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Les Questions/Réponses reçus par la CPDP seront consultables sur le site de la Commission et figureront dans les archives du débat

Questions traitées pour le mois : Octobre

Question de VICTOR Anne-Marie-  67000 STRASBOUR - le 19/10/2009
Quelles sont les implications anthropologiques des nanotechnologies : vision du monde / de l'homme dans le monde.

Réponse le  06/11/2009

Certains futurologues pensent que les nanotechnologies constituent le moyen de transformer l'homme lui-même et de permettre à l'espèce d'opérer une mutation vers quelque chose comme le posthumain. Par exemple, la nanomédecine pourrait accroître indéfiniment sa longévité et lui permettre de réaliser des dispositifs qui l'apparenteront aux cyborgs. Il s'agit pour l'instant de fantasmes qui en disent davantage sur notre état d'esprit présent que sur ce qui adviendra réellement. Ce qui est certain, c'est que la maîtrise de la matière à l'échelle du nanomètre encourage à faire perdre à l'homme le privilège que l'humanisme classique lui conférait. Avec les nanos, le monde apparaît homogène, fait d'une matière unique qui rend moins perceptible la frontière entre l'inerte et le vivant et moins évidente la spécificité de l'humain. C'est sur ce fait que se greffent les fantasmes futurologiques.

Question de HERTER Stéphane-  67000 STRASBOURG - le 19/10/2009
La figure fictionnelle du Cyborg devient dorénavant palpable. Que sera l'homme machine ? Pour quelle société ?

Réponse le  23/10/2009

Cette question renvoie à la fois à des vieux mythes de l'humanité et à un thème que la science-fiction et le cinéma ont développé et enrichi dans diverses variations. 


La traduction du mot anglais "cyborg" désigne un organisme cybernétique.Il se décline soit sous la forme d'un être humain muni de prothèses artificielles, soit sous la forme d'un robot à face humaine, tellement humaine que l'aspect cybernétique s'efface très vite. Les nanotechnologies actuelles sont loin de permettre d'envisager l'un ou l'autre cas. Cependant, des travaux sont menés par exemple pour définir des nanomatériaux biocompatibles susceptibles d'améliorer l'acceptabilité des prothèses par le corps humain ou permettant de réparer des dommages que l'on ne sait pas traiter autrement.


Le cyborg n'est pas une fiction: le terme a été inventé dans les années 1960, dans le contexte de la conquête de l'espace, quand il s'est agi de coupler les cosmonautes avec des dispositifs cybernétiques capables d'accomplir des tâches sensorimotrices en l'absence de pesanteur. Le terme a depuis été étendu à tout couplage entre un organisme vivant et des mécanismes auto-régulateurs. Avec la miniaturisation de ces mécanismes, on est conduit à désigner comme un cyborg le porteur d'un Pace-Maker et, de proche en proche, tout organisme bénéficiant de prothèses électroniques. En ce sens, le cyborg se développera vraisemblablement, sans devoir être nécessairement assimilé à une figure de futurologie débridée.


 

Question de LORIETTE Catherine - le 19/10/2009
Dans ce monde du tout sécuritaire, les nano ne dérogent-elles pas à toutes règles et procédures claires pour apparaître comme science non maîtrisée ?

Réponse le  21/10/2009

L'affirmation que les nanotechnologies propulseraient l'humanité dans un monde où l'individu perdrait le contrôle parce que la matière réagit de manière indéterminée et subit des effets dit quantiques est simplificatrice et mésestime l'approche scientifique qui reste dominée par un idéal de maîtrise déterministe. En particulier, les physiciens maîtrisent depuis longtemps les effets quantiques, et les utilisent dans de nombreux dispositifs (transistors, micropocesseurs, diodes LED...).


En fait, les nanosciences et nanotechnologies ne sont pas moins contrôlées ni encadrées que les autres disciplines. Elles sont toujours rattachées à une activité économique qui a déjà ses propres règles et procédures, comme dans les industries électroniques ou pharmaceutiques. Les industriels qui commercialisent les produits issus des nanotechnologies sont d'ailleurs tenus de s'assurer de l'innocuité des produits qu'ils commercialisent.


En revanche, certains domaines progressent tellement rapidement que l'on peut observer un décalage entre les outils de régulation et les produits mis sur le marché. Les technologies de l'information en sont un bon exemple, que ce soit Internet ou la téléphonie mobile. Dans ce contexte, les nanotechnologies rendent possibles des performances extraordinaires de communication et de stockage de l'information ainsi que de nouveaux usages non prévus par le législateur.