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Point de vue n°56

Cahier d'acteur n°28 - Fondation Concorde

Fondation Concorde (Paris) Représenté(e) par M. Michel ROUSSEAU, Président Site internet

La Fondation Concorde propose de renoncer à l'objectif de la loi de transition énergétique qui vise à investir lourdement pour remplacer prématurément le système électrique français actuel –un des plus performants au monde sur le plan économique et écologique- par un système électrique hypothétique basé sur les énergies renouvelables intermittentes qui n'a encore jamais fait ses preuves nulle part dans le monde.

Commentaires

La fondation Concorde qui se veut un think tank d'excellence et de référence (!) n'a pas produit une tres bonne copie...

En dehors du fait d'etre mal structuré (avec des soucis de mise en page que la CNDP aurait du corriger), ce cahier d'acteur nous sort les arguments classiques sur l'inutilité des EnR dans notre mix energetique.

1- la fondation concorde se dit tournée vers les TPE/PME et la petite industrie mais elle doit oublier que les EnR et le secteur de la maitrise de l'energie en France sont justement developpes par un grand nombre de TPE/PME innovantes qui créent des emplois pérennes et a haute valeur; pourquoi les oublier dans votre cahier d'acteurs si vous y êtes sensibles?

2-" La Fondation Concorde propose de renoncer à l’objectif de la loi de transition énergétique qui vise à investir lourdement pour remplacer prématurément le système électrique français actuel –un des plus performants au monde sur le plan économique et écologique- par un système électrique hypothétique basé sur les énergies renouvelables intermittentes qui n’a encore jamais fait ses preuves nulle part dans le monde."
Le ton est donné: a bas les EnR et vive le nucleaire... un peu basique...

Ensuite s'enchainent tous les arguments classiques anti-EnR en indiquant que le nucleaire etant deja decarboné il faut se preoccuper du chauffage et des transports mais aucune proposition n'est faite dans ce sens alors que tous les arguments sont énoncés pour indiquer que développer les EnR n'est pas une bonne idee...:

3- EnR trop chères et subventions abondantes: ces malheureuses EnR font effectivement l'objet de subventions mais vu que votre priorité est de decarboner chauffage et transport, pourquoi ne pas rappeler que - aujourdhui encore - les energies fossiles cristalisent plus de subventions que les EnR?
Le coûts des EnR: les EnR - contrairement au nucleaire- ont un cout de production (raccordement compris!) qui n'a cessé de diminuer en à peine 2 décennies. Et effectivement les tarifs accordés aux derniers parcs solaires et éoliens francais sont du même ordre que l'ancien nucleaire (de l'ordre de 60 €/MWh) et plus bas que l'EPR (estimé à environ 100€/MWh). Le nucleaire a par contre la facheuse tendance à voir ses investissements augmenter avec le temps du fait des enjeux de grand carénage, d'amelioration de la sûreté, de gestion des dechets etc.
Ainsi, le prix de l'electricite des consommateurs en France n'a pas augmenté et ne va pas augmenter QUE a cause des EnR comme vous semblez l'insinuer maladroitement.

4- reseau instable, besoin de solutions de stockage inexistantes: l'Ademe et RTE (qui connaissent plutot bien le reseau electrique francais) ont confirmé que le reseau peut supporter une augmentation forte des EnR sans le déstabiliser et des solutions intelligentes sont justement développées pour encore améliorer cette intégration des productions décentralisées. Pourquoi continuer a tenter de prouver le contraire ?

5- "L’augmenter à une proportion de 30% comme le prévoit la loi de transition énergétique doublera la facture d’électricité des consommateurs français et occasionnera la perte de 200 000 emplois découlant du recul du pouvoir d’achat des Français." ??! Pourriez vous svp detailler vos estimations (sources?). Vous n'etes pas sans savoir que, EnR ou pas, le prix de l'électricité pour le consommateur ne va pas cesser d'augmenter, cf supra: le nucleaire va vers une periode d'enormes investissements qui vont forcement se ressentir sur nos factures.. tout mettre sur le dos des EnR est un peu simpliste... quant à la perte des emplois...

6- "Ces énergies diffuses à faible densité énergétique sont
donc caractérisées par une forte intensité matière qui
pose la question des réserves de minerai pour le lithium,
le cobalt, le nickel, le cuivre et le platine."
Encore un argument choc non prouvé: extrait du cahier de l'Ademe: "Les besoins en matériaux critiques souvent évoqués pour le photovoltaïque ou l’éolien sont
en fait limités à quelques technologies qui représentent
une part minoritaire du marché"; par ailleurs, sachez que 90% d'une eolienne ou d'un panneau PV se recyclent (notamment l'acier !) Et il n'y a pas de matieres dangereuses, sûrement moins que dans nos électroménagers...

