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Les Questions/Réponses reçus par la CPDP seront consultables sur le site de la Commission et figureront dans les archives du débat

Questions traitées pour le mois : Novembre

Question de MIELCAREK Romain STRASBOURG - le 13/11/2009
Question extraite du verbatim de la réunion de Strasbourg, page 43

Je voudrais aborder les applications faites et envisagées pour la défense nationale.
Je vois que beaucoup d'usages sont déjà faits en termes de composants électroniques et de revêtements, principalement dans l'aéronautique. Je vois qu’il y a pas mal de projets intéressants, notamment au niveau de la protection des hommes. Je vois au niveau des armures sur les personnels et je pense qu’il y a aussi des choses à avoir au niveau des véhicules. Je vois également qu'on envisage des systèmes de détection d’engins explosifs improvisés. Et au niveau de tout ce qui est soins apportés aux humains, je vois qu'on parle de premiers soins à distance, et que pas mal de choses se feraient à distance.

La question que je me pose, c’est celle de savoir comment tout cela fonctionne, et surtout à quel horizon on envisage de voir ces choses là apparaître

Réponse le  03/12/2009

Cette question est très vaste et concerne  plusieurs domaines ( aérospatial, terrestre) et probablement plusieurs niveaux de maturité technique selon les applications concernées ( certaines applications évoquées sont déjà en service, d'autres ne le seront que bien plus tard).


Au regard de la défense, les nanotechnologies et nanomatériaux constituent une opportunité qui aura principalement pour effet:


- de pouvoir miniaturiser encore plus certains systèmes et les rendre ainsi plus discrets ou ergonomiques (c'est le même but que celui que poursuivent des électroniciens du domaine civil grand public) ;


- d'améliorer des fonctionnalités, voire de créer de nouvelles fonctionnalités en terme de protection, détection, énergie , etc... .


Les composants électroniques de défense profiteront ainsi (comme leurs homologues civils) de la doctrine "More than Moore" (l'ingénieur Gordon Moore estimait en 1975 que, grâce au progrès de la photolithogravure, le nombre de transistors des microprocesseurs sur une puce de silicium avait de fortes chances de doubler tous les deux ans, ce qui s'est révélé exact) qui sied aux nanotechnologies... Mieux encore : en maîtrisant la matière à l'échelle nanométrique, la transmission d'information pourra tirer parti d'effets quantiques dans la matière.


Le domaine des revêtements qui est évoqué est celui des peintures (nanocharges spécifiques permettant par exemple d'abaisser le rayonnement infra-rouge), mais pourrait devenir aussi,  par exemple, celui de la structuration ordonnée à l'échelle nanométrique permettant d'appliquer les propriétés des métamatériaux et d'aller ainsi vers des propriétés de furtivité inédites (l'horizon de cette application est plus éloigné).


Les applications citées concernant le fantassin sont effectivement quant à elles tournées vers la protection, l'énergie ( l'autonomie) , la détection de menaces et le suivi en service (c'est à dire le diagnostic à distance). Ces applications utiliseront les potentialités d'allègement que pourront apporter les nanomatériaux (nouveaux blindages nanostructurés, c'est à dire utilisant des matériaux métalliques ou composites à grains ultrafins, éventuellement renforcés par des céramiques, voire des nanotubes de carbone) à efficacité équivalente, ou augmentée. Le domaine des armures souples est souvent cité comme une possibilité d'application des nanomatériaux, parce que les fluides rhéoépaississants (c'est à dire que, fluides au repos, ils deviennent résistants quand un impact les force à se déformer) utilisés contiennent des nanobilles : il ne sont pas pour autant en service, et de nombreux problèmes devront être résolus avant de voir des équipements les utiliser (en particulier la sécurité d'utilisation).


Les aspects liés à la détection sont plus originaux parce que les "nez" qui peuvent être mis au point utilisent les technologies de structuration de surface de matériaux dits "empreintes", permettant de cibler des molécules particulières afin de mieux les identifier et permettre ainsi de lancer l'alerte. Ces applications concernent aussi la sécurité, car les empreintes peuvent être élaborées pour détecter de très faibles quantités de molécules d'explosifs.


Le secteur de l'énergie est lui aussi très concerné : le fantassin a besoin d'alimenter de nombreux systèmes sur le terrain ( radio, camera, calculateur, gps ... ). Ce sont des batteries qui lui permettent de transporter l'énergie : avec les nanotechnologies, le fantassin gagnera en autonomie (nombre d'heures disponibles), en ergonomie (poids des systèmes) et en sécurité (possibilité de systèmes de secours basés par exemples sur le photovoltaïque, les piles à combustibles miniatures ... ). Cette possibilité de gérer plus d'énergie apportera à l'équipement du fantassin des systèmes permettant d'établir à distance les principaux diagnostics médicaux d'urgence (température, rythme cardiaque par exemple), et de ce fait le combattant sera en mesure de mieux gérer son effort.


L'ensemble de ces potentialités peut être plus largement détaillé. Un envoi plus documenté pourra vous être adressé prochainement si vous le souhaitez.


 

Question de benoit jean-christophe-  35700 rennes - le 04/11/2009
Est-il possible de réaliser des nano-bombes atomiques (fission et ou fusion) ?

Réponse le  06/11/2009

Il se peut que vous ayez entendu parler de "nanobombes atomiques" utilisées en médecine. Il s'agit d'une expression imagée désignant des nanocapsules contenant un élément radioactif, de demi-vie très courte et utilisées en recherche thérapeutique pour le traitement in situ des tumeurs cancéreuses, notamment aux Etats-Unis.


Cette appellation quelque peu abusive rappelle simplement que ces nanocapsules émettent un rayonnement de même nature (mais évidemment pas de même intensité) que celui engendré par une explosion nucléaire. A ce sujet, des réactions nucléaires à l'échelle nanométrique de quelques atomes ont lieu constamment dans la nature: il s'agit de la radioactivité naturelle.


Fabriquer une bombe atomique nécessite des masses bien plus importantes: plusieurs centaines de grammes de matière fissile et des conditions très particulières de densité pour déclencher une réaction en chaîne et obtenir une véritable "explosion nucléaire". Cette échelle est donc incompatible avec une échelle nanométrique.