Corentin Hendryck, Loon Plage, 13/12/2017

Au dela d’une simple affirmation, il m’intéresserait de savoir comment le projet du port est compatible avec le plan climat énergie territorial du territoire dunkerquois? Et comment ce plan est compatible avec votre projet? Une révision de ce plan s’avérera-t-elle nécessaire ?

 

Réponse du Maître d'Ouvrage : 

Un Plan Air Climat Energie Territorial (PACET) 2015-2021 a été réalisé par la Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD) avec le soutien de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) et de la Région.

 

Dunkerque-Port y a activement participé et s’est engagé en signant la charte ci-dessous :

 

 

DES ACTIONS EN COURS POUR LUTTER CONTRE LES GAZ A EFFET DE SERRE (GES) ET POUR AMELIORER LA PERFORMANCE ENERGETIQUE DU PATRIMOINE BATI

Pour lutter contre le réchauffement climatique, la France a pris l’engagement de diminuer par quatre ses émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050, soit une réduction de 3 % par an. Les ports de France doivent, en collaboration avec l’Etat, jouer un rôle de levier dans l’atteinte de ces objectifs du gouvernement grâce à plusieurs facteurs, dont le report modal. Alors que les ports français desservent des marchés de relative proximité en s’appuyant sur des chaînes logistiques courtes avec un mode routier privilégié, les autres Ports du Range Nord disposent de chaînes logistiques ferroviaires et fluviales développées. Construites dans une logique de conquête du marché à l’échelle de l’Europe, ces flux logistiques permettent un report modal dédié notamment au service de l'hinterland du Benelux et de l'Allemagne.

Pour lutter contre les GES émis, Dunkerque-Port adopte une posture générale afin de limiter les incidences. Il a mis en place dès 2011 des mesures visant à réduire ces émissions de GES, notamment dans les bâtiments, infrastructures et ouvrages directement contrôlés et opérés par Dunkerque-Port. À ce jour, les résultats de ce plan d’actions se font déjà ressentir avec une baisse totale notable des GES liés à ses activités. Cette action positive sera bien évidemment poursuivie et partagée avec l’ensemble des partenaires de la place portuaire.

Au-delà de ces actions déjà en cours, CAP 2020, en rapprochant le site de déchargement des lieux de consommation de la marchandise et en favorisant le report modal depuis la route vers des modes de transport moins polluants, aurait un impact positif par rapport au scénario de référence (déchargement des marchandises pour le marché des Hauts-de-France principalement par les ports du Benelux).

La localisation des surfaces logistiques à Dunkerque, sur des sites à la fois proches des terminaux et des points de reports modaux (voie ferrées, canaux) contribuera également à réduire les impacts du trafic des Poids Lourds, comme précisé dans la fiche en annexe du Dossier du maître d’ouvrage dédiée à ce sujet.

Enfin, en permettant, par l’adaptation de ses infrastructures aux plus grands porte-conteneurs, la Dunkerque-Port favorisera la limitation des GES à travers la massification du transport de conteneurs. En effet, plus le transport maritime est massif moins il est émetteur de GES, comme le montre le graphique ci-dessous.

 

Extrait de “United States Merchant Marine Academy - “Economies of Scale in Container Ship Costs” par Midshipman William Murray » (1 EVP = 1 conteneur)

 

DEVELOPPER DES STRUCTURES LOGISTIQUES POUR ACCUEILLIR DE NOUVEAUX CARBURANTS ET DONC DES NAVIRES ET DES CAMIONS ENCORE PLUS PROPRES

Des technologies nouvelles, moins polluantes, sont actuellement en cours de mise en œuvre (avitaillement Gaz Naturel Liquéfié (GNL) pour les PL, branchement électrique à quai des navires dès 2018). Des études sont également engagées pour permettre le plus rapidement possible la réalisation d’un avitaillement GNL pour les navires.

Dunkerque-Port veillera à inciter, ses partenaires à utiliser ses nouveaux services.