Bref... cahier peu utile qui n'apporte rien au debat et qui tente maladroitement de faire porter tous les maux aux EnR sans comprendre pourquoi elles peuvent etre interessantes et pourquoi on a intérêt en France a diversifier notre mix, avec un intérêt notamment pour nos TPE/PME qui sont plus innovantes et regardent plus vers l'avenir que semble le faire la Fondation Concorde..

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Le cahier d'acteur de la fondation Concorde est surprenant à plus d'un titre, voici pourquoi :
Le nucléaire français n'est plus capable de produire 400 TWh.
La part du nucléaire dans la production électrique mondiale est de l'ordre de 10 à 11%. La France, et les Etats Unis qui ferment des centrales non rentables, s'en partagent quasiment la moitié..
En France avec 416 TWh en 2015, 384 en 2016 et 379 en 2017, le facteur de charge passe de 75% à 68,5%. Si cela continu, nous allons devenir importateurs...
Pas vraiment glorieux alors que les dernières éoliennes offshore flottantes Hywind en Ecosse viennent de faire 65 % ,certes sur les mois de novembre 2017 à mars 2018. Installées tout récemment en octobre dernier, on peut s'attendre de plus à des améliorations. C'est bien sur un cas particulier mais cela doit être cité.
Parmi les pays cités en exemple, seule la suède comporte encore un socle nucléaire important, l'Islande, la Norvège, la Suisse qui vient de renoncer au nucléaire et le Brésil sont surtout riches de productions hydrauliques et se tournent vers les renouvelables.
Parler d'énergies renouvelables, c'est embrasser une variété riches de différences et de complémentarités dans la variabilité et la prédictibilité à des termes différents. Une richesse telle que les qualités de l'une effacent les aléas d'une autre.C'est cela le mix.
Ce n'est pas de l'utopie, c'est une chance!!
Une chance pour notre pays une fois de plus béni des dieux avec le vent, le soleil, la géothermie, la biomasse, le bois énergie et toute la gamme des énergies marines utilisables sur notre immense domaine maritime.
Le vilain mot d'intermittence est manié abusivement et de nombreux pays alignent d'ores et déjà des scores bien plus élevés que les nôtres en part de production à partir d'énergies nouvelles et propres sans troubles particulier.
A ce sujet doit on rappeler que chaque citoyen de notre pays devra rendre compte sur la quantité et la nocivité des déchets qu'il laisse pour des siècles aux générations futures.
Si l'utopie, c'est de vouloir être propre, nous ne pouvons que conclure que la vision exprimée par la fondation Concorde est tournée vers le passé.
Oui le nouveau nucléaire sera plus cher que bien des ENR et surtout évitons de vouloir être plus lucide sur le coûts des démantèlement à venir ou du stockage des déchets. les comparaisons internationales laissent supposer que les chiffres officiels pour notre pays sont pour le moins tolérants.
Enfin, puisque l'Allemagne est citée, il faut se rendre à l'évidence: Ce pays paye aussi une facture énergétique un peu plus importante que celle de notre pays. Celle là même derrière laquelle nous nous abritons souvent pour expliquer nos déficits. Pourtant et malgré un prix de l'électricité effectivement plus élevé, l'excédent de la balance commerciale allemande devrait nous rendre très humble.
De même réduire le stockage aux batteries reste partisan tant les solutions technologiques fourmillent et se développeront en parallèle du développement des ENR. Qu'on songe au gigantesque stockage d'énergie que représente l'eau des océans, du vent ou du soleil. Apprivoiser ces sources n'est pas de l'utopie, c'est tout simplement en cours et c'est bien cela que les générations passéistes redoutent.
Alors, oui la France a encore besoin d'un socle nucléaire pour un certain temps mais n'oublions pas que les scénari 100% renouvelable existent et que ce chemin est celui de la sagesse et au passage de la paix.
Encore un dernier mot pour remarquer que les comparaisons des prix d'énergies renouvelables entre pays semblent étrangement corrélées au niveau de complexité imposé par la technocratie. Voici encore matière à réflexion au moment ou on voit de nombreux projets en Europe se passer de toutes subventions.

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