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Question n°122

Une question à M. Degorre

Ajouté par Guido BARBISAN (Asnieres sur Seine), le
[Origine : Site internet]
Le commerce

Ma source est l’écoute de l'enregistrement des contenus de la réunion publique de Garges-lès-Gonesse, le 28/06/2016, à partir de 2:32:49.

Je reprends certains des propos de M. Degorre (Economiste et statisticien expert qui a rédigé l'étude faite à la demande du CPDP) :
« Il y a des fondamentaux économiques qui font que plus on crée d'activité et plus on crée de consommation… Quand on ajoute un centre commercial, in fine, il y a bel et bien plus de consommation »

Cela est basé, précise M. Degorre, sur le modèle de Hotelling, économiste américain :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Hotelling

Il expose ensuite ce qu’il appelle, avec beaucoup d’humour, l' « équation du plaisir » du consommateur :
P= C2x E (où P représente le plaisir, C la consommation, et E l’épargne)

Puis, dans sa présentation de la démarche de consommation, M. Degorre explique notamment qu' « il faut se rendre dans un centre commercial » en ajoutant « la démarche d’aller acheter, ça a un coût ». Dans le cas d’un magasin à proximité immédiate, ayant en disponibilité le bien que je veux, ce coût sera faible voire proche de 0.
« S'il faut que je fasse une certaine distance et que je recherche ce bien, ce coût ne sera pas nul. Ce coût de la distance [à franchir par le consommateur] c’est une perte nette, ce n'est pas dans mon plaisir [de consommer] » ajoute M. Degorre.

Ma question est alors la suivante :

Comment M. Degorre intègre-t-il, dans ce modèle de Hotelling, le e-commerce pur ? En d’autres termes que fait-on, dans cette logique, du vaste centre commercial globalisé qui m'est accessible en ligne, dès aujourd'hui, en quelques clics, sans avoir à me déplacer, depuis ma salle à manger (ex : Amazon, parmi bien d’autres), donc à une distance de mon domicile, non pas faible, mais carrément nulle ?

NB : Pour parler en termes de croissance, le e-commerce semble se porter plutôt bien de nos jours.
http://www.zdnet.fr/actualites/chiffres-cles-l-e-commerce-en-france-3938...

 

Date de la réponse:
Réponse de La CPDP, le
Réponse:

Réponse de M. Degorre :

Cher Monsieur,

Tout d'abord, merci pour l'attention porté à ce débat et l'intérêt que représente votre question. Historiquement, le modèle de Hotelling porte sur la notion de distance au sens propre, à savoir une distance géographique. Il s'agit bien d'un éloignement physique pour accéder au lieu de la consommation. J'ai d'abord présenté le modèle dans cette acception, la plus aisée à appréhender. Mais la raisonnement du modèle de Hotelling s'applique aussi, par extrapolation, à des distances symboliques, au sens figuré. Par exemple, la complexité pour trouver exactement le bien qui me conviendra est une "distance". Le e-commerce apporte d'ailleurs plus sur cette distance symbolique, grâce à la puissance des moteurs de recherche, à la personnalisation des interfaces, aux suggestions faites en fonction de la navigation de l'internaute, que sur la distance physique (même si cette dernière est annulée avec la livraison au domicile). Mais réciproquement, le e-commerce ne permet pas certains rapports à l'objet acheté : par exemple, de le manipuler. Dans le domaine de l'habillement, d'essayer des tenues. Des assemblages de tenues. Tout ceci est bien une distance symbolique à la consommation. Même le e-commerce est limité par cette distance symbolique. C'est pour cela que les enseignes concernées investissent dans des technologies pour encore enrichir leur service (visualisation 3D, essayage virtuel...).

Pour illustrer le propos avec une pointe d'humour, mon épouse donnerait des fortunes pour avoir une boutique qui, en un seul lieu, lui permettrait d'essayer des tenues complètes, de la tête au pied, avec l'assurance d'avoir la bonne taille, de disposer d'une cabine disponible, sans attendre, tout en ayant à ses côtés les conseils avisées de ses amies, etc. Or, il y a une "distance" pour accéder à cette offre (qui, au passage, explique que des enseignes comme Le Printemps ou les Galeries Lafayettes puissent encore avoir un avenir). Pour ma part je donnerais des fortunes pour que cette offre n'existe jamais - sinon, mon épouse me ruinera, par son surcroît de consommation.

Cette distance symbolique, c'est l'insuffisante diversité de l'offre commerciale. De ce point de vue, l'ouverture de nouveaux centres, si ces derniers se positionnent sur des concepts réellement différents, diminue la distance symbolique jusqu'à la consommation - et donc augmente la consommation totale. Un axe retenu par le projet EuropaCity, qui met en exergue sa différenciation.

Commentaires

Monsieur Degorre
à mon tour de vous remercier pour votre éclairage, notamment sur la notion de « distance symbolique ».
Je reprends, brièvement, votre comparaison à caractère « familial ». Mon épouse et moi-même sommes des représentants de la génération dite du « baby boom » et de mai 68. Elle achète une partie non négligeable de ses vêtements en ligne. Son fournisseur, allemand, ne dispose pas (encore) de boutique à Paris, mais envoie régulièrement des catalogues suffisamment bien faits pour faciliter grandement l'achat (redoutable organisation des fameuses PME exportatrices d'outre Rhin!). La navigation sur le site est fluide et aisée. Ainsi le franchissement de cette distance symbolique- indéniable- se fait sans douleur, et sans fatigue.
Quant à mon fils de 25 ans, l'idée même d'avoir à se déplacer physiquement pour acheter une paire de chaussures comme un ordinateur, lui est étrangère.

Merci encore.

92600

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