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Avis n°97

Le secteur privé au secours de la banlieue ?

Ajouté par ALI SOUMARE (villiers le bel ), le
[Origine : Site internet]

Le projet Europacity suscite le débat ? Tant mieux, mais prenons-y vite part, sinon il risque d'être confisqué par les tenants de positions dogmatiques ! Elles oscillent entre grand scepticisme et rejet total. Scepticisme pour les uns, ils doutent de la réalité ou du nombre d'emplois précis généré sur le territoire d'implantation. Rejet pour les autres, Europacity serait le symbole de consommation et du mépris des jeunes et de l'avenir à vocation agricole de la région. Jamais n'est prise en compte la fantastique opportunité que représentent ces investissements privés aussi massifs dans des territoires aussi déstructurés. C'est là que le bât blesse.

La banlieue nord de Paris est l'archétype de ses territoires, l'est du Val d'Oise et la Seine-Saint-Denis en particulier. Leurs habitants méritent d'autant plus un débat de qualité et éclairé. La Commission nationale du Débat public l'organise jusqu'au 30 juin. Il s'agit de mieux appréhender un projet complexe et d'envergure dans ses contours et son contenu comme dans ses impacts économiques, sociaux et environnementaux. Il s'agit aussi de dégager des pistes d'amélioration, elles sont nombreuses. Mais à nous, acteurs de cette région, de les pointer, de les porter et de les faire prendre en compte. Le préalable est simple : éviter les caricatures.

Car enfin, soyons sérieux : qu'est-ce qui a tué les banlieues ? C'est la faiblesse des investissements publics et privés. Ces indispensables investissements font défaut pour valoriser les nombreuses potentialités, humaines en particulier. Rappelons-nous en effet que la politique de peuplement des banlieues est la résultante du besoin important en main d'œuvre de l'industrie, notamment automobile, durant les Trente Glorieuses. Les grands ensembles en furent les symboles : ceux d'une certaine modernité, de la bonne santé de l'industrie du BTP et surtout de l'emploi ouvrier qualifié.

« Le projet Europacity apparaît ainsi comme une fantastique opportunité dans ce trop long contexte de sous-investissement dans nos territoires »

La crise de l'industrie de l'automobile combinée au sous-investissement public dans les transports, la formation et le développement d'autres secteurs d'activité, a plongé les banlieues dans le marasme que l'on connaît, les transformant en territoires coupés de tout, enclavés aux sens propre comme figuré, déstructurés. Le projet Europacity apparaît ainsi comme une fantastique opportunité dans ce trop long contexte de sous-investissement dans nos territoires.

Car à l'instar de ce passé glorieux, l'investissement privé reste au cœur de la transformation des territoires. Si nous sommes attentifs et impliqués, au-delà des seules perspectives économiques, ces investissements peuvent conduire à un développement intégré et favoriser d'autres dynamiques d'investissements, publics ou public-privé complémentaires.

Exigeons que le débat soit au niveau des enjeux de nos territoires ! Refusons par exemple qu'il tourne exclusivement autour du nombre exact d'emplois générés ou de l'origine géographique des bénéficiaires de ces emplois. Repoussons la simple logique comptable et le cloisonnement par territoire : oui le projet doit permettre de créer des emplois accessibles aux habitants de ces territoires, mais pas seulement.

Le projet Europacity est l'une des solutions pour surmonter l'enclavement économique et physique de nos territoires – sans tout résoudre, ne soyons pas naïfs. C'est la dynamique de transformation qu'il propose qui importe, la logique de flux aussi car celle du stock participe paradoxalement à assigner à résidence encore davantage : un des maux absolus des banlieues.

Inspirons-nous du projet Eurodisney qui a transformé l'Est de la région Île-de-France. Inspirons-nous de la création du Stade de France pour l'accueil de la Coupe du monde de football 1998 qui a profondément transformé la Seine Saint-Denis.

Tirons les nombreux enseignements de ces expériences, leurs avantages et leurs limites. Créons d'abord des lieux d'incubation et d'accompagnement pour permettre l'accès à la formation et aux nombreux métiers nécessaires au projet, et accélérons l'innovation pour accroître la compétitivité du territoire. « C'est par votre exigence que vous fixerez votre niveau », disait l'un de mes professeurs. Veillons à être exigeants dans ce débat pour que le projet Europacity contribue à relever les défis de nos territoires, pour le plus grand bien de ses habitants et donc de la Région-capitale.

Ali SOUMARE

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