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Point de vue n°38

Cahier d'acteur n°19 - IESF

IESF (Paris) Représenté(e) par M. Edouard FREUND, Président du Comité Energie Site internet

"Le développement des énergies renouvelables intermittentes n'est pas une priorité aujourd'hui pour la France métropolitaine, compte tenu de leur coût total très élevé et de leur impact négatif sur les émissions de CO2. Nous recommandons de ne pas réduire la part du nucléaire, de favoriser les énergies renouvelables pilotables, notamment la biomasse, et de focaliser les subventions sur l'efficacité énergétique."

Commentaires

Les 5 lignes générales que vous proposez me semblent réalistes, et équilibrées.
C’est là une approche systémique qui intègre bien l’ensemble des préoccupations de l’homme moderne, en les exprimant dans un ordre convenable : recherche de sobriété et d’efficacité, diminution des émissions de CO², maîtrise économique, progressivité quant à la réduction du nucléaire et priorité au développement des énergies pilotables, soutien à la R&D dans tous les domaines de l’énergie. Nous sommes ainsi avec votre cahier d’acteur loin de certains scénarios issus de partis pris qui mettraient en danger notre économie et les grands équilibres sociaux, économiques et environnementaux de notre pays.
J’ajouterais toutefois une sixième préoccupation, qui est la protection de l’environnement : celle-ci ne peut pas seulement s’analyser en la maîtrise des gaz à effet de serre, elle doit intégrer également le souci de préserver le cadre de vie, de développer l’attractivité des territoires ruraux (qualité des paysages, patrimoine, tourisme) et de respecter la biodiversité, thème particulièrement important à l’heure où l’on s’étonne de voir disparaître les insectes, de moins entendre le chant des oiseaux au printemps …
Ainsi, et pour en revenir aux énergies, je lis en page 10 du document de synthèse proposé au débat public que les choix de développement de chacune des filières d’énergie renouvelable devront tenir compte de plusieurs enjeux parmi lesquels les coûts, l’insertion dans le réseau, et l’environnement « les impacts des installations de production d’électricité doivent être maîtrisés, qu’il s’agisse des impacts liés à leur implantation (pression foncière, respect des zones sensibles), ou ceux liés à leur exploitation (par exemple la pression sur la ressource en biomasse) ». J’en parle ici parce que :
. implantations de production : je viens de constater pas très loin de chez moi en Aveyron que pour implanter des éoliennes il vient d’être supprimé une zone humide cependant répertoriée de plus de 10 000 m². C’est incohérent, il va donc falloir que les services de l’Etat dont c’est la mission veillent à mettre de la cohérence dans le système.
. pression sur la ressource : la région Occitanie dans son scénario 2050 prévoit 13 000 TWh de production électrique bois-énergie, ce qui correspond à 40% de trop par rapport à la ressource régionale effective en bois (10 millions de m3 par an), a fortiori dans un contexte de réchauffement climatique où la repousse sera plus lente. Tuer ainsi la forêt, c’est peut-être bon pour l’énergie (et encore, çà se discute au plan du bilan carbone), mais ce n’est globalement pas bon pour la planète : c’est une vue de la question, ce n’est pas la vue globale.

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Ingénieur moi-même, j'ai été très déçu par ce cahier d'acteur qui de mon point de vue ne fait pas preuve de la rigueur scientifique attendu d'un ingénieur. De nombreuses analyses notoires contredisent un bon nombre des hypothèses que vous semblez avoir retenues, à commencer par les critères économiques.

S'il est juste que les énergies renouvelables que vous appelez intermittentes produisent de façon variable, il est inexact de considérer qu'il faut nécessairement les assortir de moyens de stockage. En effet, la variation de la production étant liée à la météo, celle-ci est prévisible et peut donc être anticipé avec le recours à d'autres moyens de production tels que l'hydroélectricité par exemple.
Les derniers chiffres sur les coûts de production de l'électricité nucléaire qu'il s'agisse des installations amorties en incluant la prolongation de la durée de vie des centrales ou de la nouvelle génération EPR ne vont pas dans le sens que vous indiquez. A savoir que ce sont les énergies renouvelables qui sont compétitives. Vous indiquez par ailleurs que tous les coûts liées à ces énergies ne sont pas toujours comptabilisées. C'est sans doute vrai, mais cela est presque amusant lorsque l'on compare avec l'énergie nucléaire dont personne n'est capable de chiffrer ni le traitement des déchets, ni le démantèlement. Des sujets sur lesquels les énergies renouvelables posent bien moins question.

Là où je vous rejoins, c'est sur les investissements insuffisants réalisés aujourd'hui sur l'efficacité énergétique.

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Tout à fait en phase avec cette présentation et sa conclusion.
Pour Thomas : je vous conseillerai de potasser la mîne de données que nous procure le site de la PPE, comme je l'ai fait depuis un mois (voir mon "point de vue" citoyen n°65 PUIG66), pour vous aider à consolider votre avis.

84100

Vous dites:

"S'il est juste que les énergies renouvelables que vous appelez intermittentes produisent de façon variable, il est inexact de considérer qu'il faut nécessairement les assortir de moyens de stockage. En effet, la variation de la production étant liée à la météo, celle-ci est prévisible et peut donc être anticipé avec le recours à d'autres moyens de production tels que l'hydroélectricité par exemple."

J'espère qu'en tant qu'ingénieur, vous ne construisez pas des ponts, car je ne voudrais en aucun cas passer dessus.

Vous affirmez cela sans avoir aucune idée des ordres de grandeur. Evidemment, si la capacité des ENR aléatoires est faible par rapport à la capacité hydraulique, ça peut marcher.Mais ce n'est pas la situation visée par la PPE, puisque nous avons déjà 21 GW de capacité dENR et qu'il est question d'augmenter encore. Or nous ne pouvons mobiliser guère plus de 15 GW d'hydraulique et encore,pas en toutes saisons.
En réalité, les prévisions meteo servent à anticiper et ajuster le nombre de centrales nucléaires qu'on va mettre sur le réseau.
L'hydraulique (et bientôt, des centrales à gaz si on continue de développer les ENR) servent au back up des variations rapides, qui existent, comme je l'ai démontré dans mon point de vue "Il y a des jours sans vent"

Vous devriez étudier comment fonctionne le réseau de production et distribution français avant de critiquer la "rigueur" d'une association d'ingénieurs et de scientifiques forte de 1 million de membres...

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