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Chapitre I - Pour replacer l'espace central français au coeur des dynamiques nationales et européennes.pdf



Des villes moyennes qui se renforcent et se restructurent

I.1.1.B Des villes moyennes qui se renforcent et se restructurent

Le reste du territoire du projet est caractérisé par la présence
d’un nombre important de villes moyennes affectées, à des degrés divers, par les restructurations industrielles de ces dernières décennies. Face à la concurrence internationale, leur processus de reconversion est, en outre, inégalement avancé.

De telles situations économiques ont, bien sûr, des répercussions
démographiques. Certaines villes ont été plus épargnées
socialement et/ou se sont plus facilement adaptées, enclenchant
un processus positif en matière démographique. D’autres villes
ont été plus fortement touchées et peinent encore à retrouver le
chemin d’une démographie positive.

Voici, région par région, les villes concernées par le projet.

En région Centre

L’histoire industrielle de Vierzon est liée aux forges, au machinisme agricole et à la porcelaine, autant d’activités fortement exposées à la concurrence. Celle-ci s’est traduite par la perte de 1 000 emplois entre 2000 et 2008. L’aire urbaine est en recul depuis près de 30 ans, passant de près de 42 000 habitants en 1982 à 37 000 en 2006, cette perte de population résultant de soldes naturel et migratoire négatifs.

Cependant, la situation de carrefour routier et ferroviaire de la ville a incité les acteurs locaux à valoriser son potentiel logistique en créant deux zones d’activités spécialisées (une plate-forme de ferroutage et une plate-forme multimodale). Vierzon se diversifie également dans le tourisme d’affaires, avec la reconversion d’une usine en centre de congrès, et le secteur du handicap, à travers la création du pôle Handicap-Autonomie rattaché à l’université d’Orléans. Enfin, les entreprises valorisent leur savoir-faire industriel en s’insérant dans le pôle de compétitivité ViaMéca et le Pôle européen de la Céramique.

Distante de 30 km de Vierzon, l’aire urbaine de Bourges (124 000 habitants) a connu, quant à elle, une restructuration des industries de l’armement qui l’a conduite à se diversifier vers l’industrie d’excellence, de la conception à la production des industries de la défense. La production emploie 4 000 salariés, la recherche 1 000 et la formation plus de 600, tous particulièrement qualifiés. Bourges bénéficie, en outre, des opérations de regroupements de sites, toujours liés à la défense. L’aire urbaine s’est également spécialisée dans le domaine de l’innovation, de la recherche et du développement.

Quatre pôles technologiques ont ainsi été créés, disposant chacun
d’une antenne de l’université d’Orléans. Pour accompagner économiquement les porteurs de projets, le programme Berrinnov’ a été mis au point, en partenariat avec les grands centres nationaux scientifiques. Cependant, ces évolutions n’ont pas encore porté tous leurs fruits. Bourges voit sa démographie encore stagner, avec un solde migratoire négatif depuis 1990.

Si l’aire urbaine de Bourges s’est étendue à de nouvelles communes périurbaines au cours des dernières années, cette augmentation traduit davantage une extension de l’aire d’influence directe de Bourges qu’un afflux de population. A périmètre constant, l’aire urbaine de Bourges a très peu gagné d’habitants entre les deux derniers recensements (123 500 habitants en 1999, 124 400 en 2006), dans un contexte de stagnation de la ville-centre et de l’unité urbaine.

Châteauroux (91 500 habitants) a restructuré ses activités traditionnelles de biens intermédiaires (fonderie, travail des métaux, tabac, textile, habillement, agro-alimentaire) en développant son secteur tertiaire. Cela s’est traduit par l’expansion importante des zones d’activités commerciales et la croissance des services aux entreprises (activités de conseil et assistance, services opérationnels notamment).

La ville souhaite également intensifier ses relations avec la Chine
avec l’aéroport Marcel-Dassault de rayonnement international
dans les domaines de la maintenance et de la formation aéronautiques ainsi que du fret. Des négociations sont en cours pour faire de Châteauroux une porte d’entrée européenne de l’économie chinoise.

Au total, 4 000 emplois pourraient ainsi être créés qui s’ajouteraient aux 44 000 emplois que compte l’aire urbaine. Celle-ci concentre la moitié des emplois du département de l’Indre.

