Avis n°106
Un projet de désaménagement du territoire et de destruction de sols très fertiles
le ,Sur les emplois, il est annoncé que le projet créerait plus de 11.000 emplois directs. Mais combien d’emplois seront détruits dans le petit commerce des agglomérations voisines pour un emploi créé. Que vont devenir les centres des villes alentour ? Par ailleurs, il a été souligné que le profil des emplois créés ne permettrait pas de répondre à la demande d’emplois peu qualifiés qu’il est nécessaire de pourvoir localement. Il faudra donc forcément faire venir des populations externes au bassin d’emploi dont dépend le triangle de Gonesse. Vues les interdictions de construction de logements du fait des couloirs aériens des aéroports de Roissy CDG et du Bourget, ces nouvelles populations devront être transportées journellement de zones plus lointaines ou se mouvoir par leur propres moyens. Des migrations pendulaires sont donc à prévoir sur le secteur qui vont saturer les transports publics et le réseau routier créant autant de stress pour la population concernée. Cette logique s’inscrit dans celle qui prévaut malheureusement dans l’aménagement de l’Île-de-France depuis des années : une concentration des principales zones d’emplois sur quelques communes entrainant inévitablement la saturation des réseaux de transport et in fine un désaménagement du territoire.
Sur la localisation : à deux pas, le site de l’ancienne usine PSA d’Aulnay-sous-Bois, déjà artificialisé et viabilisé, est désaffecté ! Pourquoi ne pas utiliser cet espace pour construire le centre commercial afin d’éviter de consommer encore des terres agricoles qui sont parmi les plus fertiles de France selon l’INRA. Ces 80 hectares d’espace agricole qui vont disparaitre vont également retentir sur la quantité et la qualité des ressources en air, eau et biodiversité du fait de l’annihilation des fonctionnalités écologiques du sol qui lui sont propres. Il est impensable de détruire un tel patrimoine, véritable joyau écologique, bien commun non renouvelable, qu’il est impératif de léguer aux générations futures.
Sur la viabilité économique du futur centre commercial. A quelques kilomètres de là, le centre commercial Aéroville, un an après son inauguration n’atteignait que 30% de son objectif. Qu’en est-il aujourd’hui de ces très grands centres commerciaux ? N’observe-t-on pas une baisse structurelle de leur fréquentation ? Il est annoncé 30 millions de visiteurs par an sur le futur Europacity, c’est le double de la fréquentation de Disneyland Paris... N’est-on pas trop optimiste ? Par ailleurs, outre Aéroville, à une distance équivalente se trouvent d’autres centres commerciaux de même envergure : Paris Nord 2, O’Parinoir, plus loin Beausevran, les Flanades, MyPlace, etc. Ces centres commerciaux exercent nécessairement entre eux une forte concurrence qu’Europacity ne va faire que renforcer mais pour arriver à quel résultat en termes de chiffres d’affaire et d’emplois ?
Enfin, la puissance publique sera sollicitée pour construire les réseaux de transport permettant de desservir Europacity, notamment la construction et la mise en service de ligne 17 avec le détour en plein champs pour la future gare de Gonesse. Les fortes incertitudes planant sur le projet, les retours sur les investissements publics risquent d’être pure perte.
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