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Point de vue n°29

Commentaires

Vous dites:

"Le débat entre Olivier Lamarre (EDF) et Yves Marignac (WISE) souligne cette
différence : le premier propose d’aborder le calcul dans le contexte actuel français en
prenant en considération le fait que l’outil de production nucléaire existe et qu’il est
préférable d’en tirer bénéfice.
Le second défend, au contraire, le raisonnement en « coût complet économique »,
considérant que le choix entre le nucléaire et les énergies renouvelables doit s’inscrire
dans une logique de long terme. Pour lui, le raisonnement en termes de « coûts
restant à engager » revient à se soumettre aux choix passés et conduit à renoncer à
investir dans des solutions alternatives en accentuant une « dépendance au chemin
emprunté » déjà bien établie."

Mais le choix que vous proposez entre ENR et nucléaire n'est pas le bon. En l'absence de technologies de stockage validées à hauteur des besoins, le choix serait entre nucléaire et fossile, puisque l'intermittence aléatoire implique des moyens pilotables de capacité égale aux besoins à la pointe.

75013

Monsieur Marignac "oublie" de préciser que le coût supporté par le consommateur final n'est pas celui de telle ou telle source d'électricité mais celui du mix où les diverses sources sont associées. Or, du fait de leur intermittence, en l'absence de capacités suffisantes de stockage, éolien et solaire doivent être constamment assistés de sources pilotables, nucléaire et hydroélectricité en France, combustibles fossiles,nucléaire (pour l'instant) et un peu de biomasse et d'hydroélectricité en Allemagne. Ils font baisser la production de ces centrales pilotables (ce qui en augmente le coût de production) mais ne peuvent en diminuer la puissance totale, qui garantit la consommation d'électricité en cas de chute de la production de l'éolien et de solaire, qui peut certains jours descendre jusqu'à 1 % de leur puissance nominale. En substance les puissances d'éolien et de solaire s'ajoutent aux puissances de centrales pilotables, mais ne les remplacent pas.
Il en résulte que:
1 le prix au kWh d'un mix comprenant de l'éolien et du solaire, aussi bas soit leur coût de production, sera toujours plus élevé que celui d'un mix n'en comprenant pas, d'autant plus qu'il faut profondément transformer le réseau électrique pour en insérer de grandes quantités dans le mix. C'est bien ce qu'on constate en Europe de l'Ouest, où le prix de l'électricité pour les ménages croit avec la proportion d'éolien et de solaire dans le mix.
Notons que si l'assistance pouvait se faire un jour par stockage, il faudrait ajouter le coût de ce stockage à celui de l'électricité produite !
2- l'éolien et le solaire ne sont pas plus renouvelables que les combustibles des centrales qui les assistent. Ceci n'est plus vrai si l'assistance se fait avec de l'hydroélectricité, mais les possibilités sont ici limitées.
Le dossier du DMO n'explique en rien ce problème fondamental, qui pourtant n'est pas plus difficile à comprendre que les problèmes que l'on posait autrefois aux candidats au certificat d'études. Le débat sur la PPE est donc faussé dès le départ. Si c'est volontaire (est-ce le cas?), c'est en contradiction avec la volonté de transparence affichée par ses organisateurs?

17530

Comparer le cout du nucléaire à celui de l'éolien et du solaire n'a pas de sens. Le nucléaire est un moyen pilotable alors que le renouvelable intermittent ne l'est pas. Il convient donc de comparer le nucléaire à un mix éolien - photovoltaïque rendu pilotable par des investissements complémentaires en moyens de stockage, extensions des réseaux de transport de l'électricité et instruments de pilotage de la consommation (réseaux intelligents). Pour être objectif, il faudrait même ajouter les coûts économiques induits par les effacements liés au pilotage de la consommation.
D'autre part, il y matière à étonnement à considérer que le coût futur du nucléaire devienne supérieur à celui du renouvelable, alors que l'éolien et le solaire mobilisent bien plus de ressources terrestres à énergie produite identique : 5 à 10 fois plus de béton, d'acier, d'aluminium et de cuivre (cf l'étude de l'Association nationale de coordination de la recherche pour l'énergie, les études d'Olivier Vidal du CNRS, la thèse de Florian Fizaine..). N'y aurait-il pas quelques effets de biais dans les chiffrages actuels ?
1) pour le renouvelable on se réfère à des prix de série alors que la référence du nucléaire futur est le prix du prototype de Flamanville.
2) on applique au nucléaire un coût du capital (via un taux d'actualisation arbitrairement fixé à 8%) bien supérieur au coût du capital effectivement supporté par EDF. Selon les comptes publiés par EDF de 2014 à 2017, les intérêts et dividendes versés ont représenté
en moyenne sur la période 3% du capital propre et de la dette. Cela correspond d'ailleurs au taux d'actualisation recommandé pour déterminer le coût des investissements publics (3à 4%) ainsi qu'au taux d'actualisation imposé à EDF pour fixer le montant des provisions en vue du démantèlement des centres nucléaires.
Il y a vraiment besoin d'alimenter le débat sur l'avenir de la production d'électricité par des informations plus cohérentes et objectives quant à leurs coûts respectifs.

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