L'essentiel du débat
Le débat public du 16 mars
2006 à Pertuis s'est déroulé devant un public de plus de 200 personnes.
Patrick Legrand a introduit la séance en rappelant que le débat était
dans sa seconde étape : celle des réunions thématiques. Il a aussi
rappelé les constats issus des réunions précédentes : le besoin
d'information, le désir de cohérence, l'intégration du projet dans le
territoire et la nécessité d'une concertation ouverte à tous.
Pascal Garin s'est exprimé sur les caractéristiques scientifiques,
socio-économiques et environnementales d'ITER. Il a notamment précisé
les mesures mises en place pour limiter les impacts sur l'environnement.
Suite aux questions du public, une vingtaine de précisions a été
apportée par la tribune. Il a notamment été défini les différents
risques liés à ITER : radioactif, chimique et environnemental. La
quantité et la spécificité des déchets d' ITER ont aussi fait l'objet
de nombreuses questions. D'autres interrogations relatives aux énergies
renouvelables, aux délais du projet et au financement des collectivités
territoriales ont été abordées.
La réunion s'est tenue en présence des membres de la commission
particulière du débat public sur ITER. Yannick Imbert, directeur de
mission auprès du Préfet de Région chargé des mesures d'accompagnement
d'ITER, était aussi présent. Le CEA était représenté par Pascale
Amenc-Antoni, directrice générale de l’agence ITER – France, et Pascal
Garin, adjoint au chef de la division fusion nucléaire au CEA Cadarache
et directeur adjoint d'ITER-France. À noter enfin la venue de Eisuke
Tada, chef de l'équipe internationale sur le site de Cadarache, et de
Jérôme Pamela, directeur du Jet.
Introduction de Patrick Legrand, président de la Commission particulière du débat public (CPDP ITER)
Réunion thématique
Patrick Legrand a rappelé que le débat était dans sa deuxième
étape : celle des réunions thématiques. Lors des réunions de
présentation générale, il a été soulevé que la machine ITER était
inséparable des sciences mais aussi des institutions. Toute la région
est concernée par le projet. ITER doit être considéré comme un projet
de société.
PACA, région écologiquement complexe
Il a précisé que la région Provence-Alpes-Côte d'Azur possédait un
écosystème à la fois riche et fragile. Un ensemble d'institutions est
chargé de garantir cet équilibre. Les enjeux environnementaux d'ITER ne
sont pas seulement locaux mais aussi globaux. C'est la vision entière
de l'environnement et de l'aménagement du territoire qui est concernée.
La CNDP a décidé de mettre en place un débat public autour d'ITER pour
cette raison principalement.
Principes du débat public
Il a ensuite rappelé que le débat public était un processus cumulatif.
Son objectif est de porter les différents avis de la population aux
responsables du projet. Il a donné trois des grands principes d'un
débat public, outil de la concertation : transparence de la
commission indépendante, équivalence de chacun (tout le monde est égal
devant le droit à la parole) et nécessité, pour tous, d'argumenter ses
propos.
Questions écrites
Patrick Legrand a aussi rappelé que le public pouvait poser des
questions via des formulaires écrits. Cette possibilité est offerte aux
personnes préférant s’exprimer par écrit qu’à l'oral. Certaines
questions pourront aussi trouver réponse sur le site Internet de la
CPDP.
Manifestation
Une trentaine de manifestants est intervenue pour dénoncer la "parodie
de débat public" et la "mascarade" de cette réunion. Tous les
contestataires regrettaient que les décisions concernant l'implantation
d'ITER aient déjà été prises en intervenant bruyamment au fond de la
salle sans prendre les micros proposés. Ils portent des masques et
déambulent dans la salle, tentant de perturber le débat.
Présentation de cartes régionales
Patrick Legrand a repris la parole pour présenter des cartes sur l'état
environnemental de la région. (Ces cartes sont toutes disponibles à la
Direction régionale de l'Environnement - DIREN). Il a ainsi montré que
la région PACA était composée de milieux naturels très variés. De
nombreuses chartes pour la protection de l'environnement sont rédigées
dans les communes afin de préserver cette diversité.
Philippe Ledenvic, directeur de la DIREN, est intervenu pour présenter
le Réseau régional des espaces naturels (RREN) et le Réseau Natura
2000. Tous ces espaces font l'objet de mesures de protection et de
gestion particulières. Il a enfin abordé le risque sismique en région
PACA : risque reconnu comme modéré par les experts.
