Résumé
Le débat public du
2 mars 2006 à Aix-en-Provence s'est déroulé
devant un public de plus de 150 personnes. Patrick Legrand a
introduit la séance en rappelant les thèmes abordés
lors des précédents débats dont il a redéfini
les principes. Il a aussi rappelé que le débat en était
à sa seconde réunion thématique.
Michel Chatelier a
présenté les caractéristiques scientifiques et
technologiques d'ITER. Un « référent »
invité par la CPDP, Maxence Revault d'Allonnes, physicien des
océans et professeur au Muséum national d'histoire
naturelle, a donné quelques pistes de réflexion sur
l'utilité d'un programme de recherche et sur la place du
nucléaire dans le mix énergétique.
Suite aux questions du
public, une quinzaine de précisions a été
apportée par la tribune. Il a notamment été
expliqué le rendement énergétique d'Iter, sa
capacité d'auto-chauffage et les caractéristiques de la
réaction de fusion tritium-deutérium. D'autres
questions relatives au rôle du débat public, aux délais
du projet et au financement des collectivités territoriales
ont été abordées.
La réunion s'est
tenue en présence des membres de la commission particulière
du débat public sur ITER et de. Yannick Imbert, directeur de
projet chargé des mesures d'accompagnement d'ITER auprès
du Préfet de région. Le CEA était représenté
par Pascale Amenc-Antoni, directrice générale de
l’agence ITER-France, et Michel Chatelier, chef du département
recherche sur la fusion au CEA Cadarache. À noter enfin la
venue de Eisuke Tada, chef de l'équipe internationale sur le
site de Cadarache, et de Jérôme Pamela, directeur du
Jet.
Introduction de Patrick Legrand, président de la commission
particulière du débat public (CPDP ITER)
Réunion
thématique
Patrick Legrand a fait
part de son plaisir de se retrouver à Aix-en-Provence pour un
débat serein et ouvert à tous. Il a fait remarquer que
cette réunion était la septième depuis
l'ouverture du débat public, et la seconde réunion
thématique.
Sciences, recherche et
débat public
Il a déploré
le peu de débats portant sur la recherche ou les sciences en
général. Pourtant, la recherche ouvre de nouveaux
horizons. Et le citoyen peut donner son avis sur ces orientations
scientifiques. Il a souligné que le débat n'était
pas seulement un discours de vulgarisation scientifique mais prenait
sa place dans l'évolution des rapports science - société.
ITER est un projet de société.
Les invités de
la réunion
Patrick Legrand a
présenté la tribune : Maxence Revault d'Allonnes,
physicien des océans et professeur au Muséum national
d'histoire naturelle puis Hervé Le Guyader, membre de la
Commission particulière du débat public, à ses
côtés. Il a aussi précisé que les porteurs
du projet prendraient la parole : Pascal Amenc-Antoni, directrice de
l'agence ITER-France et du CEA Cadarache, Michel Chatelier, chef du
département recherche sur la fusion au CEA Cadarache, et
Yannick Imbert, directeur de projet chargé des mesures
d'accompagnement d'ITER auprès du Préfet de région,
pour les questions portant sur l'aménagement du territoire.
Principes du débat
public
Il a ensuite rappelé
que le débat public était un processus cumulatif. Son
objectif est de porter aux responsables du projet les différents
avis de la population. Il a donné trois des grands principes
d'un débat, outil de la concertation : transparence de la
commission indépendante, équivalence de chacun (tout le
monde est égal devant le droit à la parole) et
nécessité, pour tous, d'argumenter ses propos.
Questions écrites
Patrick Legrand a enfin rappelé que le public pouvait poser
des questions via des formulaires écrits. Cette possibilité
est offerte aux personnes ne s'exprimant pas à l'oral.
Certaines questions pourront aussi trouver réponse sur le site
Internet de la CPDP.
