Vous êtes ici

Question n°36

La qualité des exposés et des documents

Ajouté par Jean-Claude MARCUS (ECOUEN), le
[Origine : Site internet]

Au cours de la réunion du 12 avril 2016 à Villiers-le-Bel ont été présentés des documents qui seraient issus d'études sérieuses pour lesquelles des "experts" ont été payés et sont venus s'exprimer. Plusieurs faits permettent de douter du sérieux de leurs études.

1° Un tableau projeté pour justifier la création d'Europacity sur le site choisi mentionne l'arrivée d'ici 2030 de 300.000 habitants supplémentaires et la construction de 6000 logements supplémentaires. La zone de la ZAC de Gonesse où Europacity prétend s'installer n'autorise aucune construction de logement du fait des couloirs aériens de ADP Roissy CDG et ADP Le Bourget :
- que viennent faire ces logements (à raison de 50 habitants nouveaux par nouveau logement) pour justifier de l'implantation d'Europacity sur des terres agricoles ?
- Ne vaudrait-il pas mieux implanter Europacity à proximité des populations pouvant y travailler et sur un site déjà artificialisé et viabilisé, par exemple la déprise de PSA ?

2° Les promoteurs du projet, les "experts" cités ou présentés et les élus locaux ont unanimement reconnu que les emplois créés jusqu'à présent ne correspondent pas au trop faible niveau des qualifications des populations actives habitantes. L'exemple de Gonesse, où se situera Europacity, est caricatural : plus d'emplois que de population active habitante et un record de chômage ou de privation (totale ou partielle) d'emploi pour une grande part de cette population habitante, à commencer par les jeunes. A part le vœu pieux de "faire en sorte que", personne n'a proposé de réalisation concrète pour parvenir simultanément grâce à Europacity à créer des emplois peu qualifiés et à mettre en place des formations adaptées à élever les qualifications des habitants demandeurs d'emploi. A quoi auront servi les études et leurs présentations ?

3° Aucun expert, aucun intervenant, aucun élu n'a été apte à présenter la situation telle que les études sociologiques actuelles la décriraient pour ce qui concerne les jeunes, leur formation (dont seconde chance), leurs débouchés en emploi. Aujourd'hui les concepts qui permettent de caractériser la situation et les efforts à faire pour l'améliorer comprennent au minimum les NEET et les "décrocheurs". Les Not in Education, Employement or Training comprennent toutes les personnes qui ne sont ni dans un dispositif d'éducation ou de formation ni en emploi. En France leur effectif est estimé à 1,7 millions de personnes. Le coût collectif est évalué à 13.000 euros par an et par personne ne sortant pas de cette situation. Le manque à gagner et la prise en charge par l'Etat sont estimés à 22 milliards d'euros par an. Comment se fait-il que cette poche de pauvreté socio-culturelle dont Val-de-France et tout particulièrement Gonesse sont des exemples caractéristiques ait été "zappée" ?
De même pour la population plus jeune des décrocheurs puisque Europacity prétend ouvrir en 2024 donc pouvoir employer des jeunes aujourd'hui au collège. En effet l'intérêt d'Europacity sera non pas de localiser ici des emplois détruits ailleurs (ce qui est hélas le plus probable) mais de proposer ici des emplois qui n'existaient pas ailleurs et qui répondront aux besoins d'emplois des populations les plus proches (ce qui n'apparaît pas concrètement pour l'instant dans la présentation du projet). Comment améliorer le projet sur ce point précis ? Et aussi par des dispositifs adaptés et financés par Europacity pour éviter que ce soit l'investissement public qui contribue à l'enrichissement privé ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Les experts sollicités par le maître d’ouvrage pour intervenir sur les questions relatives à l'emploi et à la formation au cours du débat public présentent des garanties de compétence et de professionnalisme : la Chambre de commerce et d’industrie Parie Ile-de-France, avec 24 écoles (chaque année sont formés 31 700 jeunes, dont plus de 16 700 apprentis, du CAP  au Doctorat ainsi que 43 000 stagiaires de formation continue), et son Centre d'Innovation et de Recherche en Pédagogie de Paris (CIRPP) est l’un des principaux acteurs de la formation en Ile-de-France  Le cabinet Sémaphore conseille depuis plus de 20 ans les responsables d’entreprises privées et des services de l’Etat et des collectivités territoriale dans le domaine du développement économique et social. La Direccte et Pôle Emploi sont intervenus pour présenter un diagnostic territorial qui ne peut également être remis en cause. Le GIP Emploi Roissy a souhaité démontrer la dynamique territoriale à l’œuvre rejoignant ainsi notre propre analyse.

 

1/ En premier lieu, il convient de dissiper un malentendu à propos des habitants supplémentaires (DRIEA, Porte Nord du Grand Paris Dossier de Référence, Livret 1, Août 2015) et des logements créés d'ici à 2030 (EPA Plaine de France, CODRA, Etude sur les conditions de production de logement, 2008-2014) : notre exposé se proposait de mettre en lumière la dynamique positive caractérisant le territoire couvert par les deux départements du Val d'Oise et de la Seine-Saint-Denis,  à la fois sur le plan démographique  (+ 300 000 habitants) mais également du point de vue des nouvelles infrastructures de transports en commun, des quelque 25 projets qui s'y implanteront, et des logements dont le potentiel de création pourrait s’élever au rythme de 6 000 par an entre 2018 et 2030 selon l’EPA Plaine de France. D’autres estimations sont plus ambitieuses. La loi sur le Grand Paris prévoit la construction de 70 000 logements par an en Île-de France. Un nouvel objectif a été fixé par l’Etat et la Région Ile-de-France pour la Plaine de France sur la période 2014-2030 à 8 332 logements par an (objectif dit « TOL », hors Montmagny). Au regard du taux d’occupation des logements pour les communes du corridor de l’A1, supérieurs aux moyennes régionales et départementales, les objectifs de créations de logement semblent cohérents avec l’accroissement démographique envisagé.

