Et maintenant?

Quelques enseignements que l'on peut tirer de ce débat: - L'A31, ce « grand corridor européen », tellement grand que le trafic l'utilisant de tout son long (de Gye à Zoufftgen) représente moins de 15 kv/j. A comparer aux 500 000 utilisateurs quotidiens (d'après la DREAL). La vision d'une A31 prise d'assaut par les grand flux européens relève de l'imaginaire collectif et se focaliser là-dessus serait se tromper d'enjeu. - Tout aussi fantasmatique, on voudrait faire croire que les traversées de Metz et Nancy vont être soulagées par la déviation de quelques véhicules dont la proportion est insignifiante. C'est un coup d'épée dans l'eau. Si l'on veut réellement s'attaquer aux problèmes de nuisances dans les traversées urbaines, soit il faut supprimer l'autoroute (inenvisageable), ou bien l'isoler un maximum. Par exemple, la création d'une esplanade pour couvrir l'A31 à Metz-nord serait bien plus bénéfique pour les quartiers environnants qu'une déviation hypothétique dont l'alternative est insatisfaisante. - L'A31 asphyxie le tissu économique lorrain? Si tel était le cas, il y a longtemps que l'activité économique se serait saupoudrée dans le territoire. Au lieu de ça, tout reste concentré dans le sillon, aux abords des échangeurs de l'A31. Preuve de son attractivité. A l'inverse de l'A4, payante, qui passe au large des agglomérations et qui a jamais attiré d'activité. Et on voudrait faire croire qu'on va faire bouillonner l'économie en faisant une autoroute de type A4? C'est aussi risible que malhonnête. - Les gens serait près à payer l'A31 au nord de Thionville (et même quitter les routes parallèles pour y circuler)? Sans doute dans l'hypothèse utopique où un trajet vers Luxembourg-ville se ferait en heure de pointe sans aucun embouteillage... Mais cette situation ne sera pas (et la DREAL ne s'est même pas risquée à soutenir le contraire). Les retenues sont essentiellement des répercussions de ralentissements générés au niveau des échangeurs luxembourgeois, dont la configuration ne changera pas. On pourra faire une A31 à 2x3 voies, 2x4 voies ou plus, le débit sera toujours aussi contraint au nord, et l'effet d'entonnoir accentué. La fluidité risque donc même d'être davantage dégradée; c'est pour cela qu'un élargissement avec réservation de la 3° voie aux transports collectifs est préférable. - Nous sommes en 2015 et l'Etat (et ses services) font fi des problématiques de pollution et de cadre de vie au point d'envisager sans vergogne des traversées urbaines au pied de maisons. Idée d'autant plus  que le barreau en question est censé dévier... une traversée urbaine! Beauregard souffre de la politique de Pompidou et Mondon des années 60-70... Et pour y remédier il faudrait remettre le couvert de la même façon, et ce sans toucher à Beauregard? On marche sur la tête. Suivons l'exemple luxembourgois. Comme ce fut le cas en Ile-de-France, la répartition modale devra forcément changer car il ne sera de toute façon pas possible d'absorber du trafic routier supplémentaire si les déplacements doivent encore augmenter fortement. On peut élargir l'autoroute, mais pas Luxembourg. C'est matériel, c'est une limite physique, et les luxembourgeois, lucides, l'ont accepté. Ils ont donné l'exemple, à nous maintenant de nous harmoniser avec eux. Et puis enfin, c'est d'un passéiste de penser que des rubans de macadam donnent de l'attractivité à une région. La nôtre souffre précisément d'une image de territoire désaffecté, plein de friches industrielles, d'infrastructures en ruine, de fuite de l'emploi et de chômage de masse. Ce n'est pas en laissant les autoroutes proliférer aux côtés des usines en friche que la Lorraine sera revalorisée (symboliquement cela ne fera que compléter l'image de la réunion morte et la fuite vers le Luxembourg). Prenons-en soin, rebâtissons-la. Vertueusement et en la respectant, cette fois-ci; tirons les leçon des décennies passées. On peut élargir (et surtout refaire à neuf) les autoroutes existantes; là où le territoire est irrémédiablement détruit, on peut bien moderniser les plombages. Mais préservons ce qu'il nous reste! Nous n'avons rien à gagner du Contournement Ouest de Thionville et du barreau Toul – Dieulouard. Nous devons les abandonner.