Michel Chatelier
Michel Chatelier a fait
une présentation succincte des caractéristiques
scientifiques d'ITER. Il a précisé qu'il s'adressait
aux personnes qui ne connaissaient pas la fusion.
Contexte de recherche
Il a rappelé que
le besoin énergétique était croissant au niveau
mondial. Cette demande intervient alors que les ressources en
énergies fossiles sont en baisse et que la production de gaz à
effet de serre est de plus en plus inquiétante.
La fusion : solution
énergétique
Il a précisé
que "l'énergie fusion" était aujourd'hui dans
sa phase de recherche. Il n'existe pas de garantie de réussite
mais le développement de la recherche dans ce domaine est très
important. La fusion pourrait permettre la production de grandes
quantités d'énergie dans des conditions de sûreté
optimales.
La fusion
La réaction de
fusion consiste en l'alliance d'un atome de deutérium et d'un
atome de tritium. Il en résulte la formation d'un atome
d'hélium (particule chargée) et du rejet d'un neutron
libre (particule non chargée). Cette réaction produit
énormément d'énergie sous forme de chaleur.
Michel Chatelier a
illustré son propos en faisant référence aux
étoiles : le principe de la réaction de fusion dans
Iter sera proche de celle qui se produit dans le soleil.
Température de
réaction
La réaction de
fusion dans ITER se produira à une température de
100 millions de degrés Celsius. Cette élévation
de température sera possible grâce à un
confinement électromagnétique des particules.
Le Tokamak
Il a expliqué que
le Tokamak était une sorte d'aimant géant dans lequel
les particules de réaction étaient confinées. Il
permet la création de plasmas et sera utilisé pour
ITER. Il a aussi rappelé l'existence d'autres Tokamaks dans le
monde : JET en Angleterre, JT60 au Japon et Tore Supra à
Cadarache. Le Tokamak d'ITER aura un volume de 800 m3. Il
sera le plus grand jamais construit.
Auto-chauffage
Michel Chatelier a fait
référence à la capacité d'auto-chauffage
d'ITER. Le réacteur devrait produire 10 fois plus d'énergie
que celle nécessaire à son fonctionnement grâce à
un système d'auto-chauffage des plasmas. Ainsi, ITER devrait
produire 500 mégawatts (mW) avec 70 % d'auto-chauffage et
seulement 30 % d'apport énergétique. Quant aux
réacteurs industriels post ITER – les DEMO -, ils pourraient
fournir de 3000 à 5000 mW avec une capacité
d'auto-chauffage atteignant les 90 %.
Apports d'ITER
Il a annoncé
qu'ITER fournirait des réponses dans le domaine scientifique :
la démonstration de l'auto-chauffage des plasmas, et le
développement de scenarii et de modélisations
théoriques sur les plasmas. D'autres technologies seront
intégrées à ITER comme les aimants
supraconducteurs, les composants soumis à de forts flux
thermiques, la robotique et les différents moyens de chauffage
du plasma.
Améliorations
nécessaires pour ITER
ITER ne permettra pas la
régénération du tritium consommé. Des
essais sont en cours pour générer du tritium à
partir de lithium qui est abondant dans la nature. Cette réaction
pourrait avoir lieu à l'intérieur même du
réacteur. Michel Chatelier a ajouté qu'ITER nécessitait
des matériaux résistant aux neutrons de haute énergie.
Un programme de recherche et développement sur ces matériaux
doit être mis en place.
Etapes d'exploitation
d'ITER
L'exploitation d'ITER se
fera en trois temps : d’abord une phase dite "inactive"
de 2 à 3 ans pendant laquelle la machine sera mise à
l'essai à partir de l'utilisation d'hydrogène. Ensuite
une phase de test avec le mélange deutérieum-tritium.
Enfin une phase d'amélioration progressive des performances
techniques sur 10 ou 15 ans. Durant cette période, il a estimé
le nombre d'expériences à 2 500 par an.