Avec la mise en service du terminal méthanier dès 2017, Dunkerque-Port et son partenaire DK LNG envisagent de mettre en place un complexe d’avitaillement GNL qui permettra aux navires de répondre aux stipulations de la convention Marpol VI* et à la directive européenne imposant un taux de soufre de 0,1 % dans les émissions des navires. En effet, les armateurs disposant d’une motorisation GNL, solution technique qui s’avère la plus fiable et la plus pérenne économiquement, pourront s’avitailler à Dunkerque. Ce service d’avitaillement GNL, déjà disponible à Anvers, Rotterdam et Zeebrugge, et proposé dès 2018 par le port de Dunkerque, présente un réel atout pour attirer les lignes maritimes passant par le détroit.

Plusieurs entreprises de transport routier ont d’ores et déjà engagé la mutation de leur flotte de camions vers le GNL. L’armateur CMA CGM a annoncé à l’automne 2017 sa décision de faire construire 9 gros porte-conteneurs dernière génération avec une propulsion au GNL.

 

 avitaillement GNL

 

FACILITER LE REPORT MODAL DU ROUTIER VERS LE FLUVIAL ET LE FERROVIAIRE

Les ports constituent de véritables plateformes multimodales disposant de nombreuses utilités et d’infrastructures de transports, fluviales, ferroviaires, routières et maritimes nécessaires au pré et post acheminement.

Les études conduites par Dunkerque-Port pour déterminer les variations de trafic ferroviaire, fluvial et routier sur le long terme montrent que l’augmentation massive des trafics conteneurs liés au projet CAP2020 est une opportunité pour renforcer l’offre multimodale du port et permettrait de faire passer la part routière de 80 % à 49 % à l’échéance 2035, principalement au profit du mode ferroviaire.

Un changement d’échelle pour un meilleur report multimodal

Le graphique ci-après indique l'évolution de la répartition modale par phase de réalisation du projet pour l'ensemble de la filière conteneur (y compris le terminal de Flandre).

Le projet permettant par un effet de seuil, un meilleur report multimodal vers le fer et le fluvial.

Répartition modale actuelle et future (source : SYSTRA, 2015)

 

ACHAT DE VEHICULES PLUS PROPRES ET PROMOTION DES DEPLACEMENTS ACTIFS EN INTERNE

Une étude est actuellement en cours afin de préciser l’opportunité de revoir la flotte de véhicules internes, en tenant compte des missions particulières que Dunkerque-Port doit assurer.

Un Plan de Déplacement en Entreprise est également en cours d’élaboration dans le but d’identifier et de promouvoir les pratiques de mobilité les plus vertueuses au sein de Dunkerque-Port.

CONTRIBUER A LA MAITRISE DE LA DEMANDE ENERGETIQUE DES INDUSTRIELS

Le port de Dunkerque bénéficie d’un tissu industriel diversifié et puissant lui permettant de passer d’une économie linéaire à une économie de cycle, plus vertueuse de l’environnement.

À ce titre, Dunkerque-Port, en lien avec la chambre de commerce et d’industrie, l’agence d’urbanisme et de développement de la région Flandre Dunkerque (AGUR) ainsi que la communauté urbaine de Dunkerque favorisent la coopération entre les entreprises pour économiser les ressources. Les travaux menés sur le dunkerquois montrent le dynamisme des relations et des échanges interentreprises et sous-tendent l’idée de possibles partenariats pour la mise en place d’un réseau environnemental et de ressources.

L’objectif premier du port est de contribuer d’une part au maintien et au développement des entreprises en place et d’autre part à la création de nouveaux sites industriels. Pour ce faire, le port vise à l’établissement d’une écologie industrielle durable et d’un tissu économique favorable au coeur duquel ces entreprises se trouvent liées entre elles : les coproduits, flux énergétiques, chaleurs fatales et déchets industriels de l’une pouvant directement être réutilisés comme ressources pour les productions de l’autre.

Le but final est de réaliser un bouclage de flux de matières, d’énergie et de logistique à l’échelle du site portuaire.

À ce titre, le Dunkerquois est le premier bassin d’emploi à posséder un outil de compréhension de l’économie locale depuis 2009 : la Toile Industrielle®. Il s’agit d’une représentation des flux inter-entreprises dans le bassin d’emploi de la communauté urbaine de Dunkerque.