En dépit de cette dynamique récente, la situation démographique de Châteauroux est préoccupante, avec un solde migratoire négatif (- 0,5%/an entre 1999 et 2006 pour l’aire urbaine, - 9 % sur la même période pour la ville de Châteauroux). A ce phénomène, il faut ajouter la faible densité de l’Indre (34 hab/km2 contre 114 en France métropolitaine) qui limite le rayonnement potentiel de la ville.

En région Bourgogne

L’aire urbaine de Nevers enregistre une évolution démographique négative, passant de 102 000 habitants en 1990 à 98 000 en 2006.
Dans les petits bassins ruraux environnants, le repli démographique est encore plus important, atteignant sur la même période une décroissance démographique de - 21 à - 38%. Les retraités y représentent entre 35 et 40% de la population de plus de 15 ans.

Ville préfecture, Nevers compte 35% de ses salariés dans des fonctions administratives, soit près de 15 000 emplois. Ses activités industrielles ont subi de profondes restructurations, en raison de la concurrence étrangère puis de la crise financière et économique.
La ville s’oriente vers de nouvelles filières, comme la production pharmaceutique et, surtout, les sports mécaniques, avec le technopôle de Magny-Cours qui est aujourd’hui le siège de 25 entreprises, au niveau de technologie et d’innovation élevé, fédérées dans un pôle de performance.

Aux franges de la Bourgogne et de Rhône-Alpes, l’aire urbaine de Mâcon, qui comptait 93 700 habitants en 2006, connaît une dynamique démographique comparable à celle de la France métropolitaine (la croissance annuelle de sa population est de 0,7% entre 1999 et 2006). Si la ville centre perd des habitants et que la population des zones de vignobles stagne, les communes voisines de l’Ain enregistrent une forte croissance.

Ville préfecture, un tiers des emplois de l’aire urbaine concerne le public (14 000 emplois). Mâcon affiche également une vocation industrielle (8 000 emplois), principalement dans l’agro-alimentaire (élevage). Partie prenante du pôle de compétitivité bourguignon Vitagora Goût Nutrition Santé, en coopération avec Bourg-en-Bresse, la ville développe ses échanges grâce à son port fluvial. Le Plan local d’urbanisme prévoit d’ailleurs le réaménagement et la valorisation du port pour renforcer sa vocation de plate-forme multi-modale rail/route/fluvial.

Le territoire dispose, enfin, d’un fort potentiel touristique : le vignoble - la Route des Vins Mâconnais-Beaujolais, représente 450 kilomètres-, les Roches de Solutré et de Vergisson, l’ancienne abbaye de Cluny ainsi que la route Lamartine constituent les sites touristiques les plus importants du Mâconnais.

En région Auvergne

L’aire urbaine de Moulins comptait 56 670 habitants en 2006, soit 660 habitants de moins qu’en 1999, et 7 230 de moins qu’en 1990. En 2006, le secteur administratif fournissait 41% des emplois, soit plus de 11 500 emplois. Les activités liées au commerce, au transport et aux services concentrent près de 39% des emplois, le reste étant attribué à l’industrie.

Moulins s’est engagée dans une diversification économique, à travers cinq axes de développement : la logistique multimodale, l’agro-alimentaire, la mécanique et l’électronique, les métiers d’art et de création, le tourisme culturel et de loisirs. Ces axes étant encore au stade des orientations stratégiques et des premières réalisations, ils ne porteront tous leurs fruits qu’au cours des prochaines années.

Comme l’aire urbaine de Moulins, l’aire urbaine de Montluçon souffre d’une perte sensible de population depuis 40 ans, même si cette baisse semble se stabiliser : 81 897 habitants en 1990,
78 442 en 1999, 78 015 en 2006. Sa population est fortement et durablement vieillie, avec 28,7 % de plus de 60 ans en 2006 (contre 21,7% à l’échelle nationale). En raison du départ massif des jeunes, Montluçon connaît un solde naturel négatif (-0,2 %/an entre 1999 et 2006).

Après plusieurs décennies de restructuration industrielle, Montluçon et son bassin de vie misent sur les filières existantes - chimie, transformation des métaux, mécanique et électromécanique, agro-alimentaire - et sur sa situation routière stratégique au niveau européen - autoroute A71 et Route Centre Europe Atlantique – pour renforcer son attractivité.

Grâce aux efforts entrepris en collaboration avec l’Etat, les chambres consulaires, les syndicats et les entreprises, le bassin montluçonnais parvient à maintenir une activité industrielle significative, forte d’environ 10 000 emplois.