ITER : un projet
international
Il a rappelé qu'il
existait une communauté scientifique très active sur la
fusion depuis 1958 en Europe. Elle travaille dans le cadre d'une
collaboration Euratom-CEA. Avec ITER, c'est le monde entier qui
décide de développer la fusion. Ses résultats
scientifiques seront d'ailleurs partagés entre les différents
partenaires. Michel Chatelier a aussi annoncé la création
prochaine d'un master sur les sciences de la fusion.
Investissements liés
à ITER
Michel Chatelier a
précisé que 10 milliards d'euros seraient investis
sur 40 ans. Cette somme est répartie entre 32 pays ; la
moitié de l'investissement étant supporté par la
Communauté européenne. Il a détaillé les
étapes du projet ainsi que leur coût : la
construction d'une durée de 10 ans coûtera
4 570 millions d'euros, dont 50 % à la charge
de l'Europe. Cette dernière somme sera partagée entre
Euratom (38 %) et la France (12 %). L'exploitation
s'étendra sur 20 ans. Elle coûtera 4 800 millions
d'euros. Et enfin 530 millions d’euros seront provisionnés
pour la phase de démantèlement.
Poids du budget d'ITER
dans la recherche
Il a précisé
qu'ITER représentait 1,3 % du budget total de la
recherche européenne dans le programme cadre recherche et
développement. En France, la contribution du pays à
ITER représente 0,3 % de son budget civil de recherche et
développement.
Maxence Revault d'Allonnes
Maxence Revault
d'Allonnes a tout d'abord soulevé un grand nombre de questions
sur les programmes de recherche : faut-il programmer la
recherche ? Un programme de recherche est-il tourné vers
la recherche fondamentale ou appliquée ? Provient-il
d'une volonté politique ou scientifique ? Ne fait-il pas
partie d'un effet de "mode" tel qu'on pourrait le supposer
du développement durable ?
Il a ensuite donné
quelques ordres de grandeur afin d'aider le public à mieux
cerner le projet ITER dans le monde énergétique. Ainsi,
l'évaporation naturelle de l'eau des océans correspond
à la même énergie que celle produite dans 20
millions centrales nucléaires. Et la puissance d'un réacteur
nucléaire correspond à celle de 2 500 éoliennes
de 600 kW ou à 150 km2 de cellules
photovoltaïques.
Après cette
introduction sur le débat public et sur les performances
scientifiques d'ITER, le public a pris la parole.
Rendement énergétique
d'ITER
Jean-Pierre Pollet-Villard, ingénieur nucléaire, a
rappelé qu'une centrale de fusion était une sorte de
chaudière qui pourrait fournir de l'électricité.
ITER sera chauffé pendant des expériences de 400
secondes. Il a demandé quelle était la température
du réacteur à vide et quel était son rendement
énergétique ?
Michel Chatelier a
expliqué qu'ITER était une expérience
scientifique. Le projet n'a pas pour vocation d'optimiser les
rendements thermiques. Il a aussi précisé que les
écarts de température entre les phases d'expérience
et celles de repos ne seront pas importants. En revanche, les
réacteurs industriels devront garantir de meilleurs rendements
en utilisant les technologies du futur.
Implantation du master
sur les sciences de la fusion
Un citoyen a interrogé
la tribune sur le lieu d'implantation du master sur les sciences de
la fusion.
Jean Jacquinot, son
créateur, a répondu que le master allait être
cohabilité par 10 établissements sur 4 lieux
géographiques avec la participation des 3 universités
d'Aix-Marseille et des écoles d'ingénieurs.
Participation des
collectivités locales et absence d’experts scientifiques
opposés au projet
M. Di Méo,
conseiller municipal d'Aix-en-Provence et conseiller communautaire de
la CPA, s'est dit indigné de la présentation de Patrick
Legrand sur les manifestations passées. Il a rappelé
que les manifestants soutenaient le débat public et,
justement, regrettaient que celui-ci n'ait pas plus de poids
décisionnel. Il a demandé pourquoi des scientifiques
opposés au projet n'avaient pas été invités.
