Voici les questions posées par le public. Nous affichons les réponses obtenues du maître d'ouvrage, après vérification par la CPDP.
Question de : barroux maryvonne Les Sables d'olonne 85100Pourquoi ne pas rendre à la terre ce qu'elle nous a donné ? En effet l'uranium a été extrait dans des carrières de régions géologiquement adaptées à sa formation. Lorsque ces carrières ne sont plus utilisées pourquoi ne pas les remplir avec les déchets sécurisés? Même site implique entretien des lieux et activité plutôt que de voir un village mourir après avoir donné son sous-sol... Les couches de terrain qui ont conservées le minerai avant extraction peuvent les recevoir après traitement de sécurité au lieu de chambouler un autre site pour stocker.
Réponse de : DGEMPRéponse de l'Andra (Agence Nationale de Gestion des Déchets Radioactifs) : Le choix d’un site pour un stockage de déchets radioactifs relève d’une approche en plusieurs phases, au cours desquelles sont pris en compte des critères techniques tels que la stabilité du site, son aptitude au creusement, la capacité de la roche à limiter les circulations d’eau et à piéger les éléments radioactifs. La population locale est également consultée lors des différentes phases. Si on considère les anciens sites renfermant des gisements d’uranium, il est exact que les conditions de dépôt de l’uranium témoignent a priori de conditions chimiques favorables. Des sites granitiques proches de gisements d’uranium ont d’ailleurs été pris en considération au début des travaux de recherche. Cependant, rien ne garantit qu’un site particulier réponde également aux autres critères, notamment de stabilité ou de limitation des circulations d’eau. En particulier, les gisements d'uranium se sont souvent formés dans des zones de granite fortement fracturées (c’est la raison de l'existence de "filons" exploités en mines ou en carrière), ce qui est a priori une difficulté pour y étudier la possibilité d'un stockage.
Question de : talneau Paul Marnes la Coquette 92430Réversibilité : Qu'set il prévu comme dispositif pour reprendre des déchets qui seraient stockés depuis plus de cinquante ans ?
Réponse de : DGEMPRéponse du ministère de l'Industrie : La loi du 30 décembre 1991 sur les déchets de haute activité à vie longue prévoit explicitement la notion de réversibilité ; elle mentionne en effet « l’étude des possibilités de stockage réversible ou irréversible dans les formations géologiques profondes, notamment grâce à la réalisation de laboratoires souterrains ». Quelques années après le vote de cette loi, un rapport a été confié par le Gouvernement à la Commission nationale d’évaluation (CNE) sur le thème de la réversibilité ; suite à ce rapport, le Gouvernement a indiqué en 1998 qu’il « retenait la logique de réversibilité » et que les recherches conduites par l’Agence devaient s’inscrire dans cette logique. L'étude de la réversibilité correspond donc à une exigence de la loi de 1991 et à une demande forte du Gouvernement. Les concepts développés par l'Andra concernant la réversibilité feront partie des questions importantes qui seront expertisées dans le cadre des trois évaluations indépendantes lancées en juin 2005 et dont les résultats sont attendus pour fin janvier 2006 : évaluations par la Commission nationale d'évaluation, l'Autorité de sûreté nucléaire et enfin une revue d'experts internationaux sélectionnés par l'OCDE. Réponse de l'Andra : Dans le cadre de ses études, l’Andra s’est attachée à donner une signification scientifique et technique à un concept initialement éthique ou philosophique. La conception retenue pour une installation de stockage (architecture modulaire, simplification de l’exploitation, choix de matériaux durables …) vise à laisser les choix les plus ouverts possibles. La réversibilité se concrétise par la possibilité de retirer les colis stockés, mais aussi d’agir sur le processus de stockage et de faire évoluer si nécessaire la conception des ouvrages. Pour ce faire, le processus de stockage peut être décomposé en une succession d’étapes qui ménage, de la réalisation des premiers modules jusqu’à la fermeture éventuelle d’un module ou d’une zone de stockage, la possibilité d'un temps d'attente et d'observation, avant de décider de passer à l'étape suivante ou de revenir en arrière. Le franchissement d’une étape n'est pas un choix définitif, telle la page que l’on tournerait, mais un choix raisonné. Il permet une diminution graduelle du niveau de réversibilité (fermeture progressive vers une configuration de plus en