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AVIS
Soyons sérieux
par Vincent AMIOT (LYON), 19/01/2012
Tout d'abord, je m'exprime dans cette rubrique, mais mon avis concerne aussi les attentes des usagers et les besoins pour l'économie. Je trouve le découpage proposé arbitraire. Je donne un avis global sur la base du dossier qui est soumis au public.
Je précise ensuite que, si j'habite Lyon, j'ai travaillé 20 ans en Normandie, région que je prétends donc bien connaitre.

1) Les objectifs généraux affichés pour justifier le projet de LNPN sont trop nombreux et ne sont pas hiérarchisés. Il y a là un manque de sérieux évident. On ne peut pas courir tous les lièvres à la fois.
En fait on perçois qu'il y a pour RFF deux objectifs prioritaires : réduire les temps de parcours et résoudre les difficultés existantes ou à venir sur le réseau actuel. Le reste est plus ou moins donné par surcroît. IL aurait été plus clair de le dire d'emblée.

2) En matière de temps de parcours, des objectifs très arbitraires sont fixés a priori. Pour prendre un seul exemple : 45mn entre Paris et Rouen. Pourquoi pas 40 ou 55 ? Je prétends que les usagers de Paris-Rouen (au moins la majorité) n'en demandent pas tant et seraient comblés avec un temps de parcours de moins d'une heure mais surtout des fréquences cadencées à l'heure (et à la demi-heure en pointe), comme entre Paris et Lyon, avec surtout une meilleure fiabilité. D'ailleurs les temps de parcours annoncés sont les meilleurs (sans arrêt) sans qu'on sache combien de train feront le parcours sans aucun arrêt intermédiaire. Un arrêt péjore le temps de parcours de 6mn, deux arrêts de 12mn. Entre Rouen et Le Havre, RFF indique que deux arrêts intermédiaires (à Yvetôt et Bréauté) sont incontournables. Quid des autres liaisons ? Là encore la présentation qui nous est faite manque de sérieux.

3) Je relève dans le dossier beaucoup d'affirmations péremptoires. Il serait fastidieux de les citer toutes. Trois exemples: ''Une des attentes fortes des normands est la réduction des temps de parcours'' (Cf point 2) et ''les objectifs de capacité et de ponctualité ne peuvent pas être atteints sur les infrastructures existantes parce que les quais sont trop courts'' (voir mon point 5 ci-après), ou encore ''si on porte la longueur des quais en gare de 300 à 400m, on augmente la capacité de 10%''.
Il faut se méfier des affirmations péremptoires comme l'illustre l'anecdote suivante : il y a plus de 20 ans qu'on parle à Rouen de déplacer la gare sur la rive gauche ; j'ai eu l'occasion de participer à ce débat ; à l'époque, l'argument massue du directeur régional de la SNCF était que les clients du train habitaient tous rive droite et notamment sur les hauteurs de Bihorel, Boisguillaume, Mont-Saint-Aignan (les cadres qui vont tous les jours ou très fréquemment à Paris) et qu'il était donc impossible -de ce seul fait- d'envisager de déporter un jour la gare sur la rive gauche. Je suis heureux de voir que ce raisonnement péremptoire a perdu de sa force aujourd'hui.

4) Le diagnostic montre bien que le réseau actuel connait deux points noirs et deux seulement : l'infrastructure francilienne de la gare St Lazare à Mantes, et les abords de la gare de Rouen. Est-ce sérieux de nous proposer de construire 300 km de LGV et de dépenser plus de 10 milliards d'euros pour résoudre ces deux difficultés ?

5) Sur un dossier de 130 pages, deux seulement traitent de l'aménagement sur place pour ''démontrer'' qu'il ne peut répondre aux objectifs fixés, y compris à l'ouest de Mantes. Pour ce faire, RFF dit se baser sur les conclusions d'une étude faite par la SNCF en 1998, c'est à dire il y a 14ans. On aurait pu attendre de RFF plus de sérieux. Plusieurs dizaines de millions d'euros ont surement été dépensés en études sur ce projet. Quelques uns auraient pu être consacrés à une nouvelle analyse objective des possibilités d'aménagement sur place. Car il est évident qu'on peut, en dépensant beaucoup moins, répondre à l'essentiel des attentes des normands.

6) En conclusion, on nous propose un investissement disproportionné par rapport aux attentes des usagers. Alors qu'on nous explique depuis des mois que ''pendant trente ans le pays a vécu au dessus de ses moyens'' et que la dette des Etats est la source de tous nos maux, est-ce bien raisonnable d'envisager de dépenser plus de 11 milliards d'euros dont RFF ne pourra sans doute pas assumer plus de 20% en application du célèbre article 4 ? Alors que depuis 20 ans on n'a pas su trouver quelques centaines de millions pour des aménagements plus modestes mais qui auraient pu améliorer la situation (allongements de quais, voies terminus à Vernon et Yvetôt, etc) ?

La grande vitesse ferroviaire est une belle réussite, mais il faut savoir raison garder. Elle n'est pas adaptée pour la Normandie. J'ai retenu des récentes assises du ferroviaire que la priorité absolue devait aller à l’amélioration du réseau existant. Et si on essayait de mettre les actes en accord avec les discours !