Les liens commerciaux établis avec les grands marchés internationaux, les ports et les sous-traitants y sont identifiés. Cet outil permet d’assurer le partage de l’information et l’accompagnement des coopérations entre unités de production. C’est aussi et surtout un support pour construire l’avenir économique du territoire. Grâce à l’appui des partenaires de l’AGUR, notamment la communauté urbaine et le port de Dunkerque, la toile est régulièrement mise à jour et poursuit son développement numérique.

Cette toile permet d’apporter aux entreprises un meilleur service et une meilleure vision des occasions offertes pour une implantation sur le domaine portuaire en prenant en compte les enjeux de maîtrise de l’énergie et des ressources en général.

Ainsi se trouve en particulier recherchée à l’échelle du port une efficience et une maîtrise énergétiques effectives.

AMELIORER LA CONNAISSANCE DES ENJEUX DE LA BIODIVERSITE SUR LE TERRITOIRE PORTUAIRE

Responsable et acteur de la protection de l’environnement sur son site, Dunkerque-Port en a réalisé un inventaire complet des espèces (faune, flore) et des habitats en 2008.

Cet inventaire a été actualisé en 2011 et en 2016.

Cet inventaire a également donné à Dunkerque-Port une connaissance fine des enjeux écologiques présents sur son domaine.

Sur cette base, le port a élaboré, entre 2009 et 2011, en associant les collectivités, les services de l’État et les associations environnementales, le Schéma Directeur du Patrimoine Naturel (SDPN). Validé à l’unanimité par le Conseil national de la protection de la nature en 2011, cet outil, qui sera mis à jour début 2018, vise à mener une politique responsable d’aménageur et de gestionnaire de milieux naturels, tout en améliorant et en partageant la connaissance des milieux naturels.

CONTRIBUER A REDUIRE LA VULNERABILITE DU TERRITOIRE FACE AUX CONSEQUENCES DU DEREGLEMENT CLIMATIQUE

La problématique de gestion du trait de côte, et notamment la lutte contre l’érosion et les risques de submersions marines, est étudiée depuis de nombreuses années, notamment sur les zones littorales présentant de forts enjeux en termes de présence humaine. L’importance de ces enjeux a incité la mise en place de politiques en faveur de la protection des zones littorales au travers de la gestion de l’érosion côtière.

Ainsi, différents textes réglementaires ont vu le jour, aussi bien à l’échelle européenne que nationale pour protéger les espaces urbanisés ou industrialisés, les ports et les espaces générant des activités touristiques balnéaires ou récréatives.

Le littoral de la Manche-mer du Nord fait face, à ce titre, à des défis majeurs liés à la perspective du changement climatique qui impose de repenser la gestion du trait de côte et la protection des populations et des biens contre les submersions marines. Dans ce cadre, une partie des matériaux du projet CAP 2020 contribueront, sur la façade littorale du port (17 km), à la lutte contre l’érosion littorale et le renforcement des ouvrages de protection contre les actions hydrodynamiques.

Des opérations d’investissement de Dunkerque-Port (terminal méthanier et digue des Alliés) ont déjà permis de recharger très fortement le trait de côte.

Pour concevoir et suivre ses opérations, Dunkerque-Port a développé un savoir-faire et une expertise particulière, sur la thématique des envols de sables par exemple, ou encore sur les modes de rechargement de plage. Un partenariat de long terme a été engagé depuis une dizaine d’années avec l’Université du Littoral et de la Côte d’Opale, afin d’assurer un suivi régulier du trait de côte et de contribuer à la recherche scientifique.

Une autre part des matériaux issus du creusement des bassins serait valorisée dans le cadre du projet pour la création des terre-pleins nécessitant un rehaussement du terrain naturel et le rehaussement des terrains nécessaires aux développements logistiques et industriels du port. Ces travaux contribueraient également à la protection contre la submersion marine

Le projet CAP 2020 permettrait d’apporter les volumes de matériaux nécessaires pour remplir ces deux objectifs : rechargement du trait de côte et protection contre la submersion marine.

 

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