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Point de vue n°80

Contribution du Groupe ADP

Groupe ADP (PARIS) Représenté(e) par M. Augustin DE ROMANET, Président

Le Groupe ADP se félicite que des projets ambitieux voient le jour pour le développement du Grand Roissy et de la région Ile de France.

Mais pour Europacity, comme pour tout projet de développement, le Groupe ADP souhaite que l'Etat intègre ab initio les conditions futures de circulation, et la mobilité en général sur le territoire du Grand Roissy.

Il conviendra donc que l'Etat et l'ensemble des collectivités maîtres d'ouvrage en matière de routes et de transports développent des réponses à la hauteur des ambitions placées aujourd'hui dans ce formidable territoire et donnent des assurances quant au service qui sera fourni. Les études ou les engagements connus à ce jour laissent craindre une insuffisance de prise en compte de ces enjeux.

Il en va de la réussite des projets et des conditions futures du développement économique du secteur.

Commentaires

Les opposants au projet Europacity ne sont pas seulement des « babas cool » déconnectés des réalités économiques, bien au contraire, comme le montrent les différentes contributions argumentées: critiques sur l’emploi, sur la dépense d’argent public, sur l’agriculture, sur l’équilibre écologique et du cadre de vie, sur l’avenir des jeunes de la région, etc. Vos critiques renforcent ces points de vue, et nous vous en remercions, venant de la part d’un « institutionnel ».

Trop d’éléments ne sont pas divulgués, pour des raisons absconses, sur la dépense d’argent public liée au projet. L’investissement d’Auchan, plus de 3 Milliards, est mis en avant pour « impressionner » les quidam que nous sommes… Vous nous dites très clairement que le « Milliard » (?) investi en argent public (détournement de la ligne 17, création d’une gare supplémentaire en « rase campagne », aménagements routiers autour)… ne suffit pas! Nous vous croyons totalement.

Effectivement, étant donné l’encombrement total d’un axe (l’A1, créée pour relier Paris au Nord de la France et de l’Europe) par deux aéroports et son corridor déjà existant, auquel vous ajoutez « Plaine Commune », il est totalement aberrant de prétendre desservir plus! Vous avez totalement raison quand vous dites: « De nombreuses études menées sur ce sujet, montrent les limites des réseaux assurant la mobilité dans le secteur du Nord Est Francilien. »

Comme vous le dites aussi, « plus de 85 % des employés sur la plateforme de Paris-CDG se déplacent en véhicule particulier ». Comment croire alors les chiffres annoncés par Auchan qui laissent penser que la majorité des visiteurs viendront par la ligne 17? Deux hypothèses sont possibles: soit la fréquentation visée est liée très majoritairement à la présence de touristes étrangers transitant par Roissy (ce qui a été clairement annoncé), soit les chiffres sont faux et l’Etat devra « se débrouiller » sur les questions d’infrastructures qui relèvent de sa responsabilité… Ce ne serait pas la première fois que l’investisseur privé se défausserait (cf. volonté d’urbaniser le Triangle de Gonesse) sur la responsabilité de l’Etat, qui parait bien naïf sur ce sujet.

Vous précisez encore « La structure urbaine de plaques et de coupures, dans un secteur encore peu dense, rend les itinéraires pour les déplacements locaux contraints, favorisant l'utilisation de la voiture. » Qu’est-ce que le projet Europacity, sinon une « plaque » supplémentaire dans ce territoire? Il ne s’en cache même pas! Il est autonome, il a la forme d’une plaque, il est exogène…

Vous concluez ces observations sur la saturation des axes de communication par cette phrase: « Il conviendra donc que l'Etat et l'ensemble des collectivités maîtres d'ouvrage en matière de routes et de transports développent des réponses à la hauteur des ambitions placées aujourd'hui dans ce formidable territoire et donnent des assurances quant au service qui sera fourni. Les études ou les engagements connus à ce jour laissent craindre une insuffisance de prise en compte de ces enjeux. » A votre avis, à combien se chiffrent les infrastructures, radiales et transversales, qu’il faudrait réaliser pour permettre l’urbanisation de nouvelles terres autour des aéroports?
Il est très important d’évaluer cette dépense, car elle s’ajoute au « Milliard » déjà estimé sur la ligne 17 et ses alentours. Parlons nous de plusieurs milliards, 3 à 4 ??? Ces chiffres, qui semblent « tabous », sont pourtant essentiels. Pour la même somme, combien d’emplois pouvons nous créer, combien de communes de la région pouvons nous aider à se développer, se densifier, et à se revitaliser (développement de leurs commerces, de la culture, de la formation)?

