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Les Questions/Réponses reçus par la CPDP seront consultables sur le site de la Commission et figureront dans les archives du débat

Questions traitées pour le mois : Octobre

Question de benoit jean-christophe-  35700 rennes - le 31/10/2009
Des pays comme l'Iran ou la Corée du Nord peuvent-ils être intéressés par les nanotechnologies ?
si oui pour quels usages pourraient-ils profiter de transferts de nanotechnologies illicites par des pays ou personnes complaisantes ?

Réponse le  08/11/2009












L’Iran et la Corée du Nord n’ont pas forcément la même appétence pour les nanotechnologies.


L’Iran a une volonté de prendre un leader-ship régional, y compris sur les plans scientifique et industriel, avec des ambitions de visibilité et de reconnaissance mondiale. Ceci a conduit l’Iran à investir sérieusement dans le domaine et à mettre en place une gouvernance spécifique rattachée à sa présidence (Iran Nanotechnology Initiative Council), qui organise d'ailleurs ce mois-ci un salon dédié (www.nano.ir). L'Iran a identifié des secteurs clés  comme le traitement de l’eau, le traitement des hydrocarbures, l’énergie solaire, les domaines médicaux et chimiques, les céramiques et l’électronique. Ces applications peuvent avoir des emplois dans l’optimisation de son arsenal militaire ou de son programme nucléaire.


La Corée du Nord est plus discrète sur ses ambitions et ses cibles d’emploi, alors que son voisin du Sud veut être le champion local des nanotechnologies et entretient avec elle des échanges sur le sujet.


Les sanctions internationales relatives à ces deux pays ne visent pas particulièrement les nanotechnologies en tant que telles, mais des applications sensibles qui pourraient en utiliser potentiellement. Elles portent sur les domaines nucléaire, chimique ou biologique et sur les armements conventionnels.


Les conventions de type convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC) et convention sur l'interdiction des armes biologiques (CIAB), comme les régimes de contrôle des exportations, se penchent sur cette nouvelle problématique.


 


 

Question de benoit jean-christophe-  35700 rennes - le 31/10/2009
Peut-on envisager des gilets , casques legers et très résistant en nano -tubes de kevlar ainsi que des matériaux de protection balisitique contre les IEDs pour les véhicules , des canons plus légers et resistants, pour l'Armée française ?

Réponse le  02/11/2009

 En ce qui concerne les équipements de blindés ou véhicules, il est établi depuis longtemps que les propriétés particulières que confèrent les nanostructures permettent de réaliser des protections contre de nombreuses menaces du champ de bataille (munitions, projectiles, éclats...). Les nanomatériaux émergeant, comme le titane nanocristallin, permettront à terme et à performances égales d'alléger de façon conséquente les véhicules sur lesquels seront montées ces futures protections ou structures.


La mise en oeuvre de nanotubes pour la confection de gilets ou casques reste quant à elle  tributaire des études de comportement de ces nanomatériaux et de leur possibilité (ou non) à conserver (et conférer à la structure) leurs propriétés de haute ténacité une fois noyés dans une résine polymère. Des pistes sont envisagées, mais restent actuellement au stade de la recherche de laboratoire. Si ces pistes devaient déboucher, elles intéresseraient sans nul doute également de nombreuses applications civiles ( casques et effets de protection des motards et cyclistes, pare-chocs ou éléments de caisses de véhicules)...

Question de MIELCAREK Romain-  67100 STRASBOURG - le 26/10/2009
Défense - Des applications des nanotech peuvent-elles servir sur des véhicules blindés ? (blindage, camouflages, poids)

Réponse le  29/10/2009

Les nanotechnologies sont utilisées depuis de nombreuses années dans la fabrication de blindés lourds (aciers) ou légers (alliages d'aluminium). Les propriétés particulières que confèrent les nanostructures permettent de réaliser des protections contre de nombreuses menaces du champ de bataille (munitions, projectiles, éclats...). Les nanomatériaux émergeants, comme le titane nanocristallin, permettront à terme et à performances égales d'alléger de façon conséquente les véhicules sur lesquels seront montées ces futures protections ou structures.


Par ailleurs, les peintures utilisées actuellement pour le camouflage contiennent des pigments nanométriques depuis déjà un certain nombre d'années, comme d'autres peintures industrielles, mais ce sont là des camouflages passifs. Dans l'avenir, le dépôt de revêtements nanostructurés (de type thermochrome ou autre) pourrait permettre de rendre le camouflage actif car commandable, c'est à dire que ses caractéristiques pourront être être activées ou modifiées à volonté en temps réel.


 

Question de SANCIAUD Monique-  65360 VIELLE-ADOUR - le 23/10/2009
Quid de l'utilisation de nanoparticules de surveillance et de détection des cibles humaines pendant la guerre d'Israël contre Gaza et l'utilisation de micro bombes faisant exploser les cibles de l'intérieur ? (Technologies mises au point à Toulouse)

Réponse le  26/10/2009

Nous n'avons pas d'information directe sur ce qui a pu se passer à Gaza.


