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Question n°36
Environnement
Oiseaux

Bonjour,

1) En regardant votre étude sur les oiseaux, on se rend compte page 10 que vous êtes en plein dans des chemins de migration des oiseaux. Vous dites que vous prendrez des mesures mais vous n'en expliquez aucune. Qu'allez-vous faire concrètement pour que les oiseaux ne se prennent pas vos éoliennes pendant leur migration et surtout la nuit quand ils seront attirés par les lumières de votre champ d'éoliennes ?

2) Votre projet de parc éolien se situe en zone Natura 2000 si j'ai bien compris. Cette zone a pour but de protéger les oiseaux. Les projets seront à priori au moins 3 en Manche (le vôtre, celui de Courseulles et le prochain du Tréport), comment justifiez-vous cette implantation en plein dans une zone de protection des oiseaux ? Ne pourriez vous pas déplacer votre projet hors de la zone Natura 2000 ?

Merci de votre réponse.


Posée par Aurélien JARLAUD, (SAINTE-ADRESSE), le 23/05/2013

La réponse d'Eoliennes Offshore des Hautes Falaises, le 11/07/2013

1) En regardant votre étude sur les oiseaux, on se rend compte page 10 que vous êtes en plein dans des chemins de migration des oiseaux. Vous dites que vous prendrez des mesures mais vous n'en expliquez aucune. Qu'allez-vous faire concrètement pour que les oiseaux ne se prennent pas vos éoliennes pendant leur migration et surtout la nuit quand ils seront attirés par les lumières de votre champ d'éoliennes ?

En 2008-2009, un radar permettant de détecter les oiseaux, embarqué sur un bateau, a permis au maître d’ouvrage de réaliser des campagnes d’observations au sein de la zone envisagée pour l’installation du parc éolien en mer au large de Fécamp.

Les données collectées lors de 9 campagnes d’observations par radar réalisées au large de Fécamp, font apparaitre que 85 % des déplacements migratoires d’oiseaux ont lieu la nuit à plus de 200 mètres d’altitude, soit de l’ordre de 25 mètres au-dessus des bouts de pales des éoliennes Alstom devant équiper ce projet. L’étude, confirmée par les suivis réalisés par avion et par bateau en 2008-2010 et 2012-2013, a également démontré que les flux migratoires sont essentiellement côtiers.

La principale mesure d’évitement a donc consisté à éloigner le plus possible les éoliennes de la côte et donc des flux migratoires. De plus, l’espacement entre éoliennes, d’un kilomètre environ, permet aux oiseaux de les contourner aisément.

Par ailleurs, nous disposons de plusieurs retours d’expérience, notamment celui du parc de Horns Rev au Danemark, qui montrent que les oiseaux en migration, lorsqu’ils arrivent au niveau des pales des éoliennes, les évitent en adaptant leur hauteur de vol (ils passent au-dessous ou dessus) ou en contournant la zone du parc. Ils sont tout à fait capables d’adapter leur trajectoire de vol en fonction des obstacles rencontrés. Enfin, d’autres retours d’expérience montrent que les oiseaux ne sont pas attirés par les lumières de faible intensité (voir le tableau ci-dessous).

Si le projet se poursuit, les éoliennes seront équipées d’un système d’éclairage conforme aux réglementations et normes internationales de balisage afin d’assurer une sécurité maximale pour la circulation maritime et aérienne. Ces types d’éclairage n’attirent pas les oiseaux. Il n’y aura pas de source d’éclairage supplémentaire. Ces mesures, adoptées pour des parcs éoliens en mer existants en Europe du nord, permettent de limiter au minimum les risques de collision.

Eclairages

Ce n’est qu’à l’issue de la réalisation de l’étude d’impact que nous connaitrons les effets réels du projet ce qui nous permettra de prendre les mesures ad hoc si nécessaire.

2) Votre projet de parc éolien se situe en zone Natura 2000 si j'ai bien compris. Cette zone a pour but de protéger les oiseaux. Les projets seront à priori au moins 3 en Manche (le vôtre, celui de Courseulles et le prochain du Tréport), comment justifiez-vous cette implantation en plein dans une zone de protection des oiseaux ? Ne pourriez vous pas déplacer votre projet hors de la zone Natura 2000 ?