Présentation de la tribune
Patrick Legrand a présenté Pascale Amenc-Antoni, directrice de l'agence
ITER-France et du CEA Cadarache, et Pascal Garin, adjoint au chef de la
division fusion nucléaire au CEA Cadarache et directeur adjoint
d'ITER-France. Yannick Imbert, directeur de mission auprès du Préfet de
Région chargé des mesures d'accompagnement d'ITER, s'exprimera sur les
questions portant sur l'aménagement du territoire. Carole Guihaumé,
membre de la CPDP, sera aussi à ses côtés.
Pascal Garin
Pascal Garin a confirmé qu'ITER
était un projet de recherche. Son objectif est de démontrer la
possibilité d’une production durable d'énergie à partir de la réaction
de fusion. ITER sera le plus grand réacteur de fusion jamais réalisé.
Sa construction est prévue sur 10 ans et son exploitation sur 20 ans.
ITER est donc aussi un grand projet d'aménagement du territoire.
Organisation du projet ITER
Il a ensuite défini les trois niveaux d'organisation du projet :
- le niveau international qui est piloté par une organisation
internationale. C'est le maître d'ouvrage du projet et l'exploitant
nucléaire, au sens français du terme.
- Les différents composants nécessaires à ITER seront fournis par chaque partenaire par l'intermédiaire de leur agence domestique.
- Enfin, au niveau national, la France regroupe une mission
étatique - l'agence ITER-France - et une mission d'accompagnement de la
Préfecture de Région.
Bâtiment ITER
Il a précisé que le projet ITER serait construit sur un site de 180
hectares. Il comprendra 18 bâtiments dont les bâtiments techniques, le
hall du tokamak et l'installation électrique.
Le calendrier du projet
Il a défini les différents temps du projet ITER : les débats
publics qui se déroulent en 2006 seront suivi de nombreuses enquêtes
publiques portant sur la révision du POS, du défrichement… Les
autorisations administratives devraient être données de 2006 à
2007. Viennent ensuite le terrassement de 2007 à 2008, la pose du
premier béton du Tokamak entre 2008 et 2009, les transports
des composants en 2009, le début d'assemblage en 2011 et enfin la mise
en service en 2016.
Alimentation en eau d'ITER
L'eau nécessaire à ITER sera prélevée dans le Canal de Provence à
hauteur de 1,5 million de m3 par an. Cette quantité correspond à 0,7%
de la quantité d'eau véhiculée par le Canal de Provence. Après des
contrôles obligatoires, elle sera restituée à la Durance.
Alimentation électrique d'ITER
Pascal Garin a précisé que la ligne très haute tension (400kW) déjà
utilisée pour Tore Supra serait doublée et rallongée afin de permettre
l'alimentation d'ITER. Le réacteur nécessitera 120 MW en temps de
veille et de 450 MW pendant les phases d'expérimentation.
Risques liés à ITER
Il a rappelé qu'ITER suivrait la réglementation française en matière de
sûreté nucléaire. Les risques liés à ITER sont de natures différentes :
le risque nucléaire dû à l'utilisation de tritium, le risque chimique
avec le béryllium et le risque externe qui comprend les inondations,
les séismes… Il a aussi rappelé que le principe de protection utilisé
était celui de "défense en profondeur" : des barrières successives
entourent l'installation. Dès qu'une barrière est alertée, toutes les
autres se ferment.
Rejets et déchets d'ITER
Il a annoncé qu'ITER produirait des rejets de l'ordre de 0,01 mSivert.
Cette dose est 100 fois inférieure à la norme autorisée et 200 fois
moindre que la radioactivité naturelle. Il a aussi précisé qu'aucun
déchet très radioactif ne serait rejeté par ITER. Pendant la
phase d'exploitation, c'est une centaine de tonnes de déchets qui
sera produite dont 95 % faiblement à très faiblement radioactifs et 5%
moyennement radioactifs. Pendant la phase de démantèlement, 90% des
déchets seront faiblement radioactifs contre 10% moyennement. Ces
déchets seront pris en charge par l'Agence nationale pour la gestion
des déchets radioactifs (ANDRA).
Etudes pour la préservation de l'environnement
Des études ont été engagées pour la préservation du site : un
diagnostic écologique réalisé en 2002 et 2003, et deux études sur
l'évaluation de l'incidence d'ITER et l'impact du défrichement. Ces
dernières analyses sont en cours. De plus, Pascal Garin a précisé
qu'une surveillance radiologique et chimique serait mise en place
pendant la phase d'exploitation. Plusieurs millions d'analyses par an
seront effectuées afin de mesurer l'impact réel d'ITER.
