand nombre, des moyens de traitement de l'information de plus en plus puissants et des moyens de stockage de plus en plus considérables. Tout cet outillage, mis en réseau, permet une  traçabilité et le contrôle des objets, choses et personnes de plus en plus ténu, la plupart du temps à l'insu des individus. Les RFID en sont une traduction.


La convergence Info-Bio est aussi en place : le décryptage rapide du génome humain, par exemple, n'aurait pas été possible sans elle.


La convergence Nano-Cogno (et Info) en est au stade de l'expérimentation :  les expériences réalisées à Clinatec à Grenoble l'illustrent.


La convergence Nano-bio (et info) conduit, par exemple, à la fabrication et la commercialisation d'ADN synthétiques.


Il n'est pas forcément facile de faire un lien, devant des élèves, entre les différentes disciplines, notamment l'histoire et les sciences de la matière. Cependant, l'enseignement, à travers quelque discipline que ce soit, permet de donner des repères, d'apprendre à réfléchir et à s'ouvrir à la connaissance, tant vis à vis des époques précédentes dont l'étude permet de comprendre où nous en sommes, que pour susciter l'ouverture à l'information dans la société qui nous entoure.


A travers le dossier de présentation des nanotechnologies, il est aussi possible, à l'inverse, de mieux comprendre certaines avancées technologiques du passé, alors ignorées de leurs inventeurs en tant que telles: cités en début de dossier, les épées de Damas ou les vitraux des cathédrales illustrent, parmi quelques autres exemples, l'exploitation par l'homme des propriétés de l'infiniment petit sans qu'il en soit conscient. La science, notamment grâce à l'utilisation du microscope à effet tunnel, a permis de comprendre ces phénomènes physiques et chimiques, tout autant que l'on peut comprendre l'évolution des sociétés à travers de grands événements historiques. Enfin, l'histoire des sciences et des techniques établit aussi un pont entre différentes disciplines et des initiatives comme celles des conférences co-organisées par le conservatoire des arts et métiers (CNAM) et l'université de tous les savoirs, par exemple, en s'adressant à tous les publics, concourent à satisfaire le besoin de compréhension de notre monde en permettant une mise à jour sérieuse et partagée des connaissances.

Question de Merchadou bruno-  44620 la montagne - le 04/02/2010
les nano particules utilisées pour fabriquer des nanomatériaux peuvent elles franchir, comme le fait la poussiere d'amiante, les barrieres naturelles de nos voies respiratoires ?
L'armée française utilise-t-elle des nanopoussieres intelligentes pour surveiller les mouvements des insurgés afghans. Si oui que deviennent ces nanopoussieres après emploi ?

Réponse le  15/03/2010

Les nanoparticules se présentent en général dans l'atmosphère sous forme d’agrégats ou d'agglomérats, ce qui en limite l'absoption par inhalation.  Par ailleurs, un certain nombre de nanoparticules sont retenues dans la muqueuse nasale, la majorité étant ensuite absorbée par le tractus digestif via l'ascenseur mucociliaire.


L'éventuel danger d'une particule dépend de plusieurs de ses caractéristiques physiques et chimiques : taille, forme, composition, réactivités biologiques, biopersistance …


Ainsi, le pouvoir cancérogène des fibres d'amiante est très relié à des caractéristiques de forme (fibre), de taille (diamètre, longueur) et de biopersistance qui ne sont pas communes à de nombreuses nanoparticules, à l'exception de certains nanotubes de carbone.


Concernant ce sujet, des mesures de gestion de risque pour les nanotubes de carbone ont été proposées par le Haut conseil en santé publique en janvier 2009, après saisine du ministère de la santé, suite à la publication de deux études suggérant l'existence d'un effet cancérogène de ces nanotubes. Cet avis a été rendu public et transmis aux niveaux européen et international. La situation est donc très différente de celle qui a prévalu dans le cas de l’amiante puisque des mesures de prévention ont ainsi déjà été édictées, sans attendre la mise en évidence d’impacts sanitaires.



Quant aux particules ultrafines issues de la combustion du diésel, dont  les risques pour la santé sont connus, avec des propriétés de pénétration dans l’arbre respiratoire spécifiques, leur structure et leur composition font qu’elles présentent des caractéristiques de danger spécifiques.


Il n'est donc pas possible d'assimiler les caractéristiques de danger d'une particule à une autre uniquement sur la base d'une ressemblance de taille. Cependant, on peut orienter les recherches de certains effets toxiques en fonction de certaines formes (fibre) et de la composition des nano-objets.



Enfin, pour ce qui concerne la défense, nous n'avons pas connaissance à ce jour de "nanoparticules intelligentes", que ce soit en Afghanistan ou ailleurs. Ce concept, popularisé par des romans de science fiction, pose des problèmes d'emport d'énergie et de communication non surmontés.