Point de vue n°3
Contribution N°3 - Atelier emploi - formation
Représenté(e) par M. Arnaud BAZIN, Président
Site internet
Le territoire du Grand Roissy connaît dans un même temps un développement économique dynamique, porté par des projets à forte visibilité, et une précarisation de la population locale qui n'accède pas aux emplois créés.
Compte tenu des projets majeurs de développement économique et des perspectives d'emplois créés (environ 130 000 emplois escomptés à l'horizon 2030), il est important de travailler dès aujourd'hui à l'adaptation des
formations aux besoins des principales entreprises pourvoyeuses d'emplois à l'échelle du Grand Roissy.
EuropaCity avec 11 800 emplois directs et 13 000 emplois indirects en phase d'exploitation est l'un des plus importants créateurs d'emplois du territoire pour les prochaines années.
Des contradictions non résolues
1. La précaution des estimations d’emploi à géométrie variable
Si le conseil départemental du Val d’Oise considère les prévisions de six projets du grand Roissy « avec toutes les réserves et précautions qu’il est nécessaire de prendre en matière de projection d’emplois par projet », il est étonnant qu’il s’appuie sur l’étude sommaire du cabinet Sémaphores sans y appliquer ce même principe de précaution.
2. Le décalage entre insuffisance de formation initiale et degré d’exigence d’EuropaCity
Les statistiques INSEE 2012 montrent que 48% de la population de Val-de-France en âge de travailler n’a aucune qualification ou au maximum le brevet des collèges.
Or dans l’étude Sémaphores, 75% des emplois sont regroupés du niveau CAP-BEP au niveau Bac. Ces emplois ne seraient donc pas accessibles à la population locale, contrairement à ce qui est affirmé.
Par ailleurs, ces besoins sont sous-évalués. Par exemple, le métier « employé commercial – hôte et hôtesses de caisses » est classé par le cabinet Sémaphores de niveau CAP-BEP. En effet, dans les petites annonces passées en 2016 par Auchan-Sarcelles, on relève des postes de vendeur et d’employé de libre-service avec un niveau exigé bac minimum, avec deux ans d’expérience dans la grande distribution et un permis de conduire. On peut imaginer que ce niveau d’exigence le sera encore plus en 2024.
La problématique est donc bien l’insuffisance de formation initiale assurée par l’éducation nationale (alors que les élèves du 93 et du 95 perdent une année de scolarité en absence de professeur), prérequis permettant d’accéder à des formations qualifiantes.
Par ailleurs les dispositifs de pré-qualifications mis en place par les acteurs publics, ne sauraient être mobilisés au seul bénéfice d’EuropaCity qui ne représenterait avec ces 11 800 emplois hypothétiques que 4% des besoins en emplois des actifs du territoire.
3. Favoriser la destruction d’emplois par des projets concurrents
Vous citez l’étude Ecodev Conseil de 2014, qui indique à juste titre que les « 10 grands projets du Grand Roissy– Le Bourget prévus à l’horizon 2020 devraient générer plus de 20 000 emplois d’ici 2020 dont 7 000 créations nettes hors transferts ». Cela signifie donc qu’il y aurait 13 000 emplois simplement déplacés. Les projets cités sont concurrents entre eux (centres de congrès, hôtels, commerces, loisirs) et EuropaCity ne ferait que renforcer cette concurrence. Dans l’hypothèse où les 11800 emplois à temps plein seraient effectivement implantés à EuropaCity, en appliquant ce même ratio, ils ne représenteraient in fine qu’4130 emplois créés.
Cette concurrence exacerbée laisse à craindre des friches commerciales et hôtelières.
4. Les clauses d’insertion présentées comme une innovation reproduisent les normes habituelles
Quant aux clauses d’insertion, elles représentent les pratiques constatées habituellement sur d’autres chantiers (comme L’ilo à Epinay-sur-Seine ou le Millénaire à Aubervilliers).