Aménagements routiers
Pascal Garin a souligné que les aménagements routiers nécessaires au
transport des marchandises d'ITER se feraient sur des voies existantes.
Les composants arriveront par bateau à Fos-sur-mer, traverseront
l'Etang de Berre par barge, puis seront acheminés jusqu'à Cadarache. Le
contournement de certaines villes, dont Berre, est prévu afin de
limiter les nuisances pour les populations. Un convoi par semaine est
prévu sur 4 ans, dont 30 convois très exceptionnels pouvant aller
jusqu'à 900 tonnes.
Investissements liés à ITER
Il a précisé que 10 milliards d'euros seraient investis sur 40
ans. Cette somme est répartie entre 32 pays, la moitié de
l'investissement étant supportée par la Communauté européenne. Il a
détaillé les étapes du projet ainsi que leur coût : la
construction d'une durée de 10 ans coûtera 4 570 millions
d'euros, dont 50 % à la charge de l'Europe. Cette dernière somme
sera partagée entre Euratom (38 %) et la France (12 %).
L'exploitation s'étendra sur 20 ans. Elle coûtera
4 800 millions d'euros. Et enfin 530 millions d’euros
seront provisionnés pour la phase de démantèlement.
Poids du budget d'ITER dans la recherche
Il a précisé qu'ITER représentait 1,3 % du budget total de la
recherche européenne dans le programme cadre recherche et
développement. C'est la moitié du budget alloué à la recherche sur les
énergies non nucléaires. En France, la contribution du pays à ITER
représente 0,3 % de son budget civil de recherche et développement.
Les impacts socio-économiques
Il a expliqué que durant la phase de construction d’ITER, 500 emplois
seraient créés directement par le projet et 3 000 indirectement,
dont 1 400 dans la région PACA. Pendant la phase d'exploitation,
ce sont 1 000 emplois qui seront créés directement et 3 000
indirectement, dont 2 400 en région PACA. Ces estimations sont
basées sur les résultats de projets similaires.
Dépenses générées
Il a ensuite précisé que pendant le chantier 180 millions d'euros
par an seront dépensés en France durant 10 ans, dont 100 millions
en PACA. Et lors de la phase d'exploitation, il s'agira de
165 millions d'euros annuels sur 20 ans, dont 135 millions en
PACA. Ces emplois concerneront les secteurs d'activité de
l'électromagnétique, du BTP, de la mécanique, de l'électronique, de
l'informatique… 2/3 des emplois générés concerneront des
ingénieurs-chercheurs et 1/3 des techniciens.
Accompagnement du projet
Pascal Garin a enfin déterminé les besoins en logements du personnel
d'ITER: 2 000 logements de courte durée pendant la phase de chantier et
1 000 pendant la phase d'exploitation. Il a précisé que des solutions
devaient être trouvées en concertation avec les communes pour répondre
à ces besoins création de zone à aménagement différé, utilisation
de logements vacants…
Après cette introduction sur le débat public et sur les différents aspects du projet ITER, la parole est donnée au public.
Probabilité de réussite d'ITER
Jean-Pierre Petit, ancien chercheur au CNRS et spécialiste des plasmas,
a interrogé la tribune sur les réelles probabilités de succès d'ITER.
Selon lui, la fusion n'a jamais donné de résultats encourageants.
Michel Chatelier, chef du département recherche sur la fusion au CEA
Cadarache a rappelé que la recherche sur la fusion existait depuis plus
de 30 ans. Des améliorations sur les conditions de réaction ont été
faites au fur et à mesure des expériences. Avec ITER, les scientifiques
attendent de vrais résultats.
Personnel international
Eric Durieux, citoyen, a demandé comment le personnel étranger d'ITER serait accueilli.
Yannick Imbert a répondu que le personnel commençait à arriver. Tous
étaient accueillis par M. Eisuke Tada, chef de l'équipe internationale
sur le site de Cadarache et présent dans la salle. Il a précisé que
l'accueil était un dispositif global. L'agence ITER-France ainsi que la
Préfecture d'Aix-en-Provence coopèrent à ce sujet. Des mesures ont déjà
été mises en place tel un système d'accompagnement des familles pour un
apprentissage rapide de la langue française. Des logements devront
aussi être proposés. La construction de l'Ecole Internationale de
Manosque, entièrement gérée par le Conseil Régional, rentre aussi dans
ce projet global d'accueil du personnel.