Néanmoins, sur les deux points évoqués :


- l'utisation de "nanoparticules de surveillance et de détection" est très improbable, car ces technologies n'existent pas actuellement à l'échelle nano. Ce ne sont pour l'instant que des vues très futuristes, que l'on trouve surtout dans les romans de M. Drexler;


- nous n'avons pas connaissance de l'utilisation de "micro bombes". Le rapport "Goldstone" de l'organisation des Nations Unies (ONU) ne mentionne comme armement non conventionnel, outre des bombes au phosphore blanc, que des bombes apparemment de type "DIME", qui  d'une part n'ont rien de nano ni de micro (ce sont au contraire des bombes tout à fait "macro"), d'autre part  n'ont rien à voir avec les nanotechnologies (elles utilisent des particules de métaux lourds comme le tungstène à l'état non-nanométrique).


 

Question de SANCIAUD Monique-  65360 VIELLE-ADOUR - le 23/10/2009
On nous a parlé de santé, mais qu'en est-il de la mort (voir libellule drone and co..) ?

Réponse le  26/10/2009

L'intérêt pour l'homme de développer de nouvelles technologies est d'y trouver un bénéfice. Un risque peut y être associé, et il est nécessaire d'évaluer le bilan final. Sur le plan de la santé, les nanotechnologies peuvent être mobilisées utilement dans la prévention, le diagnostic et le traitement, permettant ainsi de repousser l'échéance de la mort.


Le drone libellule est un démonstrateur de laboratoire, destiné à faire avancer la technologie, qui pourra donner lieu à des applications autant civiles (comme la surveillance du trafic routier ou l'aide à la recherche de personnes), que militaires, sans avoir pour autant d'application précise prévisible dans ce secteur, en tout cas sans application directe à des armements. On peut douter, d'ailleurs, qu'un tel objet puisse transporter une "arme" suffisamment efficace pour que le tour de force technique en vaille la peine.

Question de benoit jean-christophe-  35700 rennes - le 21/10/2009
Quelles utilisations possibles des nanoparticules à des fins militaires identiques aux domaines type Nucléaire - Bactériologie - Chimique : par blocage des voies respiratoires, toxicité par contact,ingestion ,etc

Réponse le  26/10/2009

C'est techniquement possible, mais ceux qui voudraient s'en servir de cette façon se heurteraient aux mêmes difficultés qui font que les armes chimiques ou biologiques sont en fait  peu répandues. Elles ne sont pas faciles à militariser (c'est à dire obtenir un véritable effet "militaire"  dans des conditions d'emploi réalistes sur le terrain). Il est difficile de cibler leur action, qui peut très bien se retourner vers ceux qui voudraient s'en servir. Au demeurant, ces armes tomberaient sous le coup d'une interdiction par les conventions internationales existantes.


Cependant, l’évolution récente des  nanobiotechnologies laisse envisager l’apparition de risques nouveaux qui sont plus du domaine du bioterrorisme que de l’utilisation militaire par un Etat. Ainsi, les techniques d’encapsulation permettent de rendre certaines particules biologiques, comme des virus, résistantes à leur environnement, favorisant ainsi leur capacité à diffuser, renforçant leur persistance et leur pénétration dans les tissus. Les techniques d’encapsulation ne sont pas difficiles à mettre en œuvre et l’acquisition du savoir-faire est accessible. Néanmoins, cela représente quand même une complication a priori peu utile, sachant que des moyens beaucoup plus rustiques seraient tout aussi efficaces, sinon plus. Par contre, la biologie synthétique, qui consiste à reconstituer par synthèse un génome viral, voire bactérien, fait appel à des technologies qui ne sont pas des technologies élémentaires, et leur mise en œuvre ne peut se faire avec des moyens de fortune. Mais la biologie synthétique est un domaine en évolution rapide et une vigilance soutenue est nécessaire. Il faut également souligner que la biologie synthétique peut constituer la trame de programmes de recherche civils ambitieux et non répréhensibles, qui peuvent donc servir de "couverture" à des programmes militaires.


 


 

Question de benoit jean-christophe-  35700 rennes - le 21/10/2009
Bonjour,
est-il possible de réaliser des nanomolécules explosives ou neutralisantes non létales injectable à des personnes (ex des prisonniers ), dont l'action serait télécommandable distance
Des terroristes kamikazes seraient-ils interessés pour s'injecter des nanoparticules explosives non détectables ?

Réponse le  27/10/2009

Il existe, au stade de laboratoire, des travaux sur des concepts de nanomatériaux énergétiques pour fabriquer  des microexplosifs, visant par exemple à équiper des "microactionneurs pyrotechniques" ( c'est un peu sur ce principe que fonctionne un airbag d'automobile au niveau du déclenchement). On peut douter cependant que ces composés soient non létaux et faciles à ingérer ou à injecter sans rejet. Par ailleurs, la commande à distance (par telecom?) de ce type de système, qu'il soit explosif ou neutralisant, n'est pas  facilement imaginable en l'état des connaissances actuelles. L'initiation d'une molécule explosive nécessite une forte densité d'énergie locale, surtout si elle est encapsulée. Quant à l'activation d'un système neutralisant, il faudrait qu'il soit actionné en milieu coopératif, sans brouillage du signal à longue portée par exemple.
 
