Document : Chapitre « Energie »
Rubrique : Collectif régional « L’EPR, non merci, ni ailleurs, ni ici » | Démythifier l’industrie nucléaire pour démystifier les populations
Après le tout charbon et le tout pétrole, le développement du « tout électrique, tout nucléaire » a reposé sur la volonté affichée de sortir de la dépendance nationale envers le pétrole et de gagner l’indépendance énergétique. La France reste dépendante du pétrole 30 ans après : l’automobile et le camion ont été encouragés et développés au détriment du rail.
Comme les autres sources d’énergie fossiles d’origine végétales, l’uranium enrichi
d’origine minérale ne permet pas plus l’indépendance nationale que le pétrole
Il n’y a plus une seule mine d’uranium en France en activité. L’usine de Tricastin est, avec l’uranium enrichi, combustible d’une centrale nucléaire, comparable à une raffinerie pour le pétrole. Qui oserait prétendre que grâce aux raffineries de Fos ou de la Basse Seine, la France est indépendante sur le plan pétrolier ? Le pouvoir nucléaire avait misé sur la filière du retraitement- extraction de plutonium et le développement des surgénérateurs d’un côté et de l’autre le recyclage de l’uranium issu du retraitement, pour accroître son autonomie.
La filière du plutonium est l’échec majeur du nucléaire.13 à 19 surgénérateurs utilisateurs de plutonium étaient prévus en 2000, 40 en 2010 (cf. Commission PEON-1973) : la filière est arrêtée depuis la fin des années 1980 et Superphénix depuis 1997.
L’utilisation du MOX (combustible mixte uranium-plutonium) dans les réacteurs classiques ne se substitue pas à la surgénération :
- le plutonium n’entre qu’à 5 à 7 % dans sa fabrication ;
- le MOX ne compose que 30 % du combustible d’un réacteur classique ;
- 20 réacteurs sur les 28 de 900 MWe utilisent le MOX, sur 58 au total.
Le plutonium, dans le MOX, même s’il est plus énergétique ne concourt alors qu’à moins de 2% pour notre indépendance dans la production d’électricité elle-même, une partie seulement de nos besoins d’énergie. Et l’utilisation éventuelle du MOX (à 15 % du combustible) pour l’EPR ne résoudra pas le problème. Elle accentuera les risques de criticité.
Les 95 à 96 % de l’uranium issu du retraitement ne sont pas réutilisés : ils sont recyclables, dit la publicité d’AREVA mais en réalité non recyclés !
Elle évoque maintenant dans ces mêmes publicités l’extraction de l’uranium au… Canada. On préfère ne pas parler du Niger. Ces pays seraient stables. Est-ce ainsi qu’on en déduit la sécurité de l’approvisionnement ? La France aurait 3 ans de stocks d’uranium importé sur son territoire. Il n’existe que 70 ans de réserves pour l’usage mondial.
L’électronucléaire ne peut permettre de lutter contre l’effet de serre
L’amplification de l’effet de serre par les activités humaines est un phénomène global qui fait courir des risques graves à l’ensemble de la planète. Au niveau de cette dernière, le nucléaire n’intervient qu’à 6 % dans la production d’énergie, et les prévisionnistes n’envisagent sa contribution qu’à 5 % en 2030. Et l’énergie n’est pas la seule productrice de gaz à effet de serre. L’on focalise sur le CO2. Celui-ci est l’un des gaz à effet de serre mais pas le seul. Ces gaz sont multiples. Parmi ceux-ci, le méthane produit par l’agriculture, l’élevage et les hommes (ordures ménagères fermentescibles et déjections). Il est 25 à 30 fois plus producteur d’effet de serre que le CO2. Mieux vaut le récupérer, le brûler, produire chaleur et électricité en cogénération que le laisser se disperser librement.
Si l’on veut être drastiquement efficace au niveau de la planète, il faut développer la méthanisation des déchets à des fins énergétiques, d’une part, et c’est en inversant la priorité de la route vers le rail, notamment pour le transport du fret d’autre part.
Pour information , sait-on que la plus grosse productrice de CO2 dans la Manche et la seconde en Basse-Normandie est l’usine de retraitement de Cogema-La Hague ?
Collectif régional « L’EPR, non merci, ni ailleurs, ni ici »
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