Sur ce dernier point, nous n'avons pas fait état d'une implantation de logements dans les zones couvertes par les couloirs aériens : bien d'autres terrains sont disponibles à cet égard, à proximité du Triangle de Gonesse.

 

2/ D'autre part, vous suggérez l'installation d'EuropaCity sur l'ancien site de PSA-Peugeot Citroën. Comme nous l'expliquons dans la réponse à la question posée par M.Piekarz, le décalage entre le calendrier d'aménagement  de chaque site est tel (conception du projet EuropaCity dès 2006 et choix du Triangle de Gonesse en 2009-10, projet architectural élaboré à partir des spécificités de ce site en 2011-12, décision publique de créer une gare de la ligne 17 du Grand Paris Express dans le Triangle de Gonesse suite au débat public en 2011, tandis que l'arrêt de la production de l'usine PSA  est intervenu en octobre 2013) qu'on ne peut considérer que l'implantation envisagée pour EuropaCity a été choisie sans une soigneuse prise en compte de tous les éléments de choix,  ou sans concertation approfondie avec les acteurs publics concernés. Par ailleurs l’Etat a réaffirmé à plusieurs reprises la vocation industrielle du site de PSA afin d’y maintenir des emplois. Dans cette logique, la SGP a choisi d’y installer le centre de maintenance des infrastructures et des matériels roulants des lignes 16 et 17 à Aulnay-sous-Bois sur l’ancien site PSA pour 592 millions d’euros et une autre partie de l’emprise a déjà été cédée à une entreprise de logistique.

 

3/ Notre analyse et nos propositions relatives aux emplois nécessaires pour assurer le chantier de construction puis  l'exploitation des différentes composantes du site, s'appuie sur un diagnostic précis des forces et des faiblesses du territoire.

Il est en effet caractérisé, comme vous l’évoquez, par sa jeunesse, par son dynamisme démographique, mais aussi par un niveau de qualification globalement moins important qu’ailleurs dans la Région Île-de-France, un taux de chômage élevé et par des freins importants pour l'accès à l'emploi.

C'est pourquoi les dispositifs pour lesquels nous faisons des propositions, à débattre et affiner avec les acteurs de la formation, de l'orientation,  du recrutement et de l'insertion du Val d'Oise et de la Seine-Saint-Denis tiennent compte de ces caractéristiques et de l’expérience que vous évoquez dans votre question:

- d'une part,  les emplois nécessaires pour la construction puis d'exploitation seraient à 75% du niveau CAP-BEP-Bac, donc accessibles aux habitants (qui ont ce niveau de diplôme à 39,6% dans le Val d'Oise et à 35,4% en Seine-Saint-Denis).

- d'autre part, le temps long dans lequel s'inscrit le projet (vous avez très justement évoqué les jeunes aujourd’hui au collège) est un atout puisqu'il permet de créer les conditions du rapprochement entre l'offre et la demande, y compris pour les emplois exigeant un niveau de qualification supérieur et aussi pour définir des parcours professionnels donnant accès, par la formation, à des emplois plus qualifiés que celui initialement occupé.

- les mesures concrètes que nous proposons consistent à mettre en place EuropaCity Compétences qui s'appuierait sur la mise en réseau des acteurs de la formation et de l'orientation présents sur le terrain pour définir et financer des actions concrètes destinées aux habitants susceptibles d'occuper l'un des emplois créés,  et qui proposerait en parallèle et en complément  un centre de compétences apte à accueillir,  orienter et former 3 500 personnes par an dans les deux ans précédant l'ouverture (puis 1 000 par an en phase d'exploitation). Cet investissement s’ajouterait aux montants versés dans tous les cas par les entreprises pour financer la formation : taxe d’apprentissage et contribution à la formation professionnelle continue qui seront orientées vers les organismes du territoire.

 

3/ Ajoutons que nous estimons que 52% des 11 800 emplois mobilisés pour le fonctionnement du site répondraient à des besoins spécifiques et correspondraient à une gamme étendue de nouveaux métiers, aujourd'hui non proposés sur ce territoire :

- une offre culturelle de qualité dans les six équipements implantés au sein d'EuropaCity, et une programmation riche et renouvelée,

- de nouveaux équipements de loisir proposant une offre nouvelle sur le territoire,

- une réponse apportée en matière d'hôtellerie et de restauration à la croissance attendue des flux touristiques d'ici à 2030 et donc à la saturation des équipements actuels.

En outre,  les 48% d'emplois générés par l'activité commerciale d'EuropaCity répondraient quant à eux à une typologie très différente de l'offre commerciale actuelle et supposerait de mobiliser des compétences, un savoir-faire et un savoir-être spécifiques,  accessibles aux habitants - jeunes et moins jeunes, plus ou moins éloignés de l'emploi - grâce aux dispositifs d'accompagnement et de formation évoqués ci-dessus, dont le maître d'ouvrage assumerait une part significative du financement. 

Ces propositions, pour avoir été longuement travaillées et concertées, n'en sont pas moins perfectibles : le débat public  y contribue, de même que le dialogue constant entretenu avec les acteurs concernés, professionnels de l'emploi et de la formation, habitants, élus, Région, Etat.

Commentez

(*) champ obligatoire *

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
En participant en ligne, vous acceptez d'être automatiquement informé par email des suites de cette discussion et de recevoir la lettre électronique du débat.