Europacity mal situé, destructeur, trop gros

Europacity est situé dans les zones de bruits et de pollutions atmosphériques de 2 aéroports, une autoroute, une voie express. Il suffit de consulter le dossier de création de la ZAC, étude acoustique : https://europacity.debatpublic.fr/autres-documents-etudes
EuropaCity est bien entouré d'une zone de bruit évoluant entre 55 et 75 décibel.
Le dossier de la pollution atmosphérique généré par les transports est à peine abordé, cela est peut être un sujet tabou, tant parfois les effluves de kérosène et les rejets de microparticules des voitures se font sentir dans la région.

Le concepteur du projet propose, avec une architecture adaptée et de nombreux espaces couverts, d'échapper à cette contrainte. Je ne crois pas que cela soit très attractif de vivre sous une bulle climatisée surtout pour un centre nautique. Europacity n'est pas de ce point de vue une destination touristique, mais une opportunité de logement dans un site dégradé mais proche de transports (3000 chambres prévues dans le site).

L'emplacement est aussi mal situé du point de vue de la saturation routière actuelle et prévisionnelle de transports, tant sur les axes routiers que les transports en commun. Il suffit pour s'en convaincre de lire les cahiers d'acteurs documentés suivant : groupe ADP - Paris Nord Villepinte - Paris Terres d'Envol.

EuropaCity est trop gros et a des ambitions démesurées par rapport au contexte métropolitain.
Il suffit de lire le dossier du maitre d'ouvrage. Europacity prétend accueillir 25 millions de visiteurs en provenance de la région Ile-de-France. Pour cela encore faudrait-il se situer au centre, EuropaCity est à la périphérie dans une zone encombrée. Lisons à ce propos les données du maitre d'ouvrage sur l'attractivité d'Europacity (pages 56 et 57)
https://europacity.debatpublic.fr/documents-du-porteur-projet
Dans une zone correspondant à 30 minutes de transports, cela concerne 6 millions d'habitants : si 10 pour cent de ces 6 millions viennent 10 fois dans l'année, cela fait pas plus de 6 millions de visiteurs, même en ajoutant quelques millions de visiteurs supplémentaires pour les visiteurs situés à jusque 1 heure de transports, nous sommes très loin des 30 millions de visiteurs prévus !
L’étude d'attractivité relève du secret commercial. Plus on est loin plus cela semble difficile, car des musées, des zones commerciales récréatives, des centres aquatiques ludiques, ce n'est pas ce qui manque. Par exemple : à La Défense, il y a cinéma, commerce, centre de conférence, musée, restaurant, jardin ; au forum des halles idem avec un centre aquatique en plus. Je pourrai citer les 3 Fontaines Cergy, Bercy village, La Villette. Europacity n'est pas si novateur, le concept existe décliné un peu différemment.

EuropaCity, et cela a été souligné dans le débat, va rentrer en concurrence aussi avec les centres commerciaux existants sur de nombreux créneaux, des centres de séminaires et de conférences existant et projetés, des centres culturels projetés à Sarcelles et à Tremblay. Dans cette compétition des territoires et d'excès d'offre, sous forme de bulle spéculative, tout le monde sera perdant : les centres existants ne tiendront pas l'équilibre et les nouveaux ne pourront l'atteindre.

Il y aussi un risque de désertification d’équipements culturels et de loisirs de zone proche, puisque Europacity sera à côté. Par exemple une salle de spectacle de 3000 places à EuropaCity, cela représente peut-être 1 million de billets à vendre dans l'année. Un centre aquatique, il faut de la fréquentation aussi. Europacity n'est pas qu'un équipement culturel et de loisirs additionnel, c'est aussi un concurrent redoutable pour des équipements de proximité existants ou à créer.

La région avait encore pour ambition de protéger les terres agricoles et d'éviter l'étalement urbain, avec le nouveau SDRIF depuis 93, la zone du triangle de Gonesse est donc ouverte à l'activité pas à l’habitation, sauf pour les touristes ! Dommage que l'EPA n'ait pas ouvert un débat public pour l'ensemble de cette zone, afin d'y définir des projets novateurs en termes de mutations écologique et sociale futures.
C’est ainsi qu’EuropaCity va contribuer à la destruction de terres agricoles d'une valeur exceptionnelle, avec plus de 6 mètres de dépôts limoneux, permettant par exemple de faire pousser le maïs sans aucun arrosage.

Le débat public aura au moins peut-être servi à cela : faire prendre conscience des limites de la croissance centralisée dans un seul lieu, des priorités nouvelles pour les moments difficiles qui s'annoncent (raréfaction des ressources, perte de biodiversité, crise de l'emploi avec l'automatisation et la robotisation, crise climatique).

Europacity ne répond que d'une façon cosmétique et greenwashing à l'ensemble de ces problématiques et contribue parfois à les aggraver.

C'est pourquoi le projet est à revoir tant sur sa situation, sa taille, ses finalités. En tout cas le succès ne semble pas du tout assuré !