Il a aussi remis en question la participation des collectivités
territoriales au projet de recherche expérimentale et insinué
que la majorité de la salle travaillait au CEA.
La salle a réagi
en démontrant que les actifs du CEA n’étaient pas
plus de 20. Patrick Legrand a répondu que les manifestations
étaient réellement de l'ordre du charivari. Il a répété
sa volonté de débattre sur la machine ITER, ses aspects
scientifiques et sur l'aménagement du territoire. Il a aussi
précisé que la CPDP n'était en rien responsable
de l'absence d'autres scientifiques opposés à ITER pour
argumenter la controverse car il est du ressort du public présent
de solliciter le débat. La CPDP a rappelé avoir proposé
aux opposants à ITER de faire venir des intervenants dont les
déplacements auraient été pris en charge mais
personne n’en a profité jusqu’à maintenant
Stéphane Salord,
adjoint au maire d'Aix-en-Provence, s'est exprimé sur la
nécessaire implication des collectivités locales dans
le projet ITER. Il a rappelé que la cohésion politique,
administrative, et financière des collectivités
locales, a été déterminante lors de l'adoption
du projet à Cadarache.
Délais
d'exploitation d'ITER
M. Brouchon,
habitant de Venelles, a demandé pourquoi les délais
impartis pour l'exploitation d'ITER étaient si importants.
Michel Chatelier a
précisé que la durée de construction de 10 ans
était incompressible. Diverses autorisations sont obligatoires
et les commandes des objets encombrants nécessitent beaucoup
de temps. La phase de "test" de la machine avec
l'utilisation d'hydrogène est aussi très importante car
elle permet de préparer le réacteur à recevoir
le mélange deutérium-tritium. Enfin, dans un souci
d'optimisation d'ITER, la phase de perfectionnement peut prendre 15
ou 20 ans. L'équipe veut exploiter toutes les possibilités
scientifiques du réacteur.
Implication des
collectivités territoriales
Fleur Skrivant,
conseillère régionale, s'est exprimé sur la
participation des collectivités locales au projet ITER. Elle a
précisé qu'il était du devoir de ces dernières
de s'investir car ITER va engendrer des aménagements
considérables qui concernent tous les acteurs locaux. Elle a
aussi précisé que la Région a alloué
152 millions d'euros, et la même somme à la
recherche sur les énergies renouvelables.
Gestion décisionnelle
du projet
Un citoyen a fait part de
son interrogation sur la gestion du projet. En 40 ans, de nombreuses
décisions stratégiques et tactiques seront nécessaires.
Quelle organisation prendront ces décisions ? Il a aussi
fait part des barrières culturelles que pouvait rencontrer une
équipe internationale.
Michel Chatelier a
rappelé qu'une communauté sur la fusion existait depuis
1958. La France et L'Europe ont donc déjà des
expériences en matière de gestion de projet
énergétique. Pour ITER, l'Europe va s'organiser autour
d'une "entreprise publique européenne" avec un
conseil d'administration européen. La France, qui est le pays
d'accueil, va créer une structure pour le contrôle de la
sûreté et de la sécurité principalement.
Au niveau international, un nouveau traité va voir le jour. Il
sera basé sur ceux existants. Des décisions en terme
d'organisation seront prises très prochainement.
Akko Maas, ingénieur
hollandais de l'équipe ITER, est intervenu pour exprimer son
bonheur de travailler dans une équipe internationale. Il a
précisé que les différences culturelles étaient
une richesse et une force pour la recherche.
Débat public et
politiciens
Une citoyenne a déploré
un certain "complexe" de la part des porteurs du projet.
Elle a fait part de son avis : il est normal que les politiques
prennent des décisions mais il est alors hypocrite de lancer
un débat public.
