Avis n°147
EuropaCity n’est pas compatible avec les objectifs fixés dans l’accord sur le climat lors de la COP21
le ,Destruction irréversible de terres agricoles :
Alors que les citoyens sont de plus en plus convaincus de la nécessité des circuits courts notamment pour limiter les rejets dans l'atmosphère de gaz à effet de serre (GES), la destruction irréversible de bonnes terres agricoles en Ile-de-France, très largement dépendante pour son alimentation, ne ferait qu'aggraver les choses.
Le promoteur s'appuie sur le Schéma Directeur de la Région d'Ile-de-France (SDRIF) pour justifier son projet. Mais ce n'est pas parce que le SDRIF a prévu que cet espace pouvait être aménagé qu'il doit obligatoirement l'être. En effet, cela fait plus de 20 ans que cet aménagement a été envisagé et pendant ces 20 ans, notre connaissance sur le dérèglement climatique et les moyens d'y remédier a beaucoup progressé.
Et sur ce plan, il est anormal que la consultation soit limitée aux 80 ha prévus pour Europa City alors qu'il s'inscrit dans un projet d'aménagement de 300 ha sur les 700 ha de terres agricoles que comptent le triangle de Gonesse.
Les mots ont-ils encore un sens ? Lorsque les scientifiques du GIEC nous alertent sur le fait qu'il serait nécessaire de réduire de 40% à 70% les émissions mondiales de GES d'ici à 2050 pour éviter un emballement climatique, il me semble que tout projet devrait être évalué en fonction de ces objectifs.
EuropaCity, selon ses promoteurs, accueillerait 31 millions de visites par an dont 25 millions à moins de 2 heures de trajet et 50% de ces déplacements se feraient en véhicule personnel, d'où rejet de GES. A ces déplacements locaux, s'ajouteraient des déplacements en avion, puisque EuropaCity a pour ambition d'attirer 6 millions de visiteurs internationaux par an et donc de contribuer à une augmentation du trafic aérien et donc également aux rejets de GES.
Par ailleurs, ce projet va nécessiter des investissements publics dans les infrastructures de transport. Toujours dans l'objectif de lutter contre le dérèglement climatique, il serait plus judicieux d'utiliser ces ressources pour améliorer les transports en commun d'Ile-de-France, accélérer la transition énergétique et déconcentrer l'Ile-de-France qui accueille 19% de la population sur 2,8% de la surface du territoire hexagonal.
Quel modèle de société ?
Le projet est présenté comme une « nouvelle destination touristique dédiée aux loisirs, à la culture et au commerce ». La mise en avant des loisirs et de la culture ne peut cacher le fait que c'est le poste commerce qui représente la plus grande surface (boutiques, grandes surfaces, restaurants, hôtels).
Concernant les loisirs et la culture, ce sont surtout les équipements de proximité qui les rendent les plus accessibles à l'ensemble de la population. Dans les faits, EuropaCity se sert des loisirs et de la culture pour attirer des consommateurs qui viendront fréquenter les boutiques louées aux marques qui devront réaliser du chiffre afin d'acquitter leur loyer et rentabiliser leur investissement. Car en résumé, le modèle économique des promoteurs qui investissent 3,1 milliards d'euros est bien de louer des surfaces à des enseignes.
Au passage, il est fort probable que la fréquentation des centres commerciaux proches soit affectée alors que certains de ces centres peinent déjà à atteindre les objectifs de fréquentation fixés lors de leur ouverture. Les créations d'emploi d'EuropaCity seront donc accompagnées de suppressions d'emploi dans d'autres centres commerciaux et les commerces de proximité.
A travers ce projet, c'est tout le contraire d'une nécessaire société de sobriété qui va prospérer, peu importe les dégâts pour les générations futures dans 20, 30 ou 50 ans.
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