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Question n°40

Impact du projet sur le comportement animal marin ?

Ajouté par Christophe DARCET (Rouen), le
[Origine : Site internet]

L'implantation du parc éolien en manche présente des avantages incontestables sur évolution de la ressource marine.

La ressource est actuellement mise à mal par une surpêche professionnelle, qui ne respecte aucune règle, ni les mailles, ni les quotas, ni les fonds marins (chaluts), ni même les zones et périodes de reproduction (ratissage systématique des frayères pendant la reproduction).

L'implantation des éoliennes va recréer des zones de repos biologique des espèces marines, où la chaine alimentaire va pouvoir se recréer, et les poissons se reproduire avec un espoir de voir les jeunes générations arriver elles-mêmes à l'age de la reproduction.

Cela profitera autant à la pêche récréative qu'à la pêche professionelle.

Néanmoins la pêche récreative fait un véritable appel d'air économique : en effet, un pêcheur dépense en moyenne 80€ pour collecter un kilo de poisson (matériel, déplacements, hébergements, repas, bateau, entretien, carburant, etc.).

Le développement local de la ressource ne peut qu'attirer les pêcheurs récréatifs dans la région. Il ne faut pas oublier que la Normandie est la zone maritime la plus proche de la région parisienne !

Cependant, il me reste des questions sur l'impact biologique de cette implantation marine. Les poissons se nourrissent en localisant leurs proies par la perception de vibrations par leur ligne latérale. Les migrations sont guidées par le champ magnétique terrestre. Les éoliennes sont des sources majeures de vibrations et de champs électriques et magnétiques.

Ainsi, comment a-t-on mesuré l'impact de ces champs sur le comportement animal marin ? Quels sont les résultats ?

En vous remerciant,

Date de la réponse:
Réponse de Eoliennes en mer Dieppe - Le Tréport (maître d'ouvrage), le
Réponse:

Bonjour,

Le champ magnétique émis par les câbles décroit rapidement avec la distance au câble, de telle sorte qu'à une dizaine de mètre du câble, il est quasiment nul (trop faible pour être mesuré). La très grande majorité des espèces n'a aucune sensibilité au champ magnétique, en témoignent les nombreux cas de colonisation par des mollusques et crustacées de câbles électriques non ensouillés. Des études américaines (US DOE) ont ainsi confirmé l'absence d'influence du champ magnétique sur le comportement des crustacées, et ce jusqu'à des niveaux 100 fois supérieurs à ce qui est attendu ici.
Les mêmes études menées sur les espèces bentho-démersales (flétan principalement) ne permettent pas de conclure à un effet du champ magnétique sur la croissance et le développement des individus (là aussi, malgré une exposition à des champs magnétiques plus de 100 fois supérieurs à ce qui est attendu ici).

Enfin, les expériences in situ (DONG Energy et al., 2006) menées au Danemark suite à l'installation du parc éolien en mer de Nysted ont conclu que le champ magnétique émis par des câbles à très haute tension en milieu marin ne constituait pas un obstacle au déplacement des espèces de poissons migratoires. Cela est cohérent avec les faibles valeurs de champ attendues. Ce d'autant plus que les espèces migratoires sont en générales des espèces pélagiques, vivant donc éloignées du fond où seront ensouillés ou enrochés les câbles.

D'autre part, les câbles émettent indirectement (par induction) un champ électrique d'un niveau très faible. Certaines espèces d'élasmobranches (requins et raies) sont sensibles à des micro-variations de champ électrique, qu'elles utilisent, entre autres signaux, pour s'aider à repérer leurs proies. Une étude (Gill et al., 2009) menée dans une nasse de ferme aquacole a confirmé la capacité de ces animaux à percevoir ce champ, sans qu'il ne soit pour autant constaté de modification comportementale.

Nous restons à votre disposition pour tout complément d'information.