Consommation d'espace
François Plesnard, membre du CIQ "mieux vivre à Peyrolles", a soulevé
la question de la consommation d'espace par le projet ITER. Il a désiré
les chiffres exacts.
Yannick Imbert lui, a précisé que la construction d'ITER se ferait sur
un site de 180 hectares. En ce qui concerne le foncier, il a souligné
la nécessaire intégration des logements du personnel d'ITER dans la
population : 700 logements par an sur 10 ans seront construits
dont une partie sera réservée à la population locale. Il a aussi
rappelé que des terrains ont été "préZadés" (gelés) afin de limiter la
spéculation foncière. Les surfaces nécessaires au logement seront
définitivement arrêtées en 2007 : elles devraient atteindre 500 à
600 hectares. Pour les infrastructures routières, les aménagements ne
devraient concerner que des ouvrages d'art. La consommation d'espace
sera donc minime. Il a par ailleurs réaffirmé sa volonté d'intégrer
ITER aux politiques de développement des collectivités territoriales.
Transports et terrains préZadés
Un citoyen s'est interrogé sur la dangerosité des transports liés à
ITER. Il a par ailleurs demandé si les cartes des terrains préZadés
étaient consultables.
Yannick Imbert a répondu qu'aucun transport ne contiendrait de matières
dangereuses. Afin de limiter les nuisances sur les populations, les
convois se feront de nuit et seront largement encadrés. En ce qui
concerne les préZad, il a précisé qu'elles avaient fait l'objet
d'arrêtés préfectoraux. Elles sont donc publiques, opposables, et
disponibles dans les préfectures et les communes.
Itinéraire routier
Louis Gentil a questionné la tribune sur le choix de l'itinéraire
routier qui a été retenu. Il a fait part de ses doutes sur la sécurité
des convois.
Yannick Imbert a défendu le tracé en expliquant la complexité du projet
: suivi d'un tracé existant, nombre de communes traversées, critères
économiques, poids des convois... Le tracé choisi est le résultat d'un
compromis. Il fera l'objet d'une enquête publique. Il a par ailleurs
précisé qu'ITER ne devait pas être un prétexte à la construction
routière. La nécessité de chaque aménagement devra être démontrée et
vérifiée.
Temps d'exploitation
Marc Eloton, citoyen de Peyrolles, a demandé pourquoi l'exploitation d'ITER était basée sur une période de 20 ans seulement.
Pascal Garin lui a répondu que ce temps d'exploitation était basé sur
un retour d'expérience des réacteurs Tore Supra et JET. Les
scientifiques auront des premiers résultats sur ITER au bout de 2 ou 3
ans. Après 20 ans d'expériences, les résultats obtenus devraient
permettre de déterminer toutes les caractéristiques nécessaires à la
construction d'un réacteur industriel. Les partenaires pourront alors
poursuivre les expériences sur leur territoire. La phase de
démantèlement du réacteur durera de 10 à 15 ans. Elle sera financée par
les provisions faites par chaque partenaire durant la phase
d'exploitation.
Développement des énergies renouvelables
Jean-Pierre Saez, vice-président de la Communauté du Pays d'Aix délégué
à l'environnement et au développement durable, a rappelé que la région
PACA ne produisait que 46% de l'énergie qu'elle consomme. Or ITER ne va
pas produire d'énergie. Il a donc proposé de mettre en place, en
parallèle d'ITER, des mesures exceptionnelles pour le développement des
énergies renouvelables. Ainsi, tout en confortant sa tradition de
production d'énergies propres, la région pourrait réduire son déficit
énergétique.
Yannick Imbert a précisé que la Région s'était engagée à investir la
même somme dans les énergies renouvelables que celle réservée à ITER.
Pascale Amenc-Antoni est présidente du pôle de compétitivité
Capénergie. Elle a précisé que cette organisation regroupait des
organismes de recherche, des industriels et des organismes de formation
en lien avec les énergies non génératrices de gaz à effet de serre. En
2006, une vingtaine de projets a été retenue dans les domaines de la
biomasse, du solaire et de l'économie d'énergie. Elle a réaffirmé le
besoin de toutes les sources d'énergies pour la société mondiale.
