Avis n°40
Contre Europacity
le ,Je m'interroge sur le fait que ce projet fasse si peu parler de lui. En dehors du débat public qui est, il me semble, imposé dans le cadre de projets de telle envergure, pourquoi le maître d'ouvrage et les investisseurs communiquent-t-ils si peu sur la construction de ce méga centre commercial, qui a le croire, représenterait une opportunité unique de développement pour les territoires Nord de l'Ile-de-France ?
Auraient-ils peur de la confrontation avec la population, avec leurs arguments simplistes et illusoires ? Craignent-il un effet Notre-Dame-des-Landes qui serait on ne peut plus légitime ?
Il s'agit d'un équipement qui s'appuie sur un modèle de société outrageusement consumériste et superficielle (type Dubaï) dont nous pensions être plutôt préservés en Europe. Et l'on peut douter de ses prétendus effets positifs sur l'emploi (écart entre les emplois proposés, dans le secteur touristique notamment, et les qualifications des populations locales) et sur le développement économique des villes environnantes (destruction des commerces de proximité et affaiblissement des polarités commerciales existantes), ainsi que du modèle économique de ce type de complexes de loisirs démesurés (à voir la dette actuelle des parcs EuroDisney, pourtant 1ère destination touristique d'Europe).
Mais il n'y a en revanche pas beaucoup de doute à avoir quant à ses effets négatifs sur le territoire. Ce projet de complexe commercial et touristique périurbain, en détruisant une partie significative des dernières terres agricoles que compte encore l’Île-de-France, va effectivement à l'encontre des logiques actuelles défendues durant la COP21 (réduction des émissions carbone et de la dépendance automobile) ou mises en place par la Ville de Paris par exemple (réhabilitation des espaces naturels et des continuités végétales), mais aussi à l'encontre des grandes tendances sociétales (retour aux circuits courts et valorisation de l'agriculture de proximité).
Comment est-il possible que, face aux enjeux écologiques que nous connaissons tous et dans la perspective des besoins alimentaires qu'implique l'augmentation globale de la population, les pouvoirs publics ne s'engagent pas davantage en faveur de la préservation des terres agricoles ? Comment se fait-il que les documents d'urbanisme ne réglementent pas aujourd'hui la protection des espaces si précieux pour la région ? A l'heure de la construction du Grand Paris, cela devrait être une question majeure.
Je regrette donc que la population ne soit pas associée beaucoup plus en amont aux processus de décision sur ce type de projets dont les conséquences seront irréversibles.
Tout comme je regrette de lire autant d'avis positifs sur la réalisation de ce projet, ce qui témoigne toutefois de l'habileté des porteurs du projet dans l'art de la mystification. Tout ça pour satisfaire les appétits gargantuesques du groupe Auchan.
Au détriment du bien commun.