Pour ce qui est de la menace terroriste, il est effectivement possible   d'augmenter l'effet explosif de certains matériaux énergétiques par des charges additionnelles nanométriques. Dans ce cas, les effets sont plus substantiels, mais en contrepartie, ces explosifs ne peuvent être ingérés (bien que les médias aient livré récemment l'information de "kamikazes" utilisant une partie de leur corps pour dissimuler un explosif de taille macroscopique).


En résumé, il faudra toujours une certaine quantité d'explosif pour arriver à des effets létaux et les terroristes chercheront alors à les dissimuler par d'autres moyens. Pour se prémunir contre cette menace,  la solution consiste à étudier des matériaux d'échantillonages qui peuvent piéger les molécules d'explosif de façon sélective et accélérer leur détection précoce : ces matériaux "empreintes" pour la détection peuvent être fabriqués grâce aux nanotechnologies.


De manière générale, les nanotechnologies servent déjà dans la lutte anti-terroriste, par exemple en permettant la réalisation de "scanners" de personnes utilisés dans les aéroports ou dans la réalisation de détecteurs ultra-sensibles pour la recherche de substances explosives ou de virus.

Question de FUMANERI Jeannot-  67800 BISCHEIM - le 19/10/2009
Nanotechnologies - pas de structure de stockage des déchets. Toute technologie a son terrorisme comme risque. Que faire contre ces risques ?

Réponse le  21/10/2009

Les nanomatériaux contenus dans les produits qui deviendront des déchets sont à prendre en compte pour l'évaluation du potentiel de dangers de ces déchets pour les différents compartiments de l'environnement (air, eau, sol). Cette évaluation permettra l'identification de la filière de traitement la plus adaptée. Pour illustration, les puces électroniques contenant des nanomatériaux  sont aujourd'hui dirigées vers les filières de déchets des équipements électriques et électroniques (D3E). Les broyats et résidus de broyats de ces composants contiennent donc des nanomatériaux. Mais le devenir des nanomatériaux dans l'environnement est mal connu, ainsi que leur toxicité pour les écosystèmes (écotoxicité).


Il n'y a à ce jour pas d'élément factuel pouvant laisser penser qu'il existe déjà un "nanoterrorisme" , c'est à dire un terrorisme utilisant sciemment les nanotechnologies pour les potentialités qu'elles apportent ( et non simplement l'utilisation d'un téléphone mobile pour déclencher des explosifs par exemple).


Comme pour les craintes liées au terrorisme nucléaire ou bactériologique, les craintes liées à un éventuel terrorisme  nanotechnologique doivent être tempérées par le très haut niveau technologique requis pour mettre au point de façon crédible des systèmes utilisant les effets liés à l'utilisation de ces technologies, au delà de leur utilisation "rustique", comme cela a pu être évoqué pour le cas de la "bombe sale" ou de la bombe "radiologique".


 

Question de Bégeault Cédric langres - le 19/10/2009
les nanotechnologies pourront-elles aider le pays face aux problèmes de sécurité intérieurs (pour remplacer le bracelet électronique par exemple) et/ou extérieurs (lutte face au terrorisme)?

Réponse le  20/10/2009

Dans le domaine de la sécurité intérieure, comme dans d'autres, les nanotechnologies ouvrent un champ considérable, permettant éventuellement de déboucher sur des outils pouvant contribuer à améliorer les capacités du pays à faire face aux menaces intérieures et externes. Des programmes sont en cours, en particulier dans le domaine de la détection.


Pour ce qui concerne la défense, il ne faut cependant pas compter sur des développements significatifs à court terme, car la maturité technologique actuelle n’est pas suffisante pour les systèmes de défense. Par contre, les forces armées sont aujourd’hui, comme d’autres acteurs, utilisatrices de nanotechnologies. L’utilisation de revêtements anti-corrosion ou de composants électroniques plus performants, ou encore des matériaux résistants à la pénétration, en sont des exemples. Il y aura sans doute davantage de développements à moyen et long terme mais, comme dans le domaine civil, il est difficile de déterminer l’impact des nanotechnologies sur les futurs systèmes de défense, même si on pressent qu’il sera important. L’apport des nanotechnologies est surtout envisagé pour la protection du fantassin et pour son autonomie : uniforme fonctionnalisé (par incorporation de différents dispositifs qui faisaient auparavant l'objet d'équipements  particuliers à emporter en plus), dispositifs de récupération d’énergie, dispositifs individuels et miniaturisés de détection biologique et chimique, assistance médicale à distance. Les nanotechnologies auront également une contribution importante dans l’amélioration des performances de fonctions existantes : vision nocturne, furtivité aux rayonnements électromagnétiques, miniaturisation des drones,  matériaux énergétiques pour la propulsion et la détonique. En résumé, l’impact des nanotechnologies sur les systèmes d’armes sera important à moyen et long terme pour l’amélioration de fonctions existantes, mais aussi pour la réalisation de nouvelles fonctionnalités telles que les textiles décontaminants, les armures souples et peut-être, à très long terme, les revêtements furtifs et la vision à travers les obstacles.