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Voici les questions posées par le public. Nous affichons les réponses obtenues du maître d'ouvrage, après vérification par la CPDP.

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Thème séléctionné : Le nucléaire et les pouvoirs publics

Question de : Meyssignac 
Avec un changement de climat qui rend tout imprévisible, nos enfants (ou petits...) ne seront-ils pas devant l´impossibilité de maintenir correctement ces centrales et autres lieux de retraitement et de stockage ? Ne seront-ils pas les témoins de fuites nucléaires dues en partie à notre trop grande confiance ?

Réponse de : DGEMP
Réponse : Ministères

Le GIEC (groupement d’experts international sur l’évolution du climat), créé en 1988 par l’OMM (organisation météorologique mondiale) et le PNUE (programme des Nations Unies pour le climat) regroupent 153 pays. Ils ont émis trois rapports en 1990, 1995 et 2001. Ceux-ci témoignent de la certitude actuelle de l’existence d’un réchauffement climatique mondial, et décrivent la variété des scénarii d’évolution possible. Même si il est intrinsèquement difficile de prédire l’avenir, des changements plus ou moins marqués des conditions climatiques locales sont très probables.

Face à cette évolution, deux attitudes sont possibles : la mitigation et l’adaptation. La mitigation consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre (voir en particulier le plan climat 2004 et les travaux en France de la MIES – mission interministérielle de l’effet de serre) ; l’adaptation consiste à proposer des changements technologiques, réglementaires et sociétaux pour ne pas être surpris par les changements météorologiques futurs probables. Elle doit être mise en jeu en sus du recours à la mitigation, étant donné que la grande inertie du système ‘climat’ fait que les variations météorologiques continuerons pendant une centaine d’années, quand bien même les émissions de gaz à effet de serre n’auraient plus lieu.

Votre question a trait à l’adaptation de l’industrie nucléaire à ces changements. Malgré l’incertitude importante qui porte sur ces résultats, il semble que le réchauffement climatique en cours diminuerait la fréquence des phénomènes violents – mais en augmenterait l’intensité et donc les dégâts matériels associés.

Les installations nucléaires seraient a priori mieux préparées que d’autres pour résister à ces événements, faisant l’objet dès leur conception d’un cahier de charges exigeant des qualités particulières de résistance à des contraintes environnementales fortes telles qu’inondations, tempêtes et séismes. Il conviendra toutefois de vérifier, dans une démarche de réévaluation périodique de la sûreté des installations existantes, si ces contraintes de conception restent adaptées par rapport aux anticipations faites par les scientifiques sur les évolutions climatiques.

En cumul de ces attaques ponctuelles, le changement climatique pourrait aussi perturber le fonctionnement normal des centrales. Elles sont en effet tributaires de leur environnement immédiat pour assurer le refroidissement du fluide caloporteur du circuit secondaire (non radioactif), qui sert lui même à refroidir le cœur du réacteur. Des modifications impactant le débit hydraulique ou la température des cours d’eau assurant ce refroidissement ainsi que la température ou le degré d’humidité de l’air des tours d’aéro-réfrigération nécessiteraient d’adapter la puissance fournie par le cœur nucléaire et de modifier le déroulement des opérations afin de garantir un fonctionnement sûr de l’installation. Ainsi, lors de la canicule de 2003, le débit de la Loire ayant significativement baissé, la puissance électrique fournie par certaines centrales a du être réduite.

En vertu du principe de précaution, des travaux sont notamment en cours sur ces sujets pour étudier comment réduire la dépendance des centrales vis-à-vis de leur environnement.
D’autre part, les installations nucléaires et les entreposages, comme toutes les installations industrielles, font l’objet d’une surveillance et d’un gardiennage continus : il ne s’agit donc pas de laisser sur les bras des générations à venir un problème insoluble, mais bien d’assurer une passation progressive du savoir et du contrôle, en résolvant dès aujourd’hui, et plus tard avec ces générations futures, les problèmes qui pourraient apparaître.

Enfin, pour ce qui est du stockage définitif en couches géologiques profondes, sa conception est encadrée par la Règle Fondamentale de Sûreté RFS n°III.2.f du 1er juin 1991. Celle ci contraint les concepteurs à prendre en compte des conditions pénalisantes d’évolution du site qui sera retenu (en termes d’érosion, de mouvements de terrains, de séismes par exemple), et à en étudier les conséquences sur un million d’années. Une autorisation de construction ne pourra être délivrée que si l’impact dosimétrique calculé en tenant compte de ces contraintes est inférieur à 1/10 de celui du à la radioactivité naturelle.