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Point de vue n°58

Cahier d'acteur n°30 - Société Française de Physique

Mayline ANONYMISé (paris) Site internet

La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) s’inscrit dans le cadre de la Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV). Cette loi a entrainé des modifications du code de l’énergie et les objectifs à moyen-long terme de la politique énergétique sont inscrits dans l’article L100-4 de ce code. Au moment de la discussion parlementaire de cette loi, la Société Chimique de France (SCF) et la Société Française de Physique (SFP) avaient attiré l’attention du législateur sur l’incohérence des objectifs chiffrés de la loi quant à la place du nucléaire vis à vis de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Très récemment, la SCF et la SFP ont émis une position commune sur l’énergie qu’elles ont adressée à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) et aux ministères concernés par l’énergie. Dans cette prise de position, les deux sociétés savantes appellent le Gouvernement et le Parlement à mettre en place une instance d’évaluation scientifique de la politique énergétique. Cette instance serait composée de scientifiques issus des sciences naturelles et des sciences humaines et sociales.

Commentaires

Dans la position commune SFP/SCF la seule proposition claire qui en ressort est que le gouvernement est invité à creer une commission. Ceci appelle plusieurs remarques :

- Il existe déjà une commission : l’OPECTS (office parlementaire des choix scientifiques et techniques) qui fait appel à de nombreuses expertises et qui a déjà rendu des rapports pertinents sur ce sujet. Que les gouvernements successifs ont superbement ignorés…
- Une commission composée uniquement de scientifiques aurait des relents de « gouvernements des experts », concept très impopulaire alors que l’OPECTS les associe avec des élus
- Si par le plus grand des hasards cette humble proposition était acceptée, le temps que ladite commission soit nommée, se mette en place, débate, conclue, rapporte, etc., le débat sur la PPE sera passé depuis longtemps et la loi votée…

Ne serait-il pas plus indiqué de prendre une position un peu plus ferme à propos des échecs et des gaspillages de la politique énergétique actuelle, au mépris du bon sens ? L’Académie des Sciences l’a fait. Certes, il faut ménager les diverses chapelles et susceptibilités, mais au risque d’être totalement inefficace !

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Le cahier d'acteur mis en lien contient beaucoup d'affirmations de bon sens. Le fait que la LTEPV n'ait donné lieu à aucune expertise scientifique sérieuse comme celles qu'aurait pu donner les Académies des Sciences et des Technologies est parfaitement regrettable et s'est d'ailleurs illustré par l'abandon de l'objectif temporel de réalisation des objectifs de la LTE par le présent gouvernement. La tenue d'un débat public sur la PPE, pour intéressante qu'elle soit, ne devrait pas tenir lieu d'une telle consultation des plus hautes autorités scientifiques du pays. On peut rejoindre le cahier d'acteur de la SFP et de la SCF en recommandant la création d'un véritable Conseil Scientifique auprès de la Présidence de la République et du gouvernement analogue aux "United States President's Council of Advisors on Science and Technology (PCAST)" et "Council for Science and Technology (CST)" du Royaume Uni. Les membres de ce Conseil Scientique pourraient être nommés par les Académies citées plus haut. Ce Conseil devrait donner des recommandations purement scientifiques et techniques en toute indépendance et sans jugement de valeur sur les projets du Président et du Gouvernement

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Ce cahier d'acteur expose de manière claire des éléments que chacun devrait connaître sur l'énergie et la situation énergétique française. Mais ce n'est qu'en lisant entre les lignes que l'on comprend qu'il dénonce en fait la politique énergétique française qui ne connaît pas ces éléments puisqu'elle fait fi des lois de la physique.Il aurait mieux valu être plus direct pour se faire bien comprendre.
Deux autres points faibles: - les combustibles fossiles y sont très peu traités, alors qu'ils représentent l'essentiel de l' approvisionnement mondial en énergie primaire. Dire que le pétrole et les produits pétroliers ont encore de beaux jours devant eux n'est guère informatif et ce n'est pas bien connaître le sujet. En fait, on est probablement très près du maximum possible de production, et cela risque d'être , par nécessité, le véritable moteur de la transition énergétique, même en France, qui reste très dépendante du pétrole- 2 On ne rappelle que brièvement que c'est grâce au nucléaire que la France consomme relativement peu de combustibles fossiles et produit donc relativement peu de CO2. Il aurait fallu insister plus là-dessus dans le chapitre dédié, et rappeler que grâce à lui, nous étions le plus en avance des grands pays industrialisés dans la "décarbonation" de l'énergie, et non, comme on nous le rappelle sans arrêt, en retard dans la transition énergétique .

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Selon le texte de la SFP, « Grâce à l’électronucléaire, la France émet moins de gaz à effet de serre que les autres pays européens, 4 tonnes de CO2 par habitant contre 8 à 9 ailleurs dans l’union. »
Je ne suis pas sûr que la faiblesse des émissions françaises soit due uniquement à l’électronucléaire. Les émissions par habitant sont extrêmement différentes : 8,8 en moyenne pour l’Europe, en effet, mais 11,4 pour l’Allemagne, 5,6 pour la Suède, et plus de 20 pour le Luxembourg. Je pense qu’il y a d’autres raisons. Notamment la faiblesse de l’industrie française : nos produits sont achetés en Chine, et c’est en Chine que leur fabrication dégage du dioxyde de carbone
(https://www.umweltbundesamt.de/daten/klima/treibhausgas-emissionen-in-de...)

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L'industrialisation joue sûrement un rôle. Le plus simple est de se concentrer sur la production d'électricité. La France produit 553 TWh/a et l'Allemangne 600TWh/an.
Par kWh les émissions en France sont de 32 g, celles de l'Allemagne de 390g. Au bout du compte, dans le secteur de production d'électricité la France émet 18 MtCO2 et l'Allemagne 234. Par habitant cela signifie que les français émettent 0,3 tCO2/ha et les Allemands 2,9 tCO2/ha
Au total les Allemands émettent 9,4 tCO2/ha et les Français 5,75. Avec un système électrique français ayant les mêmes performances que l'allemand nous en serions 8,35 tCO2/ha. On peut dire que la structure de l'électricité représentent les 2/3 de la différence entre France et Allemagne, 1/3 relevant de la différence de niveau d'industrialisation

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