plus passive). Les choix de gestion du stockage (maintien en l’état, retour en arrière ou passage à l’étape suivante) s’appuieraient sur la compréhension scientifique de son évolution sur une durée de plusieurs siècles. Des moyens de mesure ainsi que des réseaux de transmission de données seraient ainsi placés dans des alvéoles témoins, des puits, des galeries, des scellements et des remblais, dès leur construction. L’Andra ne fixe pas a priori de durée pour la réversibilité. Un élément clé de la réversibilité sera la stabilité mécanique des alvéoles, que l'Agence estime à au moins 200 à 300 ans sans opérations de maintenance lourdes. Compte tenu des marges de sécurité prévues, les alvéoles devraient être stables plus longtemps encore. L’observation de l’évolution du stockage permettrait de réévaluer régulièrement leur durée de vie. Le terme ultime est la rupture mécanique du revêtement des alvéoles. Au-delà de cette étape, le retrait des colis bloqués par la formation géologique nécessiterait la mise en œuvre de moyens miniers et une protection particulière contre la radioactivité. Le stockage réversible pourrait donc jouer un double rôle. Il pourrait être géré comme un entreposage avec la mise en place des déchets et, si cela est souhaité, la reprise de ces derniers. Mais il serait également possible de le fermer progressivement afin qu’il évolue de manière sûre sans intervention humaine. Le retrait des colis d’un stockage réversible pourrait être décidé par les générations futures. Les équipements et le processus de retrait des colis seraient similaires à ceux utilisés pour leur mise en place. Les conditions de ce retrait diffèreraient selon le niveau de scellement de l’alvéole et des galeries d’accès. Dans le cas où les alvéoles ne seraient pas scellées, les colis pourraient être directement retirés, comme dans un entreposage. Dans le cas où les alvéoles ou les galeries d’accès seraient scellées, il serait nécessaire de dégager la galerie d’accès à l’alvéole et de déconstruire le scellement. Ces opérations ont été étudiées d’un point de vue technique et pourraient être réalisées par des méthodes minières classiques après contrôle des conditions de travail au niveau de l’alvéole. Ensuite, l’utilisation des équipements ayant servi à mettre les colis en place permettrait de les reprendre.
Question de : ROSETTE ParisAprès combien de temps la radioactivité des déchets vitrifiés devient-elle inférieure à la radioactivité du minerai d'origine?
Réponse de : DGEMPSignataire : Andra Les atomes qui constituent la matière sont en général stables, mais certains d’entre eux se transforment spontanément en émettant des rayonnements qui emportent de l’énergie, c’est ce que l’on appelle la radioactivité. Lorsque la radioactivité d’un élément se manifeste, c’est le noyau de l’atome qui libère de l’énergie sous forme d’un rayonnement (celui-ci peut être de plusieurs types, alpha, bêta, gamma). Quand un noyau se transforme en un autre par émission radioactive, on dit qu’il se désintègre. La radioactivité d’un ensemble de noyaux radioactifs se mesure par son activité, en désintégrations par seconde (correspondant à l’unité appelée Becquerel). Comme vous le soulignez, au fur et à mesure que ses atomes instables se transforment, la radioactivité d’une substance diminue. Les différents rayonnements émis par les radionucléides engendrent des effets différents sur l’organisme humain en fonction de leur nature. La mesure de la dangerosité des déchets radioactifs se base sur la comptabilisation de la contribution de chaque radionucléide à ces effets : l’inventaire radiotoxique. Il est difficile de comparer la radioactivité d’un déchet vitrifié et celle d’un minerai d’uranium, car ces deux matériaux ne sont pas composés des mêmes isotopes radioactifs (le minerai contient surtout de l’uranium ainsi que ses descendants, alors que les déchets vitrifiés comportent essentiellement des produits de fission et des actinides mineurs). La radioactivité d’un colis de déchet vitrifié reste ainsi globalement supérieure à celle d’un minerai d’uranium pendant des périodes très longues (au-delà de la centaine de milliers d’années), mais cela ne signifie pas pour autant que le déchet vitrifié soit plus « dangereux » que le minerai d’uranium : tout dépend des conditions d’exposition. Les principaux radionucléides qui demeurent au sein d’un déchet vitrifié après 10 000 ans (césium 135, technétium 99, zirconium 93) sont globalement moins radiotoxiques que, par exemple, le radium présent dans le minerai.