La situation démographique de l’aire urbaine de Vichy se caractérise par la prédominance des plus de 60 ans, qui représentent 30% de la population, contre une moyenne nationale
de 21,7%. L’aire urbaine, qui avait perdu des habitants entre 1990
(81 602 habitants) et 1999 (80 169 habitants), voit son solde démographique redevenir positif avec 81 336 habitants en 2006.

L’aire urbaine de Vichy recueille depuis quelques années les premiers fruits du plan de relance thermale de la ville, initié en 1987. Elle est redevenue une destination de villégiature attractive, grâce à ses équipements parmi les plus modernes d’Europe et sa spécialisation vers la remise en forme nutritionnelle. Désormais, plus de 18 000 thermalistes séjournent chaque année dans la ville.

Avec la réhabilitation progressive des équipements sportifs (Centre international de séjour, stade Darragon, hippodrome, Creps, stade équestre du Sichon) et la réalisation du stade aquatique, Vichy accueille un nombre croissant d’équipes de haut niveau et professionnelles. Elle se positionne comme un lieu de loisirs incontournable de la plaque urbaine clermontoise et plus largement des espaces situés dans un rayon de 150 kilomètres.

Parallèlement, Vichy demeure une agglomération à forte dominante industrielle. Orientée vers la production d’équipements publics et de services intermédiaires, Vichy est la deuxième agglomération industrielle d’Auvergne, après Clermont-Ferrand. Elle s’engage vers une diversification des filières (vers la plasturgie, notamment) et une tertiarisation de l’économie (parc d’activités liés à la santé, beauté, forme, biomédical et nutrition, Bioparc).

En région Rhône-Alpes

Comptant 104 000 habitants en 2006, l’aire urbaine de Roanne a connu un très fort développement urbain et économique aux XIXème et XXème siècle, avant d’être durement éprouvée par les mutations industrielles des années 1970. La ville de Roanne a ainsi perdu, entre 1975 et 2006, plus d’un tiers de sa population, passant de 55 200 à 35 000 habitants. Depuis une dizaine d’années, la ville a diversifié son industrie vers l’excellence technologique et le tertiaire, générant ainsi un frémissement démographique (+0,2%/an entre 1999 et 2006 contre -0,2%/an entre 1990 et 1999).

Roanne, qui fut capitale textile et place forte de la production d’armes, a conservé de ces deux secteurs industriels restructurés des savoirs-faires spécifiques et générateurs d’emplois (5 000 dans le secteur de la mécanique et de la métallurgie, 4 000 dans le textile habillement) et de dynamisme (en 2006, Roanne se plaçait au 4ème rang national pour son taux de création d’entreprises). Les entreprises et structures de formation ont, dans cette dynamique de conversion, adhéré aux pôles de compétitivité, comme Techtera dont le siège est à Lyon, et ViaMéca, qui rayonne
depuis Saint-Etienne. L’économie roannaise s’est aussi fortement tertiarisée : la masse salariale du secteur tertiaire représente ainsi 47 % de la population active en 2006 contre 21 % il y a 25 ans.

Le territoire central français s’organise ainsi d’abord autour de Paris et Lyon, puis de Clermont-Ferrand et Orléans, métropoles concentrant les activités et les personnes. Ce phénomène de polarisation touche également les villes moyennes, inégalement avancées dans leurs reconversions industrielles, qui n’assurent
pas encore un rôle suffisamment moteur, en termes démographiques, sur leurs bassins de vie.

La relative atonie de certaines villes moyennes accentue le clivage entre une France jeune située aux frontières du territoire du projet, en Ile-de-France, dans les Pays-de-la-Loire et le long
de l’axe Rhin-Rhône, et, au niveau hexagonal, dans le Nord-Pas-de-Calais, et une France vieillie, dans le Centre, une partie de la Bourgogne et de l’Auvergne, mais aussi en région Provence-Alpes-
Côte-d’Azur.

Pour réussir la dynamique de développement dans laquelle elles se
sont engagées, les villes moyennes du territoire central français ont besoin d’être mieux reliées aux agglomérations plus dynamiques que sont Orléans et Clermont-Ferrand, et aux grandes métropoles que sont Paris et Lyon. Compétitivité oblige, Orléans et Clermont-Ferrand n’échappent pas, à leur tour, à la nécessité d’être mieux intégrées au réseau des grandes villes nationales, Paris et Lyon, et européennes.

En savoir plus :

Les études d’aménagement et de développement du territoire
pour chacune des aires urbaines du projet sont en ligne sur le site Internet du débat : www.debatpublic-lgv-pocl.org