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AVIS 382 / Les faux utopistes
Ajouté par Georges CHICH, CADO (OULLINS), 24/03/2013
Après avoir entendu le président du Grand Lyon clore le débat en reprenant presque mot à mot son discours d'ouverture du débat en novembre, je me dis que le chantre des fausses utopies est bien Monsieur Gérard Collomb qui promet des lendemains qui chantent : les constructions ultra écologiques, la voiture électrique, des transports en commun nouveaux, une croissance économique avec des emplois et caetera. Où sont les doux rêveurs ? Sont-ce les gens qui ne croient pas à une ville mégalopole sillonnée de voies routières toujours plus nombreuses ou ceux qui projettent à vingt ans la ville hyperdéveloppée dans un contexte de croissance effrénée ? Nous sommes les vrais réalistes qui pensons qu'on ne peut pas promettre tout et n'importe quoi. Nous pensons que le développement de la ville doit être raisonné et emprunter la voie d'une sagesse écologique.

La crise de l'énergie impose d'aider nos concitoyens à préparer un avenir différent où le partage des espaces communs devra être démocratiquement choisi. La place de la voiture individuelle qu'elle soit électrique ou à essence, les pratiques économiques, la localisation des emplois et des activités économiques, le rythme de la vie quotidienne, la revalorisation des activités citoyennes et de la solidarité entre générations, et entre groupes sociaux, tout cela devra être repensé intégralement.

Ce n'est pas en grevant l'avenir d'une dette encore plus importante que nous pourrons enclencher les nécessaire réformes. On voit bien comment la stratégie visant à disqualifier par tous les moyens les avis contraires de quelques experts (Charles Raux, Le cabinet TTK) devient le dernier argument. Ce ne sont pas les interventions de quelques lobbies industriels, disant sans le prouver que les entreprises ont besoin de ce TOP, qui pourront étayer cette vision archaïque.
Quand on entend Monsieur Collomb, on a l'impression que l'emphase tient lieu d'argumentaire. Il est bien dommage que ce débat n'ait pas une seule seconde profité au maître d'ouvrage.
Nul n'a réussi à démontrer que le TOP n'ouvrirait pas la voie à une seconde phase d'étalement urbain à l'ouest, isolant encore plus les communes de la couronne de leur insertion dans le paysage. Nos utopistes ont peur d'un tramway passant dans la grande rue d'Oullins, mais il ne craignent pas d'installer un long tuyau à voitures !

Une conduite politique de qualité ne poserait pas le problème de cette façon, qui conduit à opposer artificiellement les citoyens d'une zone à ceux d'une autre. Une conduite politique de qualité poserait plus humblement le problème de la pollution, des congestions, du choix de développement de la ville, de l'évolution des façons d'habiter et de se déplacer. La solution n'est pas facile. Elle requiert de l'imagination. On ne vivra pas dans vingt ans la ville comme on la vit aujourd'hui. Peut-être devrons-nous partager davantage le travail, peut-être devrons-nous rapprocher les lieux de travail des lieux de résidence, peut-être devrons nous stimuler les circuits de solidarité, mettre en commun la production d'énergie, économiser les équipements, rassembler sur des pôles le maximum des habitants, densifier intelligemment, humainement ?

Je demeure à la fin de ce débat avec un peu d'amertume. On nous a invités à participer, à proposer et nous entendons une conclusion assez jésuitique nous dire que le projet se fera à l'identique de ce qui a été prévu et qu'on entendra les critiques. Mais pour quoi ? Pour satisfaire aux exigences du débat public ? Pour adapter au sorties de cheminées des filtres à pollution plus efficaces, pour modifier ici ou là le dessin d'une bretelle ? Pour habiller les ouvrages de rideaux de végétation ? Pour faire passer dans le goulot quelques bus inutiles ?

L'enseignement du débat heureusement demeure d'avoir permis aux opposants au projet de mieux préciser leur pensée, de rencontrer de nombreuses idées, de découvrir qu'il y a des chercheurs qui pensent dans la même sens que nous. C'est un acquis, maigre, mais qui pourra le moment venu donner des fruits.

Associé à Le débat public; Suites du débat


Le débat s'est terminé le 05 avril 2013, cette fonctionnalité n'est plus active














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