Avant de terminer, je reviens sur le début de votre contribution. Vous dites: « Le Groupe ADP se félicite que des projets ambitieux et porteurs de prospérité pour le territoire puissent s'implanter dans le périmètre du Grand Roissy. ». Pour que les choses ne restent pas ambigües, j’aimerais comprendre ce que vous entendez par « prospérité »? Le projet Europacity apporte-t-il une quelconque « prospérité », quand son principe même n’est que de favoriser la dépense (consommation, loisirs payants), et en aucun cas d’aider à l’emploi et à la formation (la création de richesse), notamment des jeunes… La prospérité consiste-t-elle pour vous à ponctionner le porte-monnaie des étrangers qui visitent notre pays? J’espère qu’il ne s’agit pas (que) de cela…

60410

1ère surprise en matière d'emploi : ADP semble ignorer les données de l'INSEE.
Sur l'emploi, "un des secteur les plus dynamiques de la région Île-de-France" selon ADP. Selon l'INSEE les emplois de Roissy sont en baisse : leur nombre est passé de 93 642 en 2009 à 83 476 en 2012 soit une perte de 10 166 emplois en 3 ans. Le nombre d'emplois en 2013 vient d'être publié. Il est de 79 903, soit une nouvelle baisse de 3 573 emplois. Qui peut prétendre en 2016 que le nombre d'emplois sur le territoire du Grand Roissy sera de 400 000 en 2030. C'est oublié que ce territoire fait l'objet de quatre CDT avec 25 grands projets concurrents entre eux : Le Colisée de Tremblay-en-France concurrent du Dôme de Sarcelles, EuropaCity concurrent d'Aérolians, Le centre d'affaires du Triangle de Gonesse autour d'EuropaCity concurrent des centres d'affaires du Grand Roissy...
Ajoutons à cette baisse d'emplois, l'accroissement dans le même temps du nombre de passagers, passé de 57,9 millions en 2009 à 62 millions en 2013. Où est donc le temps où ADP prétendait que l'accroissement du nombre passagers, c'était l'accroissement du nombre d'emplois ?

2ème surprise en matière de transport : ADP découvre la problématique du "dernier kilomètre". Un kilomètre c'est 5 min à vélo, 1/4h à pied mais depuis 40 ans ADP n'a rien prévu en matière de déplacement piéton et cycliste. Un comble, même la Maison de l'Environnement est inaccessible à pied ou à vélo à partir de la gare routière et ferroviaire de Roissy Pôle, située pourtant à moins d'1 km à vol d'oiseau. Fallait-il aussi qu'ADP laisse s'installer sur la plateforme de Roissy le centre commercial Aéroville et encourage ainsi les salariés à continuer à venir en voiture sous prétexte de faire leurs courses tout en venant travailler ?

Pour ADP les parkings représentent une manne financière. En direction de Paris tout est fait pour dissuader les salariés d'utiliser leurs voitures, vers Roissy diverses mesures d'ADP ou des grandes compagnies aériennes, les y encouragent.

3ème surprise : ADP ignore le rôle de l'espace ouvert du Triangle de Gonesse pour permettre le fonctionnement des deux aéroports.
Conserver un espace dégagé apparaît stratégique pour les pilotes dans un territoire où il est si difficile de manœuvrer au décollage et à l'atterrissage, compte tenu de la densité urbaine très élevée, qui impacte un million de riverains et de la proximité des deux aéroports. Tout au long du débat public, le maître d'ouvrage s'est efforcé de faire croire que le triangle de Gonesse n'était pas survolé par les avions, alors que nous tenons à disposition des enregistrements sonores qui sont aux limites du supportable auditif. Les avions du Bourget doivent raser les habitations pour ne pas tamponner dans les avions de Roissy, ce qui entraîne une gêne sonore très élevée. Bien que le TdG ne serait soit disant pas "survolé par les avions", constatons qu'il a été le théâtre de nombreuses catastrophes aériennes en une centaine d'années, dont la dernière en 2000 à Gonesse avec la catastrophe du Concorde, . On n'ose supposer les problèmes de circulation aérienne dans une zone plus densément urbanisée, avec l'objectif d'ADP du doublement du trafic aérien à Roissy.
Sans compter la hausse des problèmes de sécurité avec les risques d'attentats particulièrement délicats en cas de gestion de grandes foules. On interdit le logement pour des raisons de nuisances aériennes, mais aussi pour des raisons de sécurité. On ne voit pas pourquoi les vies seraient plus précieuses en ce qui concerne les habitants permanents, que des populations temporaires. Vouloir concentrer 31 millions de visiteurs dans une zone aussi accidentogène et aussi nuisante est irresponsable. Prétendre en faire une zone attractive pour les touristes constitue un véritable non-sens.

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