Le point de vue des Verts
Jacques Olivier, conseiller régional Vert, a rappelé la décision de son
parti de participer au débat pour manifester ses doutes sur le projets
ITER. Il s'est alors exprimé sur la consommation électrique d'ITER, sur
la pression foncière et le recul de l'agriculture qu'il va engendrer,
et sur le nécessaire développement des énergies renouvelables.
Yannick Imbert a avoué partager cette inquiétude sur la spéculation
foncière et donc le recul des champs agricoles. Il a expliqué que les
préZad non utilisés seraient réservées aux agriculteurs. Il a enfin
rappelé que la Région avait fourni 12 millions d'euros et l'Etat 34
pour limiter cette hausse des prix.
Déchets d'ITER
Jean-Pierre Saez a demandé quelle était la quantité de déchets produite
par ITER en comparaison avec celle fournie par une centrale de fission.
Jean-Pierre Rozain, ingénieur d'ITER-France, a précisé que lors de la
réaction de fusion, le tritium rejetait des neutrons et du deutérium.
Ces neutrons vont activer les parties métalliques de la machine. Les
déchets d'ITER seront donc de deux types :
- les déchets tritiés : ils seront détritiés par un procédé opérationnel puis brûlés dans ITER.
- les déchets métalliques activés : ils seront entreposés ou stockés.
Il a aussi rappelé qu'ITER ne
produira pas de déchets à haute activité. Pendant la phase
d'exploitation, le volume de déchets sera de 100 tonnes par an. Il
atteindra 30 000 tonnes lors de la phase de démantèlement.
Point zéro et CLI
Maurice Vellof, membre de la Commission locale d'information de
Cadarache (CLI), a réaffirmé sa volonté d'obtenir un point zéro de
radioactivité sur le site de Cadarache. Ce point et ses relevés
radioactifs pourraient être réalisés par un organisme indépendant. Il a
regretté que les politiques aient refusé ce projet à plusieurs
reprises. Il a ensuite interrogé la tribune sur les conséquences
éventuelles de la spéculation foncière. Enfin, il s'est demandé comment
la recherche sur les énergies renouvelables pouvait se développer quand
tous les budgets dans ce domaine sont en baisse.
Philippe Ledenvic, directeur de la DRIRE, a rappelé que les CLI étaient
sous la responsabilité des conseils généraux. Il a précisé que l'Etat
en faisait partie mais ne les pilotait pas. Il s'est enfin déclaré
favorable à la création d'un point zéro. Les propositions qui lui ont
été faites n'ont pas été retenues car elles ne correspondaient pas à
l'objectif escompté.
Jean-Claude Dougnac, rapporteur auprès de la CLI, a annoncé que le
projet était aujourd'hui en examen auprès du Conseil scientifique de
l'association des CLI.
Au sujet de la spéculation foncière, Yannick Imbert a répondu que des
instruments avaient été mis en place. Il a aussi précisé que cette
hausse du foncier existait déjà avant ITER.
Pascale Amenc-Antoni a expliqué qu'un document retraçant l'activité du
centre de Cadarache sur les 50 dernières années était disponible. Ce
dossier est lui aussi en examen auprès Conseil scientifique de
l'association des CLI.
Durée de vie des déchets
Suzanne Lamouroux, citoyenne de Venelles, a demandé quelle était la
durée de vie des déchets. Elle a aussi souhaité que les manifestants
qui continuent de perturber le débat par leurs invectives répétées se
présentent et expliquent à tous leur point de vue.
La manifestante interpellée a expliqué qu'elle refusait le débat, et donc de s'exprimer.
Jean-Pierre Rozain a précisé que la demie vie radioactive du tritium
était de 12 ans : au bout de ce laps de temps, la moitié de la quantité
de tritium n'est plus radioactive. Tous les autres éléments concernés
ont une durée de vie très courte. Seul le nickel sera encore présent au
bout d'une centaine d'années. Il a d'ailleurs indiqué que le nickel
était peu radiotoxique (se diffuse mal dans l'environnement) et ne
provoquait aucun risque d'irradiation. En revanche une contamination
est possible.
Energie et démographie
M. Macarelli, citoyen, a proposé de lutter contre la hausse démographique pour limiter les besoins en énergie.
Pascale Amenc-Antoni a expliqué que la population mondiale consommait
aujourd'hui 10 milliards de tonnes équivalent pétrole (tep). En 2050,
les scenarii prévoient une consommation allant de 14 à 24 milliards de
tep. Elle a réaffirmé le besoin en toutes les sources d'énergies.