La zone du projet de parc éolien en mer au large de Fécamp se situe au sein de la zone Natura 2000 « Littoral Seino-Marin » désignée depuis le 27 mai 2009 au titre de la Directive « Oiseaux ». 44 espèces d’oiseaux, parmi lesquelles des oiseaux littoraux (comme le Faucon pèlerin), des oiseaux côtiers (comme le Plongeon  et des oiseaux pélagiques (comme le Fou de Bassan) sont recensées au sein de cette zone Natura 2000. Celle-ci s’étend de la côte jusqu’aux limites de la mer territoriale (12 milles nautiques soit 22 kilomètres environ) sur 1 776 km2. Si le projet de parc éolien en mer au large de Fécamp se poursuit, la surface délimitée par l’ensemble des éoliennes couvrira 65 km² soit 3 % de la superficie de la zone Natura 2000. De plus, les éoliennes sont espacées entre elles  de 1 kilomètre et n’occupent  en fait qu’une faible part  de ces 65km². La zone du projet est localisée à plus de 13 kilomètres de la côte alors que la plupart des espèces d’oiseaux observées vit à proximité de la côte. Les études réalisées ont en effet démontré que la densité d’oiseaux observés diminue fortement lorsqu’on s’éloigne de la côte.

Comme l’indique le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Énergie [1], « le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels européens, terrestres et marins, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales, et de leurs habitats. Natura 2000 concilie préservation de la nature et préoccupations socio-économiques ».

Le Ministère précise également [2] que la « démarche Natura 2000 n’exclut pas la mise en œuvre de projets d’aménagements ou la réalisation d’activités humaines dans les sites Natura 2000, sous réserve qu’ils soient compatibles avec les objectifs de conservation des habitats et des espèces qui ont justifié la désignation des sites. L’outil de prévention qu’est l’évaluation des incidences permet d’assurer l’équilibre entre préservation de la biodiversité et activités humaines ».

Comme le prévoit le cahier des charges de l’appel d’offres dans le cadre duquel s’inscrit ce projet, le maître d’ouvrage produira en octobre 2013 cette étude d’évaluation des incidences, qui sera jointe au dossier d’étude d’impact du projet sur son environnement.

Dans le guide Développement éolien et Natura 2000 (2010) [3], la Commission Européenne indique que la désignation d’une zone au titre de la Directive Natura 2000 n’exclut pas de fait l’exercice d’activités en son sein, et indique en particulier, qu’il est envisageable de développer des parcs éoliens dans des zones Natura 2000.

Le projet éolien en mer de Fécamp a été développé par le maître d’ouvrage à partir de 2007, et la zone de moindres contraintes dans laquelle est située le projet résulte du travail d’un comité local de concertation, créé en 2008. Les travaux du comité local de concertation ont pris en compte l’ensemble des enjeux (sécurité maritime, pêche, paysage, biodiversité…) pour définir et valider la zone du projet en décembre 2008. L’exercice de planification mené par l’État sur la façade Maritime Manche-mer du Nord en 2009-2010 a permis de confirmer les résultats de cette démarche, et la zone sélectionnée par l’État dans le cadre de l’appel d’offres correspondait à celle validée par le comité local de concertation.  Cette zone a donc été retenue pour le lancement de l’appel d’offres en juillet 2011. Déplacer le projet en dehors de la zone Natura 2000 ne serait donc pas possible pour le maître d’ouvrage compte tenu du cahier des charges de cet appel d’offres et ne répondrait pas aux recommandations formulées par les membres du comité local de concertation ainsi que par les différents acteurs du territoire rencontrés lors du développement du projet.

Si ce projet se poursuit, le maître d’ouvrage a prévu de mener des suivis environnementaux afin d’évaluer les effets du parc éolien sur les différentes espèces. Ces suivis, qui seront effectués du début de la construction du parc jusqu’à son démantèlement, permettront d’analyser les effets du projet tout au long de la durée d’exploitation et de comparer la qualité du milieu à celle préexistant à la construction du parc.

Ces suivis porteront alors sur les espèces présentant des enjeux importants, identifiés dans l’étude d’impact du projet sur l’environnement, notamment : oiseaux, chauves-souris, mammifères marins, ressources halieutiques ou espèces et habitats classés Natura 2000.

[1] http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Natura-2000,2414-.html

[2] http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Evaluation-des-incidences-sur-les-.html

[3] Ce guide est disponible à cette adresse : http://ec.europa.eu/environment/nature/natura2000/management/docs/Wind_farms.pdf