La discussion des coûts du nucléaire est très complexe et surtout biaisée. Dans le développement du nucléaire la discussion technicienne a toujours prévalu et la discussion économique n’a été que secondaire et orientée de façon à justifier les choix techniques. Ainsi la question de la couverture financière des risques fait l’objet de législations spéciales visant à limiter la responsabilité des opérateurs et des Etats. Il est aussi à noter que les échelles de temps mises en jeu ainsi que les fortes incertitudes concernant le démantèlement et la gestion des déchets à long terme, jettent un flou important sur les coûts réels du nucléaire.
Ce constat se vérifie dans les discussions sur l’EPR. Les hypothèses de référence, précisées entre les lignes, sont très hasardeuses. Par exemple, le taux de disponibilité avancé qui est très élevé (plus de 90 %) est totalement illusoire et ne tient pas compte du contexte actuel de surcapacité du parc français. De même le coût annoncé est prévu pour une série de 10 réacteurs !
Le coût d’une tête de série seule est beaucoup plus important. Tous les chiffres avancés sont donc extrêmement optimistes et ne tiennent pas compte des nombreuses difficultés de mise au point inhérentes à la construction d’un prototype ou d’une série limitée, comme cela a été le cas pour la dernière série de réacteurs construits en France (palier N4).
De plus, dans le cadre de la surcapacité nucléaire actuelle, un nouveau réacteur ne fera que diminuer le rendement économique du système global, d’autant que l’ouverture des marchés va accentuer la pression économique. Quel sera le coût réel de l’EPR ? Qui payera ? Quel coût pour le consommateur ? Toutes ces questions restent encore sans réponses claires et les seules études économiques sont actuellement fournies par les industriels eux-mêmes (AREVA et Framatome, ou EDF).
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