Patrick Legrand a rappelé
qu'un débat public se juge à la fin. De nombreux points
sont encore à débattre et la présence du public
en est une preuve.
Risques d'ITER
M. Duschenne a
demandé si ITER présentait un risque d'accident
nucléaire majeur.
Michel Chatelier a
expliqué que les plasmas étaient des systèmes
extrêmement fragiles. Le moindre dysfonctionnement provoquerait
l'arrêt du système. Il n'existe donc aucun risque
d'explosion ni d'emballement comme dans les réacteurs de
fission. Il a aussi précisé que seulement quelques
grammes de matière étaient en jeu. Le principe de
protection appliqué est celui de "défense en
profondeur" : la matière est entourée de
plusieurs barrières de protection successives. Dès
qu'une barrière est alertée d'un dysfonctionnement,
tout le système est stoppé.
Effets d'activation
Patrick Poulain, citoyen
parisien, a demandé quels étaient les effets
d'activation pour la réaction de fusion.
Michel Chatelier a
répondu que la demi-vie des éléments radioactifs
serait de 5 à 10 ans. Le réacteur serait alors
non-radioactif au bout d'une centaine d'années.
Jean-Pierre Vauzin,
d'ITER-France, a précisé qu'au bout de quelques années,
seuls deux isotopes peu toxiques, dont le nickel, seraient encore
radioactifs dans Iter. Il a confirmé que la radioactivité
aurait disparu au bout d'une centaine d'années.
Poids du budget ITER
et pression foncière
Bernard Graige, citoyen
de la CPA, a demandé quels étaient les budgets
nationaux alloués aux énergies renouvelables, en
comparaison avec ceux alloués à ITER. Il a aussi
interrogé la tribune sur les moyens mis en place pour lutter
contre la pression foncière due à ITER.
Stéphane Raud,
délégué régional à la recherche et
à la technologie, a précisé que sur les
600 millions d'euros alloués à l'énergie,
5 % concernaient ITER et 8,7 % les énergies
renouvelables.
Yannick Imbert a souligné
que l'augmentation du prix du foncier en Provence était
présente bien avant l'annonce de l'implantation d'ITER. Il a
énoncé les 3 instruments de l'État pour contrer
la pression foncière : la possibilité de pré-Zader
(geler) des terrains, le fonds de l'Établissement public
régional qui s'élève à 34 millions
d'euros, et les nombreuses réunions avec l'ensemble des
professionnels du secteur. Il a précisé que les actions
d'aménagement se feraient avec les collectivités
locales pour un accueil optimal du personnel d'ITER.
Réussite du
projet
M. Lotreau,
ingénieur retraité du CEA, a demandé si les
recherches actuelles permettaient de penser qu'ITER fournira de
l'énergie en continu.
Michel Chatelier a
annoncé que des études de la Communauté
européenne montraient que rien ne semblait empêcher une
réussite d'ITER ; tant sur le plan scientifique
qu'économique. Il a aussi précisé que ce succès
ne serait envisageable qu'avec l'apport de nouvelles technologies sur
les cycles des matériaux et la durabilité du système.
Retombées
d'ITER
Stéphane
Vartagnan, citoyen, a sollicité la tribune sur les retombées
pratiques et théoriques d'Iter. Il s'est demandé si
ITER provenait d'une volonté scientifique ou politique. Il a
aussi interpellé M. Revault d'Allonnes en lui demandant
s'il considérait le besoin énergétique comme un
effet de mode.
Michel Chatelier a
garanti qu'ITER aurait des retombées. Il a expliqué
qu'en développant des procédés technologiques
avec des industriels, ITER allait irriguer d'autres secteurs comme
l'imagerie médicale. Il a aussi rappelé les sommets de
Reykjavik et de Genève en 1985 et 1986 qui ont
permis le lancement d'un projet international de fusion. Celui-ci
reposait sur des résultats scientifiques encourageants. ITER
est à la fois un projet scientifique et politique.