Ecole internationale et prix du foncier
Fernand Ortega, de Maison sans frontières, s'est interrogé sur le choix
de la ville de Manosque pour accueillir l'école internationale. Il a
aussi déploré l'augmentation du prix du foncier.
Yannick Imbert a précisé que cette option avait fait l'unanimité des
décisionnaires. Il a ajouté que l'établissement serait surdimensionné
par rapport aux besoins du personnel d'ITER afin de permettre l'accueil
des enfants de la région. Un internat a aussi été prévu en ce sens.
Jean-Pierre Saez a rappelé la création de l'association "Réussir ITER"
qui regroupe 240 communes. Cette dernière a pour objectif de réussir,
au mieux, l'intégration du personnel d'ITER dans la région.
Consommation énergétique
Etienne Fourquet, président d'une association sur les énergies
renouvelables, a apprécié que le CEA aborde le problème de ses déchets.
Il a regretté qu'il faille changer des pièces du réacteur
régulièrement. Il a aussi expliqué qu'il fallait réduire notre
consommation énergétique.
Pascal Garin a expliqué que seules quelques pièces d'ITER seront
changées, et cela pour varier les conditions expérimentales et que la
fusion ne serait pas accessible aux pays en voie de développement.
Pascale Amenc-Antoni a confirmé le fait qu'il fallait changer nos
habitudes. Quant aux pays en voie de développement, il faudrait trouver
à chaque zone d'habitat la meilleure source d'énergie possible.
Fusion froide
Un manifestant anonyme a demandé que la fusion froide soit plus développée.
Michel Chatelier a précisé que la fusion froide ne donnait des
résultats que dans des conditions très particulières. Or ces conditions
sont extrêmement onéreuses.
Risques environnementaux
Eric Dezaguer a fait part de sa volonté d'obtenir plus de précisions sur la protection d'ITER contre les séismes et les crues.
Fabrice Hollender, géophysicien au CEA Cadarache, a expliqué que l'aléa
sismique avait été pris en compte dans les plans de construction
d'ITER. Ainsi, du béton armé associé à des patins parasismiques, qui
découpent les mouvements du sol, seront utilisés. Il a précisé que la
réglementation française était très contraignante.
Henri Maubert, expert environnement au CEA Cadarache, a souligné que
toutes les méthodes d'estimation des crues avaient été prises en
compte. Elles ont été combinées à différents facteurs de sécurité pour
obtenir une installation hors du risque de crue.
Aménagement et ITER
André Borel, maire de Pertuis, a expliqué que les besoins en logement
de sa commune ont augmenté avec ITER. Il a fait part de son projet
d'aménager 40 hectares en logements divers et en établissements
publics. Selon lui, il n'existe pas de miracle pour contrecarrer la
spéculation foncière mais des instruments qu'il faut utiliser.
Yannick Imbert a souligné que le projet de Pertuis était un bon exemple
de l'action déterminée que mènent les maires. Il a réaffirmé sa volonté
de lutter contre la hausse du prix du foncier. Il a expliqué qu'il
travaillait avec les collectivités mais aussi avec les agences
immobilières.
Respect de l'environnement
Michelle Leutier, citoyenne, s'est interrogée sur les conséquences de
l'implantation d'ITER sur la faune et la flore du site. Elle s'est
aussi demandée dans quelles conditions l'eau serait rejetée dans la
Durance.
Pascal Garin a précisé que la surface déboisée ne concernerait que 90
hectares pour la construction. La majorité des espèces du site ne
bénéficient pas de mesures de protection particulières. Pour
celles qui sont protégées, elles feront l'objet de mesures
compensatoires : leur habitat sera déplacé dans un milieu sain. Il a
ensuite expliqué que le rejet de l'eau dans la Durance se ferait dans
les conditions établies par la réglementation française, tant en
quantité qu'en qualité.
Fiabilité des chiffres
Loïc Balan, ingénieur du CEA Cadarache, s'est interrogé sur la
provenance des chiffres donnés par le CEA. Il s'est déclaré sceptique.
Patrick Legrand a précisé qu'un débat public était basé sur la
confiance mutuelle. Les séances font l'objet de diverses sauvegardes
qui peuvent être consultées. Il a précisé que les remarques du public
feront parti du compte rendu final remis au maître d'ouvrage. Il a
conclu le débat en invitant le public à s'exprimer de nouveau lors des
prochaines réunions.
NB : les personnes du public ayant juste donné leur nom oralement,
des erreurs peuvent s'être glissées dans leur orthographe