Maxence Revault
d'Allonnes a déclaré que le besoin énergétique
n'était certainement pas un effet de mode mais que la manière
de produire de l'énergie pouvait en être un.
Non prolifération
Jean-Christophe Boch,
ingénieur au CEA, a demandé quels étaient les
critères de non-prolifération (non-récupération
par un tiers des matières radioactives) dans ITER.
Maurice Esler, directeur
adjoint au CEA Cadarache, a assuré que le tritium serait
protégé par les dispositions internationales en
vigueur.
Jérôme
Pamela, directeur du JET, a précisé que le problème
de la non-prolifération concernait principalement l'uranium et
le plutonium, éléments indispensables à la
fabrication des bombes atomiques. Or ces matériaux ne sont pas
utilisés dans les réacteurs de fusion.
Réaction
deutérium-deutérium
Gabriel Bonassi, citoyen,
a expliqué que Tore Supra utilisait une réaction
deutérium-deutérium qui ne produisait aucun élément
radioactif (pas de neutrons). Il a demandé pourquoi cette voie
n'était pas plus développée.
Michel Chatelier a
souligné que chaque réacteur européen de
recherche avait ses spécificités. Tore Supra tente de
fournir de l'énergie à partir du seul deutérium.
Pour le moment le réacteur ne produit rien mais la recherche
peut évoluer.
Relation Laser Mega
Joules et ITER
Un citoyen a demandé
quelles relations existaient entre ITER et le réacteur de
recherche Laser Mega Joules de Bordeaux.
Michel Chatelier a
répondu que le vocabulaire utilisé dans les deux
réacteurs était le même mais que les sujets
d'étude étaient différents.
Enjeux du débat
public
Un citoyen aixois a
interpellé la CPDP sur la réalité des enjeux du
débat public.
Patrick Legrand l'a
renvoyé à la décision du 6 juillet 2005 de
la CNDP. Il a affirmé que des protocoles internationaux
majeurs avaient subi des modifications suite à des
controverses.
ITER, solution
énergétique
M. Pollet Villard,
ingénieur CEA, a précisé que l'énergie
manquait aujourd'hui pour la production d'électricité
et pour le transport. ITER peut montrer que la production d'énergie
à partir de la fusion est possible mais beaucoup de travail
sera nécessaire, et sur le long terme.
Réacteurs
industriels à fusion
Patrick Legrand a fait
part d'une question écrite.
Mme Barreau a
demandé dans quels délais les réacteurs
industriels à fusion remplaceraient ceux à fission.
Michel Chatelier a estimé
que les délais dépendraient de l'urgence et des budgets
alloués à la recherche. Une première réponse
sur la viabilité du projet sera connue en 2020. En 2050, le
procédé sera connu et vérifié. Son
introduction dans la production d'électricité dépendra
de la politique énergétique du moment.
Autres débats
publics
Mohammed Galiali, citoyen
marseillais, a demandé si d'autres débats publics
existaient dans le monde autour des grands projets.
Patrick Legrand a déclaré
qu'il n'existait à sa connaissance aucun autre débat de
ce type.
Aménagements
d'ITER
Jean-Pierre Almeda,
citoyen, a interrogé la tribune sur les dates des travaux et
des aménagements pour la construction d'ITER.
Patrick Legrand l'a
invité à lire le dossier sur ITER ainsi que les comptes
rendus sur le site internet de la CPDP.
Yannick Imbert a expliqué
que les travaux significatifs commenceraient en 2007 pour une
exploitation du site en 2 015. Il a aussi précisé
que la voix ferrée Aix-Marseille serait réaménagée
dans les 5 années à venir.
Patrick Legrand a conclu
le débat en invitant le public à s'exprimer de nouveau
lors des prochaines réunions. Il a remercié les Aixois
pour leur accueil.
NB : les personnes du public ayant juste donné leur nom oralement,
des erreurs peuvent s'être glissées dans leur orthographe